Florian Philippot, vice-président du Front national, a affirmé mardi que Marion Maréchal-Le Pen était « seule » et « isolée » au FN dans sa volonté de revenir sur le remboursement intégral et illimité de l’avortement, déjà rejetée par Marine Le Pen. « La seule personne qui a dit quelque chose de différent, cette personne est seule, cette personne est isolée sur cette question, ce qui compte, c’est ce que dit la candidate à la présidentielle, ce que dit le mouvement, ce que dit notre projet présidentiel: pas de remise en cause de l’IVG, remboursement total de l’IVG », a affirmé le bras droit de Marine Le Pen sur BFM TV. Sur Sud Radio-Public Sénat mardi matin, Florian Philippot a aussi dit que le remboursement intégral de l’IVG serait maintenu si Marine Le Pen accédait à l’Élysée en 2017.
« Elle a bien le droit d’avoir son opinion »
« Il est toujours préférable de défendre la ligne, le projet de la candidate à l’élection présidentielle, c’est une évidence. Maintenant, elle (Marion Maréchal-Le Pen, ndlr) a son opinion, elle a bien le droit », a estimé Florian Philippot. La présidente du Front national Marine Le Pen avait assuré lundi à l’Agence France-Presse que « le périmètre de l’accès à l’IVG et son remboursement ne font pas partie de (son) programme », en réponse à sa nièce Marion Maréchal-Le Pen. La députée du Vaucluse avait elle jugé lundi dans Présent, quotidien catholique d’extrême droite, qu’il fallait « revenir sur le remboursement intégral et illimité de l’avortement », ce qui lui avait valu ce recadrage de la part de la candidate à l’élection présidentielle.
Pendant la campagne présidentielle 2012, Marine Le Pen avait provoqué une polémique en évoquant des « avortements de confort » ou des « avortements de récidive », et dit qu’elle prendrait la décision de dérembourser l’avortement en cas de besoins budgétaires, pour privilégier les actes médicaux « qui ne peuvent pas être évités ». « Il y avait une femme sur 10 il y a dix ans, il y en a deux sur 10 aujourd’hui qui se servent de l’avortement comme d’un véritable moyen contraceptif », avait-elle fustigé, pointant les « avortements répétitifs, c’est-à-dire deux fois, trois fois… » Le 1er mai, Marine Le Pen avait en revanche donné « raison » à l’eurodéputée FN Sophie Montel, une proche de Florian Philippot, qui venait de défendre « la sanctuarisation de la contraception et la non-remise en cause de l’avortement », des propos ciblant clairement Marion Maréchal-Le Pen sans la nommer.
Commentaires fermés sur IVG : Marion Maréchal-Le Pen serait « seule et isolée » au sein du FN
Résurgence des tentations protectionnistes, durcissement des relations commerciales, volonté des Etats d’en finir avec l’optimisation fiscale des multinationales… Une nouvelle mondialisation se dessine: moins débridée, plus musclée, mais peut-être aussi plus juste.
Il n’a pas hésité longtemps, Roberto Azevêdo. Et puis, c’est un petit plaisir qui ne coûte pas très cher. Quelques heures seulement après l’élection de Donald Trump à la Maison-Blanche, il s’est fendu d’un tweet pour féliciter le nouveau président, tout en se déclarant prêt à travailler avec l’Administration américaine.
Ce quinquagénaire brésilien n’a rien d’un grand magnat du BTP avec qui le milliardaire américain aurait été en affaire. Non, Roberto Azevêdo est le patron de l’OMC, l’Organisation mondiale du commerce, une institution genevoise rassemblant une centaine de pays membres engagés dans la libéralisation du commerce.
Une institution honnie par Donald Trump, qui l’a qualifié de « désastre » pendant sa campagne. Un tweet en forme de petite « provoc » de la part d’un pèlerin qui prêche en ce moment pas mal dans le désert. On peut aujourd’hui compter sur les doigts d’une main ceux qui sont prêts à monter sur une barricade pour défendre l’OMC.
Le commerce mondial s’essouffle
Plus personne ne se rappelle les négociations du cycle de Doha, depuis longtemps jetées aux orties; le Tafta, le traité de libre-échange entre l’Europe et les Etats-Unis, est désormais enterré, et si son petit cousin canadien, le Ceta, a été signé de justesse, c’est presque en se pinçant le nez. « Partout sur la planète, la tentation protectionniste refait surface et imprime sa marque aux mouvements populistes et xénophobes », soupire Pascal Lamy, l’ex-patron de l’OMC.
LIRE AUSSI >> Présidentielle américaine: Trump président ou la victoire du protectionnisme
Si l’on en croit les relevés minutieux du think tank Global Trade Alert, le nombre cumulé de mesures protectionnistes instaurées dans le monde aurait progressé de 7% depuis un an. L’OMC, elle, en a décompté 22 mises en place chaque mois en 2016, contre 20 en 2015 et 14 en 2014. Des mesures qui vont de l’instauration de droits de douane, comme ceux frappant les aciers russe et chinois établis cet été en Europe, jusqu’à la définition de normes sanitaires ou technologiques qui transforment en enfer l’arrivée de concurrents étrangers sur un marché. Même dans les pays les plus ouverts aux échanges, la mondialisation fait tiquer.
Concurrence chinoise: de 90000 à 180000 emplois détruits en France
En Allemagne, les opinions favorables au libre-échange sont tombées de 88% il y a deux ans à 56% seulement aujourd’hui, d’après un récent sondage de l’institut Bertelsmann Stiftung. L’ex-patron de l’OMC, qui a mis pas mal d’eau dans son vin de messe libre-échangiste, le reconnaît volontiers: « Il y a toujours eu des gagnants et des perdants à la mondialisation. Sauf que, dans la phase récente, les gagnants ont gagné beaucoup et les perdants ont perdu beaucoup. » Combien sont-ils, ces laissés-pour-compte?
Un document de travail de la Banque de France publié en septembre dernier et, curieusement, passé totalement inaperçu, tente d’évaluer les pertes d’emplois industriels en France liés à l’afflux de produits chinois à bas prix. Entre 2001 et 2007, entre 90000 et 180000 jobs auraient été détruits dans l’Hexagone par la concurrence chinoise.
Plus intéressant, chaque emploi industriel perdu aurait entraîné la suppression de 1,5 emploi en aval, dans les services ou la distribution. Au fil des années s’est instillée l’idée dans les opinions publiques des grands pays occidentaux que la mondialisation heureuse n’était qu’un leurre. « Les sociaux-démocrates ont une lourde responsabilité dans le rejet actuel de la mondialisation: ils en ont survendu les bienfaits tout en sous-estimant les pertes d’emplois », attaque Philippe Martin, professeur à Sciences Po et ancien conseiller d’Emmanuel Macron à Bercy.
L’élection de Trump à la Maison-Blanche n’en est qu’une manifestation: la planète est bel et bien entrée dans une nouvelle phase de la mondialisation. Une phase où les négociations internationales seront sans doute plus musclées et les échanges peut-être moins fluides. Symbole de cette mutation, le commerce mondial, qui avait explosé au cours des décennies 90 et 2000, a la gueule de bois. Tout comme les grands armateurs qui, pariant sur une progression infinie des échanges, avaient commandé des géants des mers et ont aujourd’hui toutes les peines du monde à les charger à bloc.
Faut-il y voir les premiers signes d’une sorte de « démondialisation », chère au chevalier du made in France, Arnaud Montebourg? Pas si vite, claironnent la plupart des économistes. « La part des exportations dans le PIB mondial a grimpé de 18% en 1993 à 30% aujourd’hui. Un boom phénoménal lié en grande partie à l’essor de la Chine. Or on n’a pas une Chine qui arrive tous les dix ans? », détaille Sébastien Jean, le directeur du Cepii.
Explosion de la mondialisation « numérique »
Certes, la grande vague de délocalisation est derrière nous, essentiellement car les écarts de salaire entre l’Occident et le monde émergent se sont réduits. Si de grands groupes industriels rapatrient en Europe ou dans le bassin méditerranéen certaines usines, aucun ne reviendra totalement sur l’éparpillement de ses chaînes de production aux quatre coins de la planète.
Dans un univers déflationniste où la concurrence fait rage, le moindre centime d’euro gagné sur le coût de production d’un composant électronique ou d’une pièce de moteur vaut de l’or. Surtout, la mondialisation se poursuit sur d’autres chemins. La Chine dépense des milliards de yuans pour financer la construction de routes, de ports, de terminaux hyper sophistiqués pour imbriquer les unes aux autres ces fameuses « nouvelles routes de la soie », tel un gigantesque domino.
La mondialisation « numérique », elle, explose. Sous les océans, les géants du Web sont en train de tracer de nouvelles « autoroutes numériques » pour faire face à l’explosion du trafic Internet. A ce jour, Google, Facebook, Microsoft et Amazon ont contribué à la construction de quatorze nouvelles voies sous-marines.
Les espoirs déçus de la reprise française
Reste qu’il va bien falloir soigner ces millions d’exclus de la mondialisation, ces fameux « perdants ». Ceux-là même qui, aux Etats-Unis ou en Europe, boutent hors du pouvoir les élites qui ne les ont pas écoutés. « Le problème, c’est que nos systèmes sociaux sont aujourd’hui affaiblis par des années de crise, totalement à bout de souffle », s’inquiète Pascal Lamy. « Trouver l’argent pour faire de la redistribution, tel est l’enjeu de nos vieilles économies », répond Philippe Martin. Voilà sans doute pourquoi les Etats, partout, se réveillent et s’ingénient à faire plier ces multinationales passées maîtres dans l’art de l’optimisation fiscale.
En langage d’économiste, il s’agit de remettre la main sur les bases taxables qui se sont évaporées. Selon les calculs de l’OCDE, les pratiques d’optimisation fiscale des multinationales feraient perdre entre 100 et 240 milliards d’euros aux Etats chaque année, soit entre 4 et 10% des recettes mondiales de l’impôt sur les sociétés.
Un chantier titanesque contre l’optimisation fiscale
Une récente étude publiée par l’ONG Citizens for Tax Justice révèle que les 500 plus grands groupes américains hébergeaient plus de 2000 milliards de dollars de revenus dans les paradis fiscaux en 2014, deux fois plus que six ans auparavant. Dans ce bras de fer, les Etats-Unis mènent la danse. C’est Washington qui, avec son règlement Fatca, a fait sauter le secret bancaire suisse. Et l’Europe lui a emboîté le pas en dénonçant les fameux rulings, ces arrangements fiscaux secrets signés entre certains Etats membres et des multinationales aboutissant à la quasi-disparition de leur imposition.
Starbucks, Fiat et surtout Apple, avec ses 13 millions d’amende infligés en août, ont été rattrapés par la patrouille. Sur sa lancée, Bruxelles veut aller plus loin et remet sur la table un vieux projet: l’assiette commune consolidée. En clair, il s’agit de monter un Meccano fiscal de sorte qu’une société présente dans plusieurs Etats européens paie tous ses impôts à une seule administration fiscale, chargée de redistribuer leur dû aux autres Etats.
Un chantier titanesque mais impérieux. Car le temps presse. Il ne faudra pas, en effet, attendre grand-chose de la croissance mondiale en 2017 pour calmer les esprits. La Chine devrait continuer de piloter son atterrissage en douceur, pour ne pas faire exploser les monceaux de dettes cachées sous le tapis. Si, outre-Atlantique, le contre-choc fiscal promis par le candidat Trump ranime une reprise languissante, en Europe, ce sera plutôt la soupe à la grimace, et notamment en France.
« Il n’y a pas grand-chose de positif à espérer, au moins jusqu’aux élections », s’inquiète Philippe Gudin de Vallerin, le chef économiste Europe de Barclays. Les entreprises hésitent à investir faute de commandes suffisantes et les ménages ont rangé leurs porte-monnaie. Seuls l’immobilier et le bâtiment pourraient caracoler, grâce à des taux d’emprunt très bas. Reste que la croissance française atteindra difficilement 1% et des poussières en 2017, selon les dernières projections de BNP Paribas. Pas suffisant pour faire reculer significativement le chômage. Pas suffisant non plus pour calmer les électeurs désabusés.
Commentaires fermés sur Mondialisation: les nouvelles règles du jeu
Envie de s’échapper le temps d’un week-end de la pollution et du stress ? Nombreux sont les parisiens à vouloir le faire. Et quoi de mieux, et de plus près, dans ce cas, que de prendre le volant et de choisir comme destination la Normandie ? Direction Deauville, Trouville, le bon air, le bord de mer… Mais aussi le sport, les greens de golf et les restaurants réputés, tout cela tranquillement posé en famille dans un hôtel de luxe. Check list complète d’un week end de rêve en Normandie…
La voiture : Ford S-Max Vignale, le luxe discret
Pour partir avant que les bouchons ne se referment irrémédiablement autour de Paris, mieux vaut prendre le volant, direction la côte normande par l’autoroute. Le bon choix pour une escapade en famille à Deauville ? Le luxe puissant mais sobre et discret d’un monospace Ford S-Max, un modèle essence 210 chevaux en finition Vignale, la nouvelle signature haut de gamme de la marque… À ce niveau de prix, rien ne manque à bord : toit panoramique, discrète signature design de la carrosserie, intérieur cuir avec une surpiqure au motif Vignale…
Suffisamment puissante pour être à l’aise tant sur une autoroute bondée que dans les lacets traîtres des routes normandes, elle est aussi un monstre de technologie : fauteuils avant massant (eh oui !), Keyfree pour déverrouiller les portières, système Sync3 auquel connecter son smartphone, qu’il soit sous iOS ou Android, large écran tactile 8 pouces, caméra de recul pour se garer, système audio Sony 12.1, Noise control pour faire quasi disparaître le bruit du moteur… Un véritable exercice de style de la part de Ford pour transformer un monospace haut-de-gamme en salon connecté roulant ! Petit plus si quoi que ce soit vous arrive : un service de conciergerie auquel il suffit de passer un coup pour obtenir un véhicule de remplacement, ou faire entretenir son véhicule.
L’hôtel : Hôtel du Golf Barrière
Une fois sorti de l’autoroute en venant de Paris, pas la peine de traverser Deauville jusqu’aux célèbres planches pour poser ses valises. Direction l’Hôtel du Golf, l’autre résidence de luxe signée Barrière de la ville, où prendre de la hauteur. Escapade en famille oblige, optez pour la Junior Suite Famille, avec vue panoramique sur la baie de Seine, la ville, et le parcours de golf au pied de l’hôtel. Un abri familial dans un décor signé Chantal Peyrat, en fait constitué de deux chambre communicantes… pour que les parents puissent aussi dormir rassurés, mais tranquilles !
L’incontournable : découvrir le golf
Si vous n’avez jamais joué au golf, c’est l’occasion ou jamais. Le practice de l’hôtel du Golf n’attend que vous, juste en face de l’entrée de l’hôtel. Confiez l’apprentissage du swing et des putters à Michel Hausseguy, professionnel du golf comme son père et son grand-père avant lui. En famille ou en solo, ses explications sont claires, et sa patience sans limite.
L’escapade : A cheval sur les planches
Des amateurs de cheval ou de poney dans la famille ? Que ce soit pour un cours au manège ou une balade sur la plage, La Mangeoire se trouve à deux pas des Planches et quasiment en face de l’hôtel Normandie. Y sont proposés toute l’année aussi bien des tours de poney pour les petits que des cours ou des promenades pour les grands.
Pour le fun : en Kayak dans les vagues
A Trouville, juste après les tennis en bord de plage, Concept Sport Emotion vous propose de vivre les émotions du kayak au beau milieu des vagues de la marée. Trouver son équilibre, attaquer la vague, se laisser porter par le courant pour revenir vers la plage… Emotion, rires bol d’air et d’eau de mer garantis, en suivant le conseils de Yoann, ex sapeur pompiers de Paris, et qui a déjà traversé la Manche en kayak !
Pour déjeuner ou pour dîner : Les vapeurs, Trouville
Même si le restaurant de l’hôtel du golf a tout pour vous séduire, reprenez le volant quelques minutes pour aller déjeuner aux Vapeurs, au bord du port, à Trouville. Un accueil aussi chaleureux que le décor, où déguster d’excellentes moules à la crème, un imposant plateau de fruits de mer, avant de savourer une bonne tarte normande (et son pot de crème d’Isigny), des crêpes au Grand Marnier… et un verre de calvados, évidemment.
Sur le chemin du retour : halte à à L’Endroit, Honfleur
Pour conclure le week-end en beauté, dévorez quelques kilomètres de route de campagne direction Honfleur. Garez-vous au bord du port, pour avoir le plaisir de voir les bateaux de pêches, faites un virage par l’église, le lavoir et les boutiques tendance du quartier Saint Léonard. Puis remontez la rue direction L’Endroit, un ex entrepôt et cabinet d’architecte transformé en un étonnant restaurant. Etonnant par son style : industriel, décor, rustique et chic à la fois, avec sa mezzanine et ses légumes qui poussent en terrasse. Mais étonnant aussi par ses parti pris culinaires : une cuisine bistronomique toute en fraîcheur et en saveurs, des assiettes généreuses magnifiquement dressées, dont le moindre détail est finement cogité. Velouté de tomates cerise et tartare de mozzarella, demi coquelet rôti, souris d’agneau confit, côte de boeuf Storthon York… Le tout accompagné d’un soda artisanal Fever Tree pour les enfants, et d’un délicieux cidre Réserve Dupont, élevé six mois en fûts de calvados…
Carnet d’adresse
Hôtel du Golf Barrière
Junior Suite Famille, à partir de 384 € la nuit
www.hotelsbarriere.com/fr/deauville
Cours de golf : Michel Hausseguy, Golf Barrière de Deauville
www.golf-passion.org/14/
Poney club La mangeoire, Deauville
http://lamangeoire-deauville.fr
Concept Sport Emotion
www.conceptsportemotion.fr
Restaurant les Vapeurs, Trouville
www.lesvapeurs.fr
Restaurant L’Endroit, Honfleur
www.restaurantlendroithonfleur.com
Commentaires fermés sur Week-end de rêve à Deauville
La numéro 3 du gouvernement français, la ministre de l’Écologie Ségolène Royal, a salué samedi à Santiago de Cuba la mémoire de Fidel Castro, « un monument de l’histoire », rejetant les accusations de violations des droits l’homme à son encontre. « C’est un monument de l’histoire, d’abord, Fidel Castro » et « c’est le symbole d’une amitié très profonde entre Cuba et la France », a-t-elle déclaré à des journalistes français peu après son arrivée à Cuba, où elle devait assister samedi soir à une cérémonie d’hommage au « Comandante », puis à ses funérailles en cercle plus restreint dimanche.
« Pas à donner de leçons »
« Écoutez, il y a beaucoup de désinformation. Ce que j’observe, c’est que jamais les relations diplomatiques n’ont été coupées avec Cuba, y compris de la part de certains responsables politiques qui me critiquent, qui critiquent la France, jamais », a-t-elle dit. « Il y a toujours du positif et du négatif dans les histoires, mais certains ne vont pas se rhabiller à bon compte au nom des droits de l’homme alors qu’on sait qu’ici, quand on demande des listes de prisonniers politiques, on n’en a pas. Eh bien, fournissez-moi des listes de prisonniers politiques. À ce moment-là, on pourra faire quelque chose », a-t-elle ajouté.
Ségolène Royal est le seul membre d’un gouvernement européen, avec le Premier ministre grec Alexis Tsipras, à avoir fait le déplacement à Cuba à l’occasion de la semaine de deuil national consacrée à l’ex-président cubain, décédé le 25 novembre à 90 ans. « Grâce à Fidel Castro, les Cubains ont récupéré leur territoire, leur vie, leur destin. Ils se sont inspirés de la Révolution française sans pour autant connaître la terreur qu’il y a eu pendant la Révolution française », a-t-elle estimé. Interrogée sur les violations des droits de l’homme reprochées par l’ONU et l’opposition au régime cubain, Ségolène Royal a souligné, au contraire, l’existence sur l’île d’« une liberté religieuse » et d’« une liberté de conscience ».
« Donc il faut savoir regarder les choses positivement, même si ça dérange », a-t-elle ajouté, estimant que « la France n’a pas à donner de leçons » à Cuba. « Je sais que ça dérange parce que justement voilà un pays insulaire qui protège son patrimoine, qui interdit les prédateurs, qui a réussi aussi à faire en sorte qu’il y ait une propreté et une sécurité vraiment remarquables, que l’on n’atteint pas dans beaucoup de pays qui donnent aujourd’hui des leçons de droits de l’homme », a-t-elle conclu.
Commentaires fermés sur Fidel Castro : Ségolène Royal appelle au « respect » le jour des funérailles
Après la découverte de plusieurs foyers de grippe aviaire dans des élevages de canards du Sud-Ouest, L’Express fait le point sur la situation du secteur à quelques jours des fêtes de fin d’année. Interview de Marie-Pierre Pé, déléguée générale du comité interprofessionnel de la filière foie gras.
Le Sud-Ouest est lancé dans une course contre la montre afin de juguler la nouvelle épizootie de grippe aviaire. Tandis que le virus, qui touche déjà quatre départements, est encore plus virulent que lors de la précédente crise qui avait décimé les élevages, L’Express a sondé Marie-Pierre Pé, déléguée générale du Cifog, le comité interprofessionnel de la filière foie gras, sur la situation du secteur, à quelques jours des fêtes de fin d’année.
Pouvez-vous nous faire un point sur la situation dans le Sud-Ouest?
Tout est parti d’un élevage dans le Tarn situé à proximité d’un étang. Visiblement il a été contaminé par des oiseaux migrateurs venus d’Europe de l’Est (Allemagne, Hongrie). Ce qui se passe aujourd’hui, c’est qu’une partie des élevages du Tarn était prête à partir justement au gavage dans le Gers. Ce n’est donc pas un nouveau cas mais une contamination due au premier du Tarn. Nous ne sommes pas dans l’émergence de pleins de foyers partout, c’est plutôt contrôlé.
Justement, peut-on contrôler et surveiller ces oiseaux migrateurs?
On les surveille et on suit ce virus qui est très agressif. Il créé des dégâts depuis octobre, mais il est parfaitement identifié. C’est un phénomène différent de l’année dernière. A chaque cas nous devons agir vite, pour confiner l’élevage en appliquant des règles très strictes sur un rayon de 3 à 10 kilomètres.
Quelles conséquences pour la saison des fêtes?
L’incident actuel n’aura aucun effet, les élevages ont redémarré à 95% depuis le vide sanitaire du printemps dernier. Il y aura bien du foie gras sur les tables pour les fêtes. En revanche, la période de non production a des effets sur les volumes, on estime la baisse à 25%. Par conséquent, il y a un léger effet sur le prix puisque l’offre est moins importante. On parle d’une hausse de 40 centimes d’euros par tranche de 50 grammes.
Il reste toutefois les effets sur l’export pour la filière…
Oui, l’export est toujours à l’arrêt en dehors de l’Union européenne, sauf quelques exceptions. On estime le marché à 110 millions d’euros, dont 40% dans des pays tiers.
Comment est l’ambiance globalement dans les exploitations?
Les nouveaux cas qui se sont déclarés touchent encore des canards, c’est fâcheux pour cette filière du Sud-Ouest. En terme d’émotion, ça touche beaucoup la région. Ce n’est pas toujours facile de dire à un éleveur qu’il faut abattre la totalité de sa production. C’est un coup dur. Dans le Tarn et dans le Gers, déjà 25 000 animaux ont été tués ces derniers jours. Pour ces incidents sanitaires, il y a une procédure administrative qui est prévue afin d’indemniser les éleveurs. C’est un filet de sécurité.
Commentaires fermés sur Malgré la grippe aviaire, « il y aura bien du foie gras pour les fêtes »
La numéro 3 du gouvernement français, la ministre de l’Écologie Ségolène Royal, a salué samedi à Santiago de Cuba la mémoire de Fidel Castro, « un monument de l’histoire », rejetant les accusations de violations des droits l’homme à son encontre. « C’est un monument de l’histoire, d’abord, Fidel Castro » et « c’est le symbole d’une amitié très profonde entre Cuba et la France », a-t-elle déclaré à des journalistes français peu après son arrivée à Cuba, où elle devait assister samedi soir à une cérémonie d’hommage au « Comandante », puis à ses funérailles en cercle plus restreint dimanche.
« Pas à donner de leçons »
« Écoutez, il y a beaucoup de désinformation. Ce que j’observe, c’est que jamais les relations diplomatiques n’ont été coupées avec Cuba, y compris de la part de certains responsables politiques qui me critiquent, qui critiquent la France, jamais », a-t-elle dit. « Il y a toujours du positif et du négatif dans les histoires, mais certains ne vont pas se rhabiller à bon compte au nom des droits de l’homme alors qu’on sait qu’ici, quand on demande des listes de prisonniers politiques, on n’en a pas. Eh bien, fournissez-moi des listes de prisonniers politiques. À ce moment-là, on pourra faire quelque chose », a-t-elle ajouté.
Ségolène Royal est le seul membre d’un gouvernement européen, avec le Premier ministre grec Alexis Tsipras, à avoir fait le déplacement à Cuba à l’occasion de la semaine de deuil national consacrée à l’ex-président cubain, décédé le 25 novembre à 90 ans. « Grâce à Fidel Castro, les Cubains ont récupéré leur territoire, leur vie, leur destin. Ils se sont inspirés de la Révolution française sans pour autant connaître la terreur qu’il y a eu pendant la Révolution française », a-t-elle estimé. Interrogée sur les violations des droits de l’homme reprochées par l’ONU et l’opposition au régime cubain, Ségolène Royal a souligné, au contraire, l’existence sur l’île d’« une liberté religieuse » et d’« une liberté de conscience ».
« Donc il faut savoir regarder les choses positivement, même si ça dérange », a-t-elle ajouté, estimant que « la France n’a pas à donner de leçons » à Cuba. « Je sais que ça dérange parce que justement voilà un pays insulaire qui protège son patrimoine, qui interdit les prédateurs, qui a réussi aussi à faire en sorte qu’il y ait une propreté et une sécurité vraiment remarquables, que l’on n’atteint pas dans beaucoup de pays qui donnent aujourd’hui des leçons de droits de l’homme », a-t-elle conclu.
Commentaires fermés sur Fidel Castro : Ségolène Royal parle de « désinformation » sur les abus du régime
Le renoncement de François Hollande à la présidentielle 2017 a sonné le Parti socialiste. Samedi 3 décembre, le PS s’est efforcé de donner du souffle à sa primaire, appelant Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon à s’y joindre, lors de la « Convention nationale » de la Belle Alliance populaire.
La réunion, à laquelle n’assistaient ni Manuel Valls ni plusieurs candidats déclarés à la primaire tels Arnaud Montebourg ou Benoît Hamon, a aussi pris des allures d’hommage au président sortant et à son bilan, entrecoupé d’appels à contrer le programme « réactionnaire » de la droite. « Oui, la primaire, c’est le moyen d’imposer l’unité, de faire en sorte que les familles séparées se retrouvent, et encore une fois, à mon tour, je lance un appel à ceux qui n’ont pas compris aujourd’hui que la modernité c’est que le peuple tranche et non pas de trancher à la place du peuple (…) Je lance un appel à Emmanuel Macron, à Jean-Luc Mélenchon: rejoignez la primaire de la gauche ! », a déclaré le premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis à la tribune.
« Un immense succès
Le PS, longtemps soupçonné de ne vouloir organiser qu’une « petite primaire » les 22 et 29 janvier pour mettre en selle le candidat François Hollande, a désormais changé son fusil d’épaule, souhaitant visiblement donner de l’ampleur à l’événement après le succès de la primaire de la droite et le renoncement du président. « Nous allons faire en sorte que les primaires de la gauche soient un immense succès », a dit Jean-Christophe Cambadélis en conclusion de son discours.
L’événement, initialement conçu comme le rassemblement de tous les représentants de la « Belle Alliance populaire » à Paris et pour lequel Jean-Christophe Cambadélis espérait en septembre quelque 10 000 personnes, n’en a rassemblé qu’environ 2 500, dans un centre de congrès à Paris (XIXe).
Commentaires fermés sur Belle Alliance populaire : le PS tente de donner du souffle à sa primaire
Le lanceur d’alerte qui a fourni les documents à l’origine de l’énorme scandale d’évasion fiscale touchant le monde du football est un personnage mystérieux. Seul un journaliste du Spiegel a pu le rencontrer. Il livre quelques détails sur son identité.
Inutile de chercher sa photo ou un document révélant son identité. « John », comme il se fait appeler, est un homme très secret. Insaisissable pour des raisons de sécurité, ce lanceur d’alerte est à l’origine des révélations des « Football Leaks », ce scandale d’évasion fiscale sans précédent, touchant le monde du football. Dix médias, dont Mediapart, diffusent depuis vendredi soir une série de documents accablants pour de nombreuses stars, dont le triple Ballon d’Or, Cristiano Ronaldo.
LIRE AUSSI >> Football Leaks »: Cristiano Ronaldo aurait dissimulé 150 millions d’euros au fisc
La fuite est monumentale: 1900 gigaoctets de données informatiques, 18,6 millions de documents confidentiels regroupant des contrats, des factures, ou des e-mails. Tous ont été remis dans un premier temps à un journaliste de l’hebdomadaire allemand Der Spiegel par l’intermédiaire d’une seule source, « John », qui est le fondateur du site Football Leaks. Jusque-là, ce site avait dévoilé quelques documents confidentiels, avec un message clair: « Malheureusement, ce sport que nous aimons tant est pourri. Les fonds, les commissions, le racket, tous servent à enrichir certains parasites qui attaquent le football et sucent totalement les clubs et les joueurs. »
Un jeune Portugais qui parle cinq langues
Il a donc décidé de passer à la vitesse supérieure en fournissant 8 disques durs à un journaliste du Spiegel, Rafael Buschmann. Il est le seul à avoir rencontré John, à plusieurs reprises. Selon Buschmann, cité par le quotidien belge, Le SoiretMediapart, John est « un jeune Portugais qui parle cinq langues et en apprend deux autres, dont le russe. Il porte des jeans et des tee-shirts hiver comme été. C’est un bon vivant au rire communicatif, qui aime la fête et la bière. »
Il aurait aussi « les ongles rongés jusqu’au sang », signe du stress auquel il est soumis depuis un an. Car le lanceur d’alerte est accusé de piratage informatique par la justice portugaise, saisie par Doyen Sports, cabinet d’investisseurs nébuleux, qui travaille avec Jorge Mendes, l’agent de Ronaldo, Mourinho ou Falcao entre autres. Selon Mediapart, Doyen Sports aurait aussi lancé quatre équipes de détectives privés à ses trousses, dont des hackers russes et un ancien soldat d’élite britannique.
Des documents acquis illégalement?
Début 2016, « John » se cachait quelque part en Europe de l’Est. Mais il aurait trouvé refuge en Allemagne pour assouvir sa passion du foot et chanter dans les stades. Le « Robin des Bois » du foot ne travaillerait pas seul et il n’est pas enclin à révéler la façon dont il s’est procuré sa mine d’informations. Selon l’EIC, le groupe de 10 médias d’investigation, rien n’indique que John a récupéré ces documents légalement. Bien au contraire. Quoi qu’il en soit, au nom du droit à l’information, il était important de les publier, juge l’EIC.
Mediapartindique que John a pu travailler avec un certain Artem Lobuzov, qui aurait pratiqué une forme de chantage auprès de Doyen Sports. En clair, si le cabinet payait « une généreuse donation » de 500.000 à 1 million d’euros », les documents auraient été détruits. Mais le patron de Doyen Sports qui a découvert que son entreprise a été piratée, a porté plainte. D’où la révélation du scandale actuel.
« Nous ne sommes pas des hackers »
Rafael Buschmann a néanmoins confronté John au nom d’Artem Labuzov. Le lanceur d’alerte a éludé le sujet, assurant qu’il n’avait jamais piraté personne: « Et comme nous l’avons toujours dit, nous ne sommes pas des hackers. Nous avons seulement un bon réseau de sources. Toutes ces allégations ridicules viennent d’une organisation criminelle. Selon nous, Doyen est une mafia. » De son côté, le Fonds d’investissement joue la carte du déni, affirmant que les documents sont « totalement faux, ont été manipulés et créés comme une invention ».
Commentaires fermés sur « Football Leaks »: hacker, espion, qui est John, l’homme à l’origine du scandale?
Du bleu, du blanc, du rouge. Les couleurs, chez Ice-Watch, on sait faire. Mais la fibre patriotique gauloise, la boîte acier, le chrono compte à rebours et un prix qui frise les 1 000 euros, voilà qui est moins commun !
Un repositionnement de la marque belge aux couleurs acidulées et aux prix mini ? Probablement. Son modèle de développement doit être renouvelé. La mode n’a qu’un temps, mais Ice-Watch le sait et l’a anticipé. Comment ? En nouant des partenariats à forte visibilité et en montant en gamme. Le Vendée Globe, dont la marque est chronométreur officiel, est l’occasion de proposer un chrono acier en édition limitée et à prix élevé – trois attributs aux antipodes de ce qui a précisément fait le succès d’Ice-Watch. Pari risqué. Pari gagné ?
Rassurante et chargée
La pièce offre une carrure rassurante. Massive, elle maintient une couronne graduée de 0 à 10 (minutes) qui offre l’habituel décompte préalable aux régates. Côté cadran, le fond rouge et bleu offre une parfaite lisibilité tout en sortant des codes chromatiques habituels. On apprécie les larges aiguilles luminescentes, la date à 6 heures. On regrette trois index disproportionnés (12, 4 et 8) qui n’ont qu’une vocation esthétique, mais qui viennent alourdir inutilement un cadran déjà chargé.
Le fonctionnement des comptes à rebours visibles (minutes et secondes) demande un temps de prise en main. La pièce est véritablement orientée vers la régate, sans être un artifice marketing flanqué d’un mouvement standard. On sent donc une volonté d’Ice-Watch d’aller au fond des choses et de proposer une authentique pièce pour skippers. Revers de la médaille, ses 6 aiguilles rendent la lecture quotidienne parfois hésitante, et les réglages courants peuvent se montrer peu évidents.
Le nouvel Ice-Watch ?
L’ergonomie générale de cette édition se montre néanmoins parfaite au quotidien, avec un design équilibré, un poids contenu, un bracelet doux et un diamètre raisonnable. L’étanchéité à 100 mètres est un plus, tout comme le mouvement à quartz Swiss Made – qui aurait pu à ce titre supporter trois ans de garantie, et non deux.
Avec seulement 635 exemplaires, cette Ice-Watch « Vendée Globe Limited Edition » marque assurément un tournant pour la marque. Elle offre le mérite de l’originalité et de combler un vide chez les amateurs de régates qui n’ont pas tous les moyens d’un équivalent mécanique chez Officine Panerai ou Audemars Piguet. C’est toute la stratégie d’Ice-Watch : trouver une niche vide et s’y engouffrer massivement. La première décennie de la marque a confirmé le bien-fondé de l’approche, créant ex nihilo l’un des succès les plus phénoménaux de l’horlogerie quartz. La seconde décennie s’ouvre en 2017 : à suivre de près.
Commentaires fermés sur Une semaine avec… l'Ice-Watch Vendée Globe
Élie Cohen, directeur de recherche au CNRS et professeur à Sciences Po, a été l’un des animateurs du groupe d’économistes qui a planché sur le programme de François Hollande pendant la primaire de 2011. Coauteur d’un livre sur les réformes nécessaires en France avec Philippe Aghion et Gilbert Cette*, il confie sa déception sur la politique économique du président, qui vient de renoncer à briguer un second mandat. Entretien.
Le Point.fr : Pourquoi le quinquennat de François Hollande s’est-il soldé par un échec économique ?
Pour le comprendre, il faut remonter au Hollande de la primaire socialiste de 2011. Ce Hollande-là parle de pacte éducatif, mais aussi des problèmes de compétitivité de la France, d’économie de l’offre et d’équilibre des finances publiques. Il gagne cette primaire sur les thèmes de la modernisation de l’appareil productif et de la convergence avec les autres pays européens en matière budgétaire et fiscale.
Ce n’est pas vraiment celui de la campagne présidentielle…
Non. Le Hollande investi par le Parti socialiste est tout à fait différent. Il change alors radicalement de discours. Cela débouche sur ses 60 mesures de campagne ou son discours du Bourget, d’une facture socialiste beaucoup plus classique. Il rentre dans la logique du « tax and spend », « imposer pour dépenser », et de la stimulation de l’activité par l’État. Et il se fonde sur des prévisions de croissance totalement irréalistes pour attester de la viabilité de son programme.
C’est ce qui lui est fatal ?
Ce changement de pied l’empêche d’avoir un mandat mandat clair pour réformer une fois à l’Élysée. Il compte sur son habileté politique et tactique pour faire avaler ses projets à un groupe parlementaire qu’il sait non acquis à ses réformes. Dès les premiers jours de pouvoir, il est pris dans une contradiction fondamentale entre ses convictions – la nécessité de mener une économie de l’offre européenne sans pour autant s’en prendre aux avantages sociaux – et l’orientation de sa majorité. Il prend donc des mesures contradictoires parce qu’elles sont destinées à des publics différents.
Par exemple ?
Il dit qu’il veut baisser les charges sociales pour les entreprises, mais multiplie les mesures qui se traduisent en fait par un coût réglementaire et fiscal supplémentaire qui handicape la compétitivité. Sa main gauche reprend ce que donne la main droite. Je pense au compte pénibilité, à la loi Hamon, à la loi Florange et à des mesures individuelles qui alourdissent la taxation des entreprises. Cela passe par des mesures en faveur du logement, la généralisation des assurances santé complémentaires d’entreprise, l’augmentation des taxes dans la région parisienne pour financer le Grand Paris. Autant de taxes qui pèsent sur le cycle de production des entreprises avant même que l’on sache si elles ont fait du profit. Il faut savoir que nous avons entre 30 et 40 milliards d’impôts sur le cycle de production des entreprises alors que l’impôt sur les sociétés est de 50 milliards. Autrement dit, les entreprises sont imposées avant d’avoir produit le moindre résultat ! C’est une exception française.
Le drame de l’économie française, c’est qu’elle souffre d’une spécialisation équivalente à celle de l’Espagne avec des coûts suédois !
Il a justement supprimé la contribution sociale de solidarité des sociétés (C3S) qui pèse sur le cycle de production des entreprises !
Non, cela n’a été fait que pour les petites entreprises. Le dernier volet qui devait intervenir en 2017 a été supprimé au profit d’une augmentation du crédit d’impôt compétitivité emploi (Cice).
Il y a quand même eu un programme ambitieux de baisses de charges pour les entreprises. Si l’on ajoute le pacte de responsabilité au Cice, le montant atteint, tout de même, 40 milliards d’euros.
Je ne suis pas d’accord. Tout le monde parle de 40 milliards, mais le dernier chiffre de ce qui a été vraiment distribué est de 23 milliards. Or, les impôts sur les entreprises ont augmenté de 30 milliards depuis fin 2011. Mais peu importe, la question n’est pas là. Ceux qui ont le plus payé, ce sont les ménages qui ont vu leurs impôts augmenter très fortement.
Les entreprises ont vu leurs marges remonter, pourtant.
Elles ont récupéré deux points de marge. C’est à des années-lumière de ce qu’il faudrait faire pour égaliser les conditions de concurrence entre les entreprises françaises et les allemandes, sans parler des entreprises anglaises ou italiennes ! Si on veut véritablement faire de la compétitivité « hors-coût », c’est-à-dire pousser les entreprises à monter en gamme et à innover, il faut d’abord restaurer les conditions de la rentabilité. Le drame de l’économie française, c’est qu’elle souffre d’une spécialisation équivalente à celle de l’Espagne avec des coûts suédois ! Ça ne peut pas marcher. On touche du doigt le caractère désespéré de sa tentative : il s’est mis à dos tout une partie de la gauche parce qu’il a fait un effort en faveur des entreprises. Mais cet effort était trop limité pour inverser le cours des choses. Il n’a pas réussi à mettre le système productif français dans une dynamique vertueuse.
François Hollande n’a-t-il pas été coulé par la volonté européenne de réduire rapidement les déficits pour rassurer les marchés en 2012-2013 ?
C’est clair. La crise de 2011 a conduit Angela Merkel à demander le retour le plus rapide possible à l’équilibre des finances publiques avec le fameux traité budgétaire. On sait que cela a plombé la croissance européenne. Superposez les courbes de croissance européenne et américaine : vous verrez un décrochage européen très net en 2012 à cause de cette politique. Mais c’est la condition que l’Allemagne a mise pour sauver les pays en difficulté : la Grèce, l’Irlande, le Portugal, l’Espagne. Fallait-il aller à la crise ouverte avec Berlin au risque de faire éclater la zone euro ? Tel était le dilemme de François Hollande. Lequel n’est pas stupide : il a accepté un compromis qu’il savait délétère pour la croissance européenne. Il pensait contrebalancer les effets de cette politique par un plan d’investissement. Ça n’a pas marché. Sa dynamique a été brisée.
Hollande aurait voulu être le Schröder français, il n’a pas pu l’être
Ne peut-on lui faire crédit d’avoir converti la gauche au discours sur la nécessité d’améliorer l’environnement des entreprises ?
C’est ce que j’ai longtemps cru et défendu comme position. Maintenant que je vois comment se présente cette élection, j’ai changé d’avis. C’est ma plus grande tristesse : cet effort de Hollande n’aura pas contribué à accroître la culture de gouvernement du Parti socialiste. On voit bien que la gauche libérale se présente hors de la primaire avec Macron. C’est pareil avec « le gros rouge qui tache » : Mélenchon. Et même dans la primaire, Montebourg n’est pas vraiment acquis à cette vision de gauche moderniste portée par Hollande. Ce quinquennat aboutit donc sur une division extrême avec une possible mise en minorité de la gauche de gouvernement. C’est une des maladies coutumières de la gauche. Je m’attends à ce que les candidats socialistes, quels qu’ils soient, mènent une offensive contre la politique de l’offre de François Hollande et la stabilité budgétaire dans les prochaines semaines.
Ne sous-estime-t-on pas les pas franchis avec la loi travail et la loi Macron ?
Ces deux lois sont incontestablement des pas dans la bonne direction. La question est de savoir si la gauche de gouvernement reconnaîtra que Fillon a raison quand il voudra aller plus loin. Ou si elle s’y opposera frontalement en dénonçant une dérive ultralibérale. Quand on écoute le discours du premier secrétaire du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, on se dit plutôt qu’il y aura des attaques convergentes de la gauche et de l’extrême droite. Je crains que le PS ne capitalise pas sur les avancées de Hollande, mais les répudie dans l’opposition.
On vous sent extrêmement déçu par François Hollande…
J’ai cru dans sa capacité réformatrice. J’ai fait le pari que son habileté politique lui permettrait de faire passer des choses que je savais difficiles à faire avaler au Parti socialiste compte tenu de sa culture. J’ai sous-estimé la violence des oppositions internes et la capacité de la gauche traditionnelle du parti à s’organiser dans le mouvement des « frondeurs ». Au fil du mandat, ils sont devenus une véritable opposition interne à la majorité. Hollande aurait voulu être le Schröder français, il n’a pas pu l’être.
Changer de modèle, de nouvelles idées pour une nouvelle croissance, Odile Jacob, 22,90 euros
Commentaires fermés sur Élie Cohen : « J'ai cru dans la capacité réformatrice de Hollande… »