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Jeep préfère Rio plutôt que Paris pour le Compass

Ce n’est pas la première fois qu’un véhicule est révélé en grande avant-première, mais, avec l’engouement planétaire pour le SUV et la scène offerte par le Mondial dans quelques jours, il est assez curieux que Jeep, s’attaquant à des références telles que la Qashqai, le Tiguan ou le Sportage, rate la rampe de lancement parisienne.

Au prétexte qu’il inaugure sa production dans l’usine brésilienne Jeep de FCA à Goiânia, dans l’État du Pernambuco, le tout nouveau Jeep Compass boude la scène parisienne et préférera le salon de Los Angeles au mois de novembre. Le constructeur a néanmoins lâché quelques éléments succincts, affirmant que « ce nouveau SUV compact, à vocation internationale, proposera un choix de 17 combinaisons moteur-boîte économes en carburant pour les consommateurs de plus de 100 pays à travers le monde ».

Jeep Compass 2017 © JeepJeep Compass 2017 © Jeep
Jeep Compass 2017 © Jeep

Il remplace donc le vieux Compass, lancé en 2007 et disparu depuis 2012, qui n’a pas laissé une grande trace dans les mémoires. Mais fort du succès du Renegade qui réalise en France 80 % de conquête, tous les espoirs sont permis à ce nouveau modèle qui offrira de réelles capacités d’évolution hors routes, fidèle à la tradition maison.

Fiat plutôt que Mitsubishi

Au lieu de la plateforme d’origine Mitsubishi de son prédécesseur, il utilisera celle du Renegade/500 X, mais nettement allongée afin de tutoyer les 4,50 m de longueur. Cela lui autorisera aussi la production sur les lignes de l’usine mexicaine de FCA pour l’Amérique du Nord, la première servie au premier semestre 2017, la Chine à Canton, mais aussi l’Italie pour l’Europe avec une arrivée prévue sur nos routes au second semestre.

Jeep Compass 2017 © FCA US LLC JeepJeep Compass 2017 © FCA US LLC Jeep
Jeep Compass 2017 © FCA US LLC Jeep

Pour les détails plus techniques, il faudra attendre Los Angeles, mais les premières photos montrent un SUV bien dans l’air du temps avec sa célèbre calandre à sept barres et une présentation intérieure plus raffinée. Il sera disponible en traction avant et en version intégrale avec la panoplie des moteurs FCA essence et diesel et plusieurs boîtes de vitesse, dont une automatique à 9 rapports. Nul doute que, devenu la première marque en volume de FCA (Fiat Chrysler Automobiles), le Compass pourrait inciter à rebaptiser le groupe JFCA.

Connue dans le monde entier et dotée d’une splendide image, elle porte tous les espoirs de Sergio Marchionne, patron de Fiat Chrysler Automobiles (FCA), qui lui a assigné un objectif… de 2 millions de Jeep en 2018. Pas simple, mais possible si l’on en juge par la progression des ventes dans l’Union européenne en 2015 (+ 122 %) à 84 200 immatriculations. 2016 sera bien meilleure et, avec de nouveaux outils, une fiabilité et surtout une finition au niveau, la conquête mondiale de Jeep, sorti de son Middle West, semble bien partie.

EXCLUSIF. Le quinquennat de François Hollande vu par Michèle Cotta

En cette fin de quinquennat, les livres politiques foisonnent. Mais tous ressemblent à des plaidoyers pro domo. Tel conseiller éconduit veut régler ses comptes, tel ministre déçu veut défendre sa politique, tel ambitieux veut prendre date pour l’avenir. Mais aucun de ces auteurs n’a la hauteur de vue qu’exigent l’époque et les événements.

Dieu merci, les plumitifs ont trouvé leur maître. Ou plutôt leur maîtresse. Dans Comment en est-on arrivé là. Histoire d’un chaos politique, Michèle Cotta a fait le job : rencontrer un à un tous ceux qui, dans la majorité et dans les oppositions, ont politiquement compté dans ces cinq dernières années. Des députés de terrain aux grands barons locaux, des ministres qui comptent aux secrétaires d’État moins gâtés, des nostalgiques des années Mitterrand aux jeunes loups des cabinets ministériels, elle les a cuisinés à sa sauce en leur posant souvent les trois mêmes questions : « Où sommes-nous ? », « Où allons-nous ? » et « Quels sont vos rapports avec François Hollande ? ». L’ensemble offre aux lecteurs un livre cohérent et très documenté. Michèle Cotta – dont on retrouve les analyses politiques sur Le Point.fr – est partout à la fois. Deux mois après l’installation du gouvernement, elle connaît déjà la forteresse de Bercy comme sa poche. Elle a jaugé et jugé Montebourg, Moscovici et Cahuzac, dont elle loue le sérieux et la maîtrise des dossiers. Si l’on voulait être ironique, on dirait qu’elle voit les ministres de François Hollande plus souvent que le président lui-même.

Savoir, comprendre et apprendre

Dès l’été 2012, elle sent poindre la catastrophe. La cacophonie gouvernementale, un Premier ministre sans charisme ni autorité, un président qui louvoie, une première dame incontrôlable, des alliés de gauche qui doutent puis se rebiffent et un président sourd et aveugle… En vieille routière des arcanes du pouvoir, elle saisit bien vite que tout cela n’ira pas très loin. Et, de quelque côté qu’elle se tourne, soeur Michèle ne voit rien venir. La gauche se décompose, la droite ne sait pas se reconstruire après la défaite de 2012, Marine Le Pen taille bruyamment sa route, les souverainistes redoublent de populisme et le centre s’atomise un peu plus. Ce spectacle ne l’enchante pas, elle se décourage même parfois devant tant de médiocrité, de renoncement, de bêtises, de mensonges et de mépris des électeurs. Mais, dès que « ça sent la poudre », l’ancienne patronne de la Haute Autorité revêt son battle-dress pour savoir, comprendre et apprendre. Puis faire partager son expérience et ses convictions à ses lecteurs. Dans le désastre politico-médiatique des années 2012-2016, Michèle Cotta s’attache plus particulièrement à deux personnages pour lesquels elle ne dissimule pas sa tendresse. Dans ce no man’s land, Manuel Valls, dont elle subodore l’avenir dès son installation place Beauvau, et Emmanuel Macron, qui ne la laisse pas indifférente, sont ceux qui la désespèrent le moins…

Extraits de Comment en est-on arrivé là. Histoire d’un chaos politique de Michèle Cotta (éditions Robert Laffont)

Manuel Valls, le 19 février 2014

Manuel Valls m’ouvre la porte de son bureau, à 18 h 30 pile. Il est mince, pâle, souriant, avec ses cheveux bruns sur le front, en une frange irrégulière. Il est vêtu, pour une fois, de sombre. Je lui demande quels combats l’ont marqué depuis la rentrée. Tout, depuis cette rentrée, lui a paru difficile. « Je ne veux pas me plaindre ni jouer les victimes, mais c’est un fait que j’ai dû faire face à de nombreuses polémiques, qui n’ont pratiquement pas cessé. La sortie de ma note sur la réforme de la justice, dans Le Monde, sciemment tronquée. Puis mes propos sur l’immigration et les sans-papiers, tenus à l’occasion d’un séminaire gouvernemental, et (mal) répétés. » Il ajoute à cela la sortie de Cécile Duflot, très violente contre lui au sujet des Roms, à la fin de l’automne dernier, et abondamment relayée par la presse. Et puis l’affaire Leonarda : « Le missile m’était en réalité destiné. » Personne, en effet, ne l’a épargné. Le Premier ministre notamment a eu au Parlement une phrase pour le moins malvenue : « S’il y a eu faute, la famille reviendra. »

« Au lieu de laisser croire qu’il y avait eu faute de la part du préfet, donc du ministre de l’Intérieur, Jean-Marc aurait mieux fait de dire que la famille ne reviendrait pas, sauf si, en effet, il y avait eu faute… D’autant que ses propos ont été repris par les parlementaires socialistes, puis par le PS lui-même. La déclaration de Peillon sur la nécessaire sanctuarisation de l’école, à la sortie du conseil des ministres qui a suivi, ne valait guère mieux, ainsi que la déclaration de Valérie Trierweiler (*), tout cela au moment où les lycéens étaient dans la rue. Sans oublier les attaques de Mélenchon. »

Il a raison, cela fait beaucoup sur ses épaules, je comprends qu’il trouve le temps long et difficile. L’affaire Leonarda l’a d’autant plus éprouvé que le dossier, affirme-t-il, était administratif et politique. Les élus socialistes du Doubs, qui s’occupaient dans leur département des familles roms, lui ont dit n’avoir de problèmes d’intégration qu’avec un seul père de famille, celui de Leonarda. D’autres Roms, dans ce même groupe, ont obtenu leurs papiers. Le rapport demandé au ministère de l’Intérieur a confirmé, un peu plus tard, le comportement, jugé agressif, du père. « Sur cette histoire, je ne suis pas arrivé, et pas plus le Premier ministre, à protéger François Hollande. Bref, depuis le mois de septembre, conclut-il, que de montées d’adrénaline ! »

L’affaire Dieudonné n’a pas contribué à adoucir ce climat : Manuel Valls pense qu’il s’agit là de son combat républicain le plus important. Il est convaincu que les propos défendus et propagés par l’amuseur portent atteinte à la dignité humaine, qu’ils constituent une incitation à la haine de l’autre, à l’antisémitisme, au racisme. En d’autres termes, oui, s’il avait à refaire ce qu’il a fait, c’est-à-dire interdire le spectacle de Dieudonné, baptisé Le Mur, il le referait. Il me confie néanmoins avoir été inquiet au moment, le 9 janvier, où il a saisi en urgence le Conseil d’État pour faire valider cette décision. Il se trouvait en Bretagne, en train de féliciter policiers et gendarmes locaux en lutte contre les inondations, tout en attendant la sentence du Conseil d’État. Une décision négative aurait été pour lui un désaveu cuisant, au moment où beaucoup, à gauche, jugeaient inutile et néfaste sa volonté de ne rien céder sur ce sujet, tandis que d’autres dénonçaient une atteinte à la liberté d’expression. Manuel Valls est donc un homme qui, pour ses convictions, est capable de prendre le plus grand risque politique. Pas si mal.

Le paradoxe est que Manuel Valls, jusqu’alors personnalité la plus populaire du gouvernement, a chuté lourdement dans les sondages après cette affaire. Preuve que la conviction n’est pas forcément récompensée ; il en fait, à travers l’affaire Dieudonné, sa première expérience personnelle.

Pascal Praud – La terre a tremblé à Noirmoutier

Il y a eu un tremblement de terre à Noirmoutier. La page Facebook de l’association Climat Vendée rapporte qu’un séisme s’est produit dans la nuit du 21 au 22 septembre « à quelques kilomètres au large de l’île. Il a eu lieu après 3 h 57 ». Climat Vendée m’a rassuré : « La magnitude est beaucoup trop faible pour avoir fait des dégâts. Mais un séisme de 3,5 commence à être bien ressenti. »


Ouf.


J’ai quand même appelé le capitaine Gragnon :

– T’as ressenti quelque chose à 3 h 57 dans la nuit de mercredi dernier ?

– Tu te fous de ma gueule ? À 3 heures combien ?

O.K., François. Tout va bien. Et cette secousse de rien du tout me permet de donner signe de vie, de prendre des nouvelles comme ça en passant, l’air de rien, histoire de ne pas couper le fil.


Les filles ont repris leurs habitudes. On entre dans leur chambre à reculons. Y a un bordel que je ne m’explique pas. Je ne sais même pas comment il est possible d’entasser autant de jeans, de t-shirts, de pulls à même le sol sans qu’à aucun moment Lou ou Faustine se disent : « Tiens, c’est dimanche, je vais faire un truc de ouf, prendre les affaires qui sont par terre et les ranger dans le placard, ce machin en bois blanc que papa et maman ont installé, enfin surtout maman, vu que c’est elle qui a fixé les étagères et monté les tiroirs, et que même il y a des cintres avec lesquels on accroche les habits. »

« De toute façon, tu ne viens jamais dans ma chambre », m’a dit Lou.

Pas faux. Pourquoi les parents s’évertuent-ils à ce que les enfants rangent leur chambre alors qu’ils n’y vont pas souvent ? Je me méfie avec l’autorité. J’avance en souplesse. Je n’ordonne pas grand-chose. À propos d’ordonnée, ce serait bien quand même que leur chambre le soit.

« De toute façon, tu ne viens jamais dans ma chambre », Lou a dit ça aussi vite qu’elle a remis son casque sur les oreilles. Il paraît que les enfants issus de familles nombreuses avalent les mots, parlent à toute berzingue contrairement aux autres, ceux qui grandissent tout seuls dans les appartements. François Truffaut avait une théorie là-dessus et il l’a apprise à Catherine Deneuve quand ils étaient ensemble. Elle le rappelle dans la revue Schnock du mois de septembre (Lisez Schnock les amis ! Lisez Schnock !). Lou est la quatrième. Il a fallu lever le doigt pour parler, prendre son tour à table. Résultat : un débit de mitraillette. Et pas de sous-titre en direct. On comprend un mot sur deux. Bonne-maman a décroché. Estelle fait les gestes d’Herbert von Karajan, façon Concert du nouvel an : piano Loulou, piano…


La saison a recommencé et Paris est un embouteillage. Madame Hidalgo aime le vélo, les navettes fluviales, les drones, le téléphérique, le métro, la course à pied, mais pas l’automobile. Résultat, le bordel dans la chambre de mes enfants, ce n’est rien comparé à la circulation dans Paris.

À part ça, tout va bien ? La vie est belle ? L’automne a commencé. Personne ne parle de Noël, mais moi, j’y pense déjà. Chaque 1er décembre, j’entre en transe. Noël, c’est un truc spécial. T’aimes ou t’aimes pas. Je vous raconterai. Promis.

LIRE la dernière chronique de Noirmoutier de Pascal Praud.

François Hollande et le chômage : courbe maudite !

François Hollande a fait de l’inversion de la courbe du chômage la condition d’une nouvelle candidature, le voilà à quelques mois de la présidentielle en très fâcheuse posture. Les mauvais chiffres du mois d’août sont une nouvelle douche froide : 50 000 chômeurs de plus en catégorie A. Après deux mois de baisse, ce chiffre tombe au plus mal pour le président. Il ne reste désormais plus que deux livraisons mensuelles de cet indicateur de Pôle emploi avant la mi-décembre, fenêtre désignée par le président lui-même pour annoncer s’il sollicite ou non un second mandat.

Certes, le gouvernement a beau se défendre : il invoque l’attentat du 14 juillet, souligne que le solde reste positif depuis un an comme depuis le début de l’année et que, au sens de l’Insee, la courbe du chômage est déjà inversée (9,9 % contre 10,5 % il y a un an), rien n’y fera, et la droite s’en donne à coeur joie. « Depuis 2012, c’est un dérapage sans exemple », a réagi Alain Juppé. « Depuis 2012, le chômage n’a cessé d’exploser en France », a renchéri Nicolas Sarkozy. Les deux favoris de la primaire omettent de préciser que, si la France compte 634 000 chômeurs de plus (catégorie A, chiffres de métropole) depuis l’élection de M. Hollande, « leur » quinquennat, de 2007 à 2012, en avait laissé 783 700 en héritage.

Un « appareil statistique vulnérable »

Mais à gauche également, faute de résultats plus probants, le scepticisme monte. « Nous devons préparer l’alternative à François Hollande », celui-ci n’ayant « pas rempli le mandat pour lequel les Français ont voté pour lui », a jugé mardi le député PS Yann Galut.

Les soutiens revendiqués du chef de l’État, eux, cherchent la parade. L’axiome présidentiel liant une candidature à l’inversion de la courbe ? Une « règle » que « personne ne lui avait demandée », évacue le député Patrick Mennucci. « Il y a bien d’autres critères sur lesquels on peut fonder la réussite de son action que l’unique critère de la baisse du chômage », veut croire Bruno Le Roux. Mais le chef de file des députés PS l’a lui-même reconnu mardi : cet objectif tant annoncé, « nous l’avons payé ». Nombreux sont ceux qui, au sein de la majorité, avaient déploré cette communication présidentielle qui revenait à indexer l’ensemble de l’action de l’exécutif sur cet indicateur, que l’Élysée qualifiait pourtant d’« appareil statistique extrêmement vulnérable ».

Je n’ai ou aucune raison d’être candidat ou aucune chance d’être réélu si le chômage ne baisse pas d’ici à 2017

La formule venait pourtant de loin. « Le prochain mandat doit en effet permettre d’inverser la courbe. J’accepterai d’être jugé sur cette promesse », avait annoncé François Hollande en avril 2012, avant même son élection. Une « inversion de la courbe » n’équivalant pas à une baisse franche du nombre de demandeurs d’emploi, la promesse était prudemment formulée. Mais François Hollande a aggravé son cas en fixant des objectifs dans le temps. Juste avant son élection, le candidat se donnait alors « un an » pour y parvenir. Puis s’accordait lui-même un répit sur TF1 en septembre 2012 en repoussant l’objectif à la fin 2013.

Une fois l’échec constaté, changement de braquet en janvier 2014 avec le pacte de responsabilité, ce vaste dispositif d’aide aux entreprises. Et c’est en avril 2014, à Clermont-Ferrand, lors d’un déjeuner avec des dirigeants et syndicalistes de Michelin que François Hollande finit par lâcher cette phrase qui conditionne désormais sa fin de mandat : « Je n’ai ou aucune raison d’être candidat ou aucune chance d’être réélu si le chômage ne baisse pas d’ici à 2017. »

M. Hollande va-t-il renoncer à se représenter ? Tout dans son activité récente semble démontrer le contraire, le chef de l’État multipliant les sorties sur le terrain et les attaques contre Nicolas Sarkozy. « Je crois qu’il est de plus en plus difficile pour Hollande d’être candidat à la primaire, mais le choix lui appartiendra », a cependant jugé un député socialiste réputé légitimiste.

Le Haut conseil des finances publiques juge « improbable » un déficit à 2,7 %

A la veille de la présentation du Budget 2017 en Conseil des ministres, le Haut conseil des finances publiques juge « improbable » la réduction du déficit public à 2,7% du produit intérieur brut (PIB) auquel s’est engagé le gouvernement.

Voilà un avis qui risque d’embarrasser le gouvernement. Après avoir présenté la semaine dernière les grandes lignes du Budget 2017, le dernier du quinquennat de François Hollande, voici que la Haut conseil des finances publiques (HCFP), instance présidée par le Premier président de la Cour des comptes Didier Migaud, vient d’émettre un avis plutôt négatif sur les projections de l’exécutif.

Le HCFP qualifie d' »incertain » le retour du déficit sous la barre des 3% promis à Bruxelles, en raison de « risques » pesant sur les dépenses mais aussi du caractère « optimiste » de la prévision de croissance retenue par Bercy (1,5%). Il juge même « improbable » la réduction du déficit à 2,7% du PIB annoncé par Michel Sapin la semaine dernière à Bercy.

LIRE >> Budget: Michel Sapin met en garde les « matadors » de la droite

Le projet de loi de finances (PLF) 2017, qui sera dévoilé mercredi par le gouvernement, prévoit une croissance de 1,5% du PIB, identique à celle de 2016. Un chiffre que le gouvernement a décidé de maintenir malgré les incertitudes liées notamment au Brexit. Cette hypothèse de croissance « est optimiste compte tenu des facteurs baissiers qui se sont matérialisés ces derniers mois », relève le Haut Conseil dans cet avis dont les grandes lignes ont été dévoilées par le quotidien Les Echos.

De gros doutes sur la croissance française

Le HCFP rappelle ainsi que « la plupart des organisations internationales et des instituts de conjoncture » ont abaissé leurs prévisions pour le pays, à l’image de l’OCDE, qui prévoit désormais 1,3% de croissance en France l’an prochain, ou bien du FMI, qui parie sur 1,2%. Le Haut conseil, organe indépendant chargé d’évaluer la crédibilité des prévisions budgétaires du gouvernement, émet ainsi des doutes sur les prévisions de recettes retenues dans le projet de budget 2017, jugeant les hypothèses de Bercy « favorables ».

Le ministre de l'Economie Michel Sapin et le secrétaire d'Etat au Budget, Christian Eckert, lors d'une conférence de presse à Paris, le 20 septembre 2016

Le ministre de l’Economie Michel Sapin et le secrétaire d’Etat au Budget, Christian Eckert, lors d’une conférence de presse à Paris, le 20 septembre 2016

afp.com/ERIC PIERMONT

« Les risques pesant sur les dépenses sont plus importants en 2017 que pour les années précédentes », ajoute par ailleurs l’institution présidée par Didier Migaud, qui qualifié d' »irréaliste » le montant des économies prévues sur l’Unedic, organisme qui gère l’assurance chômage. Elle pointe en outre les « incidences possibles sur le solde public des recapitalisations annoncées des entreprises publiques du secteur énergétique », à savoir Areva et EDF.

Autant de facteurs qui rendent « improbables les réductions des déficits prévues par le PLF », de 1,6% en 2016 à 1,1% du PIB en 2017 pour le « solde structurel » (c’est-à-dire hors facteurs liés à la conjoncture) et de 3,3% à 2,7% pour le solde nominal. La France a déjà obtenu deux délais de deux ans, en 2013 et en 2015, pour repasser sous la barre fatidique des 3% du PIB. La Commission européenne a exclu début septembre tout nouveau sursis pour Paris.

Fraude fiscale: les comptes cachés en Suisse, une mine d’or pour Bercy

La France continue de traquer ses évadés fiscaux. Bercy cherche à identifier plus de 40 000 comptes détenus en Suisse. Leur régularisation pourrait rapporter plusieurs milliards d’euros aux finances publiques.

La France ne relâche pas l’étreinte sur le dossier de la fraude fiscale. Dans sa présentation la semaine dernière des grands équilibres budgétaires pour 2017, le ministre de l’Economie et des Finances Michel Sapin n’a pas manqué de rappeler l’effort que mènent les équipes de Bercy pour faire rentrer l’argent des évadés fiscaux dans les caisses du pays.

LIRE >> Budget 2017: Sapin met en garde les « matadors » de la droite

Comme en témoigne ce courrier de la DGFIP (Direction générale des Finances publiques) publié ce lundi par le journal Le Parisien, la France continue de réclamer aux autorités suisses la communication de l’identité des Français détenant près de 45 000 comptes numérotés au sein de la banque UBS. Rendus anonyme par les banques suisses, 4782 Français ont déjà été identifiés par les fonctionnaires du ministère. La France compte donc sur la collaboration des services helvètes pour les 40 379 comptes bancaires restant à identifier. « Les actifs figurant sur ces listes s’élèvent à plus de 11 milliards de francs suisses, ce qui peut représenter plusieurs milliards d’euros de manque à gagner pour le Trésor français », précise la lettre de la DGFIP citée par le quotidien.

En 2016, les régularisations ont rapporté 1,9 milliard d’euros

Il faut dire que depuis plusieurs années, la lutte contre la fraude fiscale est un enjeu majeur pour les finances publiques. En 2016, les régularisations ont rapporté 1,9 milliard d’euros aux caisses de l’Etat. C’est exactement le montant des gestes fiscaux décidés par le gouvernement à l’encontre des retraités pour l’année prochaine et des classes moyennes pour l’impôt sur le revenu 2016.

Pour le prochain budget, Michel Sapin a déjà annoncé à Bercy que ses équipes attendaient des recettes « à un niveau similaire à cette année ». En fait, ces perspectives ont même été réévaluées par rapport aux premières tendances observées par le Service de traitement des déclarations rectificatives (STDR), organe créé en juin 2013 par le ministère des Finances.

Avec la future levée du secret bancaire et la mise en application de l’échange automatique d’informations, les capitaux vont continuer de revenir en masse. En 2015, 12 milliards d’euros ont été encaissés au titre de la lutte contre la fraude fiscale contre 10,4 milliards d’euros en 2014. Depuis la création du STDR, près de 50 000 contribuables se sont présenté devant ses fonctionnaires. Dans 90% des cas, les avoirs étaient détenus en Suisse.

30 000 dollars aux enchères pour les montres de Steve Jobs

De son vivant, Steve Jobs était une légende. Depuis sa mort, plus encore. Deux biopics hollywoodiens se sont déjà penchés sur sa vie, mélange de génie et de facettes plus sombres. Steve Jobs n’était qu’un homme, après tout. Ni gourou ni messie, mais un visionnaire, un as du marketing et un amoureux de design.

Des montres au jean de Steve Jobs

Souvenirs cultes ou passion à la limite du glauque et du ridicule, c’est cette fois le look de Steve Jobs qui était présenté aux fans du fondateur d’Apple. Parmi les lots en vente figuraient, outre son peignoir et son rasoir électrique, deux de ses montres, ce qui est assez étonnant puisque Steve Jobs, qui n’est pas à l’origine du projet de l’Apple Watch, n’était certainement pas un amateur de belles montres. D’ailleurs, rares sont les photos où on peut le voir en porter une, hormis les plus anciennes, des années 70 et 80. La plus célèbre, une Seiko portée sur un cliché de Norman Seeff devenu mythique paru en une de Time Magazine s’était envolée aux enchères à 38 000 euros (42 500 dollars), accompagnée d’un certificat d’authenticité. De quoi en faire la montre à quartz la plus chère du monde…

Apparemment, la personne qui avait déjà dispersé des effets personnels de l’homme à la Pomme n’avait pas tout vendu. Et parmi les quelques lots encore proposés aux enchères en ligne figurent deux autres montres n’apparaissant sur aucune photo du cofondateur d’Apple : une Seiko noire, encore, finalement adjugée à 12 800 dollars, et une montre suisse, une Baume & Mercier en or, adjugée à 18 750 dollars. Son blouson en cuir s’est vendu à 22 400 dollars tandis que son jean a été acheté 3 125 dollars par Levi Strauss & Co.

Lors de cette même vente en ligne, des mèches de cheveux de Marilyn Monroe se sont envolées à 70 000 dollars… et l’urne funéraire de Truman Capote à 43 750 dollars ! En matière de passion, tout est possible, même le pire !

On a les politiques qu’on mérite !

Peut-on se satisfaire des tristes rengaines qui ressassent, à juste titre certes, la décomposition de notre système politique, la médiocrité des propositions qui en émanent, la démagogie, son éloignement de la vie des idées ? Il y a là, aussi, un exutoire, une facilité qui par moments sent quelque peu son populisme, une série d’affirmations qui permettent à bien de ceux qui les émettent de s’en tirer à bon compte. Car s’il convient à l’évidence de s’inquiéter à l’écoute de bien des acteurs politiques d’aujourd’hui, rien ne démontre qu’il suffise de polariser la critique sur leur seul univers, comme s’ils étaient seuls en cause dans la déréliction de leur classe.

L’érosion de la confiance sociale

Ainsi, dans un article du New York Times (le 13 septembre 2016), David Brooks examine l’avalanche de méfiance (« The Avalanche of Distrust ») qui caractérise l’actuelle campagne présidentielle américaine. Sa thèse est forte : si les deux principaux candidats, Donald Trump et Hillary Clinton, donnent à voir le spectacle sordide d’une méfiance systématique, centrée sur la vulnérabilité que ressentent les individus, c’est parce qu’ils sont adaptés à l’état de la nation. À suivre Brooks, la confiance sociale, aux États-Unis, n’a cessé de décliner dans les récentes décades, en même temps que la solitude progressait et que prospérait le cynisme, que l’espace de l’intimité se réduisait, et que du coup les parents n’éduquaient plus leurs enfants à la tolérance ou à la solidarité.

Ce diagnostic, au carrefour de la science politique et de la sociologie, apporte un point de vue intéressant sur l’individualisme, qui dépasserait dans ses pires aspects ce que décrivait pour les mêmes États-Unis le sociologue Robert Putnam avec son article (1995) puis son livre (2000) retentissants, au début de titre éloquent : « Bowling Alone… ». Les Américains vont désormais jouer seuls le samedi soir au bowling, observe Putnam, et le lien social se dissout sous l’effet de l’individualisme. Règne l’anomie, tandis que décline l’engagement démocratique.

Eh bien, maintenant, suggère Brooks, se précisent les effets de cette déstructuration, toujours plus négatifs : méfiance généralisée, absence de communication, dégradation de l’intimité, perversion du jeu démocratique. L’individualisme fabrique de l’indifférence ou de l’égoïsme, mais également des comportements ravageurs pour la vie sociale, et Donald Trump ou Hillary Clinton ne feraient finalement qu’exprimer eux aussi cette tendance, et jouer sur elle. Une telle approche ne peut-elle pas nous aider à réfléchir à la campagne présidentielle française ?

À l’heure de la défiance

Contrairement à bien des discours sur les acteurs politiques, qui formeraient un monde à eux seuls, autonome, cette approche postule que ce qui se joue en matière politique est en phase avec l’état et les attentes de la société, du même ordre. Dans cette perspective, les propos des candidats et de leurs soutiens les plus actifs ne sont pas tant hors sol, déconnectés de la culture, des peurs et des demandes populaires, qu’au contraire autant d’expressions, dans leur diversité, de cette culture, de ces peurs et de ces demandes, leur manifestation plus ou moins conforme.

Si les déclarations des uns et des autres sont si souvent peu sérieuses, démagogiques, voire mensongères, si elles frappent par leur manque de vision à long terme, si leurs réponses aux questions de journalistes eux-mêmes pris dans cette culture peuvent être peu ou mal documentées – d’où en contrepartie le succès des rubriques du type « désinformation » dans la presse quotidienne –, c’est que cela marche. C’est en phase avec ce à quoi peuvent s’identifier de larges pans de la société. Une bonne partie de celle-ci vit à l’heure sinon du complotisme, du moins de la défiance, comme l’ont montré Yann Algan et Pierre Cahuc (dans La Société de défiance : comment le modèle social français s’autodétruit, 2007) : les politiques sont tentés de plus en plus de s’installer eux aussi sur ces registres.

Médiocres, démagogues, déconnectés… vraiment ?

Disons-le de façon ramassée : plutôt que de postuler une autonomie du politique, dont les acteurs seraient simplement plus ou moins médiocres, démagogues, et déconnectés de la société, dont le système et notamment l’opposition gauche-droite seraient en cours de décomposition tandis que la société, elle, fonctionnerait sur un autre mode, ce point de vue nous invite à reconnaître l’existence d’une forte relation entre le système politique et la société : celle-ci, finalement, n’a-t-elle pas que les acteurs et le système politique qui lui correspondent ? Et puisqu’elle donne l’image de la fragmentation, de l’inquiétude, de la soumission aux émotions, puisqu’elle se croit sans futur, sans repères, qu’elle colle à l’actualité, elle se voit servir des discours qui déclinent cette image, sous des modalités variables bien sûr.

Tous les candidats ne sont évidemment pas à la même enseigne, de même que la société est inégalement et diversement emportée dans les dérives de l’individualisme exacerbé. Mais il est clair, si l’on suit un raisonnement à la Brooks, que la campagne qui s’ouvre en France ne donnera, au mieux, que des tentatives limitées pour retrouver le sens de la solidarité et autoriser de se projeter avec confiance dans le temps – et donc vers l’avenir – comme dans l’espace –, et donc dans le monde et dans l’Europe. Nous devons même plutôt nous préparer au pire. Il suffit, pour illustrer cette remarque, d’imaginer le débat qui pourrait opposer à l’occasion d’un deuxième tour de la présidentielle Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen.

Les propositions les moins responsables, aux deux extrémités du champ politique, visent des électeurs inscrits dans le jeu accéléré des effets les plus pernicieux de la méfiance. Et pour les autres, on ne voit guère s’ébaucher de solides débats de fond : à quoi cela pourrait-il servir si ce n’est pas ce qu’attend ou qui peut flatter le gros de l’électorat ?

Des raisons d’espérer

Mais la vie sociale n’est pas condamnée à se réduire et à s’enfermer dans la spirale de l’individualisme à tous crins, comme si le sens de l’histoire ne pouvait qu’être celui-ci. Un autre grand sociologue américain, Albert Hirschman, l’avait dit à sa façon, en proposant au début des années 80 (dans Bonheur privé, action publique, éd. Fayard, 1983) l’image du balancier pour rendre compte des mouvements de vaste ampleur par lesquels les sociétés occidentales, selon les périodes, se donnent plutôt à l’individualisme, ou plutôt à des formes d’engagement solidaires et civiques. Tôt ou tard, nous finirons bien – espérons-le – par nous rapprocher du terme de la vaste oscillation qui nous tire du côté du « bonheur privé ».

Déjà, ça et là, des tentatives, certes limitées, s’efforcent de relancer le débat public par le bas, ce fut le cas par exemple, dans ce que cette expérience a eu de meilleur, avec « Nuit debout ». De même, les Églises, après le carnage de Nice et le meurtre du père Hamel à Saint-Étienne-du-Rouvray en juillet dernier ont-elles témoigné de leur souci de la tolérance et de l’ouverture à autrui. De nombreuses initiatives militantes et humanitaires par exemple, ou bien encore dans le champ de l’économie sociale, comme vient de le souligner Roger Sue (La Contre-Société : ils changent le monde, éd. Les liens qui libèrent, 2016) montrent que les valeurs de l’engagement occupent encore, ou à nouveau un réel espace.

Peut-être convient-il de nuancer le raisonnement à la Brooks pour considérer que les acteurs politiques, tentés de s’ajuster à ce que la société présente de plus méfiant, de plus individualiste, sont surtout à l’heure des tendances les plus inquiétantes de notre vie sociale, et en retard s’il s’agit de la compréhension de ce qui va dans le sens du retour au sens, à la solidarité et à l’engagement : voici qui concilierait la critique de ces acteurs, et l’idée qu’ils ne sont pas totalement hors-sol.

* Michel Wieviorka est sociologue, président de la Fondation Maison des sciences de l’homme (FMSH) – Université Sorbonne-Paris-Cité (USPC).

The Conversation

L’ex-commissaire européenne Neelie Kroes dirigeait une société offshore

Neelie Krooes, commissaire à la concurrence entre 2004 et 2009, n’a pas déclaré qu’elle dirigeait une société offshore aux Bahamas, lors de son entrée en fonctions. D’autres dirigeants mondiaux ont également administré des structures dans ce paradis fiscal, selon Le Monde.

Après les « Panama Papers », place aux « Bahamas Leaks ». Cinq mois après une première salve de révélations sur le monde opaque des paradis fiscaux, le Consortium international des journalistes d’investigation (CIJI) a eu accès à de nouveaux documents confidentiels. Initialement obtenus par le Süddeutsche Zeitung, ils portent sur 175 480 structures offshore enregistrées aux Bahamas entre 1990 et 2016, indique Le Monde, co-auteur de l’enquête.

Plusieurs personnalités sont mises en cause dans cette nouvelle affaire. A commencer par Neelie Kroes, ancienne commissaire européenne à la concurrence. En poste de 2004 à 2009, elle a dirigé entre 2000 et 2009, de Mint Holdings Limited, une société enregistrée aux Bahamas. Selon Le Monde, la Néerlandaise n’aurait jamais déclaré cette société à Bruxelles dans ses déclarations d’intérêts, une omission contraire à la réglementation. Elle affirmait en outre avoir abandonné tous ses mandats avant son entrée en fonction.

Une « erreur administrative », selon Neelie Kroes

Contactée par le journal, Neelie Kroes assure que cette société n’a « jamais été opérationnelle », invoquant une « erreur administrative »: sa présence comme directrice sur le registre de la société aurait dû être supprimée en 2002.

La société Mint Holdings Limited soulève en outre plusieurs questions. Enregistrée en 2000, elle « aurait dû servir à une grosse opération financière qui consistait à racheter plus de 6 milliards de dollars d’actifs à la branche internationale énergie d’Enron », souligne Le Monde. L’opération, qui devait être principalement financée par des investisseurs émiratis et saoudiens, a finalement avorté.

Plusieurs dirigeants mondiaux évoqués

Cet épisode dans la carrière de Neelie Kroes n’est pas anodin. En tant que commissaire européenne à la concurrence, elle a travaillé sur la libéralisation du marché de l’énergie, dans lequel évoluait Enron et de nombreux acteurs du Proche et Moyen-Orient. S’il elle avait déclaré cette société offshore à Bruxelles, elle n’aurait peut-être pas pu entrer en fonctions. Autre problème: la société Mint Holdings Limited aurait eu des activités réelles à partir de 2005.

Outre Neelie Kroes, d’autres dirigeants mondiaux sont désignés par cette fuite de données comme dirigeants de sociétés offshores. Le ministre des finances canadien Bill Morneau et l’ancien émir du Qatar Hamad ben Khalifa Al-Than sont cités, tout comme l’ancien premier ministre de Mongolie Sükhbaataryn Batbold.

Piaget Polo S, un pari inattendu

Piaget joue gros. Pour sa nouvelle Polo S, la manufacture délaisse la règle de la maison établie en 1957 : n’utiliser que de l’or et du platine pour ses montres et bijoux, et concevoir des calibres toujours plus plats. Pour conquérir une clientèle plus jeune, plus sportive, sur un segment de prix plus accessible, Philippe Léopold Metzger, son directeur général, a opté pour un garde-temps en acier et un design dépouillé. Déclinée en cinq modèles unisexe, la nouvelle collection entend renouer avec le succès qu’avait remporté sa grande sœur outre-Atlantique. Créée en 1979, la Polo avait connu son heure de gloire à New York en 1985, lorsque l’équipe de polo descendit à cheval la 5e Avenue.

© Prx Prx dr

Deux mouvements

Plutôt qu’une réédition, la manufacture a choisi de repenser la montre pour lui donner davantage de modernité. Au risque de ressembler à ses concurrentes s’il n’y avait pas la « patte » Piaget : le dessin du cadran en forme de coussin lové dans un boîtier rond de 42 millimètres, un fond laissant entrevoir les deux mouvements conçus spécifiquement pour la collection et un bracelet aux maillons méticuleusement assemblés.

Une simple parenthèse dans l’histoire de Piaget ? La marque s’est construite en effet sur l’association de la joaillerie et de mouvements extraplats. Cette expertise, dès les années 60, donne aux créateurs de la maison une grande liberté esthétique. Piaget sera parmi les premières manufactures à introduire des boîtiers de forme, des pierres dures ou semi-précieuses sur ses cadrans ou à marier l’émaillage, la peinture miniature, le guillochage… Des œuvres magnifiées par la production de ses propres bracelets en or, devenus sa signature stylistique et une référence dans le monde horloger. Comme l’illustre encore cette année la Limelight Gala. La montre a été équipée pour la première fois d’un bracelet en maille milanaise. De là à la joaillerie, il n’y a qu’un pas que la maison franchit allègrement avec la sortie de pièces uniques ou de séries limitées, qu’elles aient pour nom Possession, Extremely ou Rose Passion. Au fil des années, la manufacture édifie à Plan-les-Ouates l’un des plus grands ateliers de haute joaillerie de la place de Genève.

La Polo, la première montre en acier développée par Piaget : la Limelight Gala habillée d’un bracelet en maille milanaise; et l’Altiplano, la montre mécanique la plus plate au monde.  © DR

Le maître de l’extraplat

Mais le groupe n’en délaisse pas pour autant son métier premier, l’horlogerie. A la manufacture de La Côte-aux-Fées, là où Georges-Edouard Piaget conçut dès 1874 ses premiers mouvements, le groupe mettra au point dès 1957 un calibre manuel n’affichant que 2 millimètres d’épaisseur, puis en 1960 un calibre automatique de 2,3 millimètres et, plus récemment, le tourbillon et la répétition minutes les plus plats au monde. Enchaînant les records, le maître de l’extraplat a ainsi conçu plus de 25 calibres, dont certains ne nécessiteront pas moins de 250 heures de travail uniquement pour la décoration.