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Sonia Rykiel : mort d’une femme affranchie

Reconnaissable entre mille, la mode de Sonia Rykiel aura préfiguré la libération du corps des femmes dans sa version chic et désinvolte, très germanopratine. Surnommée la reine du tricot, la couturière parisienne a indéniablement inscrit son style dans l’histoire de la mode, instaurant la désormais célèbre « allure Rykiel ». Son décès, qui intervient en pleine polémique sur le burkini, a d’ailleurs donné l’occasion à François Hollande de rendre hommage à une « femme libre, une pionnière qui a su tracer sa voie ». Sonia Rykiel « a inventé non seulement une mode, mais aussi une attitude, une façon de vivre et d’être, et offert aux femmes une liberté de mouvement », a ajouté le chef de l’État, qui avait élevé la créatrice au rang de Grand Officier de l’Ordre national du mérite en novembre 2013.

Retour sur le parcours d’une femme affranchie.

REGARDEZ Sonia Rykiel dans « Des mots de minuit » en 2009…

Les débuts d’une autodidacte

Sous son invariable frange rousse automne et son carré légèrement frisotté, cette Parisienne aux accents russo-roumains est devenue une légende de la mode par le plus grand des hasards. Mariée à Sam Rykiel en 1954, propriétaire de Laura, une boutique de vêtements du 16e arrondissement, la jeune autodidacte tricote innocemment ses premiers pull-overs, qui sans qu’elle s’en doute deviendront sa marque de fabrique. N’ayant reçu aucune formation de styliste – et les pull-overs étant jusque-là plutôt déconsidérés –, Sonia Rykiel demande à l’un des fournisseurs de son mari de lui créer un pull court, confortable, pratique et discret pour son usage personnel.

La couverture de « Elle » en 1963. Françoise Hardy en pull Rykiel © Elle

La jeune femme l’ignore, mais à travers cette requête, c’est l’allure Rykiel qui est en train de naître : un style chic et décontracté, alliant désinvolture et élégance. Rapidement, la styliste en herbe se découvre une véritable vocation et parvient à se faire connaître. De fil en aiguille, les acheteuses se manifestent et, en 1963, le magazine ELLE met à la une Françoise Hardy habillée d’une fine maille Rykiel rayée de rose et de rouge. C’est la consécration ! Audrey Hepburn en personne cède à la tentation « Rykiel » et la première boutique Sonia Rykiel voit le jour rive gauche, au 6 rue de Grenelle, à quelques pas du domicile de la couturière à Paris.

Carton

À travers la réhabilitation du bon vieux pull-over, Sonia Rykiel met au goût du jour une mode nouvelle, dédiée aux femmes libres et actives. Des créations plus réalistes que les tailleurs étriqués, les tops aux carrures surdimensionnés ou les infamants corsets. À l’affiche : pulls-chaussettes, mailles fines, tricots fluides laissant découvrir une épaule… Jamais rassasiée par la nouveauté, la couturière lance la célèbre « démode » dans les années 75 : une mode à contre-courant qui met à l’honneur coutures et ourlets pour toujours plus de liberté d’évolution dans le vêtement. À cette époque, le noir, le rose, les rayures, les paillettes et les messages sur pull-overs caractérisent la mode de la couturière germanopratine. Le succès est au rendez-vous et les boutiques s’ouvrent aux quatre coins du monde.

FASHION-RYKIEL-5 © PIERRE VERDY AFPFASHION-RYKIEL-5 © PIERRE VERDY AFP
Sonia Rykiel  et ses mannequins en 1998 fête ses 30 ans de carrière © PIERRE VERDY AFP

Enfin précurseur – et peu snob –, la rousse mutine se risque avec l’une des premières collaborations en 1977 en s’associant avec la marque Les 3 Suisses. Résultats des courses : un véritable carton ! Victime de son succès, la pétulante couturière s’embarque toujours dans de nouvelles aventures (parfum, collection pour enfant, ligne de chaussures, collection homme…) avant de passer le flambeau à sa fille, Nathalie, qui l’épaule depuis l’âge de vingt ans.

Enfin à ceux qui pensent que la mode est un univers sans pitié où chaque créateur – mégalo, forcément – tente un peu plus chaque jour de tirer la couverture en orylag à lui, Sonia Rykiel prouve le contraire. En 2008, loin de l’arrivisme, une quarantaine de créateurs (Jean Paul Gaultier, Ralph Lauren, Martin Margiela …) se sont donné rendez-vous pour fêter les quarante ans de carrière de la petite dame rousse autour d’un défilé anniversaire surprise. Une façon de rappeler que les grands êtres rassemblent.

Le « blast » de Sarkozy souffle Juppé, mais gonfle Hollande et Le Pen

Depuis sa déclaration de candidature le 22 août, l’ex-président de la République applique la stratégie dite du « blast », soit une omniprésence médiatique censée asphyxier ses concurrents. Sur Hypermind, ses effets sont mitigés.

Il y a une semaine, Nicolas Sarkozy et Alain Juppé étaient déjà au coude-à-coude pour remporter la primaire de la droite, avec environ 40 % de chances chacun. Pendant le week-end, la cote de Nicolas Sarkozy avait ensuite pris l’avantage, se stabilisant autour de 45 %, tandis que celle d’Alain Juppé tombait autour de 37 %. Mais cet avantage s’estompa complètement en milieu de semaine, et le passage de Nicolas Sarkozy au journal de 20 heures de France 2 semble même avoir contribué à redonner l’avantage au maire de Bordeaux : il aurait aujourd’hui 45 % de chances de l’emporter, contre 41 % pour l’ex-président de Républicains. La stratégie de ce dernier n’a donc pas encore convaincu le marché de son efficacité.

© Copyright (c) 1998 Hewlett-Packard Company

Juppé perd 5 points

En revanche, les attaques virulentes de Nicolas Sarkozy et de ses lieutenants, notait François Baroin, contre « l’identité heureuse » d’Alain Juppé annoncent une campagne primaire violente qui risque d’abîmer les chances de ce dernier à l’élection présidentielle s’il devait remporter la primaire. Ainsi, les chances d’Alain Juppé à l’élection présidentielle sont passées de 33 %, avant l’annonce de candidature de Nicolas Sarkozy, à 28 % aujourd’hui. Une perte de 5 points qui ne semble pas profiter à ce dernier puisque ses chances à lui sont restées stables, avant et après, à 25 %. Ironiquement, ce sont François Hollande et Marine Le Pen qui récupèrent les points perdus par Alain Juppé, le premier gagnant 3 points (10 % avant le blast sarkozyste, 13 % après) et la seconde gagnant 2 points (11 % avant le blast, 13 % après).

Après une nuit chez Lactalis, les producteurs de lait entre espoir et résignation

Changé (France) – « On a eu un contact mais on marche sur des oeufs », a assuré à l’AFP Philippe Jéhan, président de la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA) de Mayenne, à son retour mardi matin de la traite des vaches.

Présent une grande partie de la nuit aux côtés de près de 400 agriculteurs qui ont répondu à l’appel des FDSEA (syndicat majoritaire) et Jeunes Agriculteurs (JA) de l’Ouest, il poursuit le blocage du rond-point rebaptisé « la honte du lait« , situé à l’entrée de l’usine Lactalis pour « maintenir la pression« .

« Une main a été tendue« , reconnaît aussi Pascal Clément, président de la section laitière de la Fédération régionale des syndicats agricoles (FRSEA) du grand Ouest.

« Ca commence à discuter mais l’écart reste énorme » quant au prix du lait, tempère-t-il toutefois, assurant que les agriculteurs « seront encore là ce (mardi) soir« .

De ce contact, on n’en saura pas plus. « Ce sont des préparations » en vue d’une réunion, souligne sans autre détail Philippe Jéhan.

Près de 200 agriculteurs, avec en tête de cortège ceux du Pays de la Loire, ont assuré mardi en début d’après-midi la relève des éleveurs mayennais qui ont assuré le siège devant le géant laitier toute la nuit.

Dans un décor de ferme improvisé, trois vaches laitières se promènent sur le rond-point, entourées de bottes de foin et d’une dizaine de tracteurs sous une chaleur étouffante.

– ‘peur pour les jeunes’ –

Pour se protéger du soleil, les agriculteurs se sont réfugiés sous le chapiteau dressé par les JA la veille.

Parmi eux, un couple de vendéens « en colère et déprimé« , a interrompu ses vacances pour apporter son soutien. En contrat avec Lactalis, « il ne travaille que pour payer ses factures« .

« Cette année, j’ai fait mes comptes, je n’ai plus de réserve, je puise dans ma trésorerie personnelle, jusqu’à ce que je n’aie plus rien« , dit l’agriculteur de 55 ans.

A quelques années de la retraite, il avoue « avoir peur pour les jeunes« . « Je m’en tire à peu près grâce à mes réserves mais quand je vois les jeunes qui viennent d’investir plus de 200.000 euros, comment vont-ils faire ‘, s’interroge-t-il.

Cette somme, c’est le montant du prêt de Pierre, un Breton de 20 ans tout juste installé dans le Morbihan. Il produit 500.000 litres de lait avec ses 60 vaches laitières et ne « sait plus quoi faire« .

Autour de lui, des agriculteurs plus anciens tentent tant bien que mal de le rassurer mais à demi-mot, le Breton dit « regretter son choix« .

« On nous promettait plus de 300 euros les 1.000 litres de lait, on est loin du compte!« , dit-il amer. Acculé par les dettes, il vit de 400 euros, et ne voit « aucune embellie« . « On ne sait pas où on va, c’est encore plus grave« , poursuit-il.

Loïc, lui, a passé la nuit dans son tracteur, posté près de l’usine Lactalis; « déterminé à rester le temps qu’il faut« . Producteur depuis plus de 20 ans, il est venu exprimer son « ras-le-bol« .

« Je suis né dans le métier, j’ai 54 ans, je n’ai jamais vu une crise aussi profonde« , déclare le Mayennais au bord des larmes.

« On fait ce métier par passion, c’est ce qui nous fait tenir car on aime notre métier, autrement on aurait jeté l’éponge« , confie-t-il avant de quitter le « rond-point de la honte du lait » pour retrouver son exploitation en attendant son prochain tour de garde.

L’histoire secrète des fruits : la pêche, l’aristocrate au sang chinois

Pourquoi « pêche » ? Ne cherchez pas trop loin, cette dénomination est tout simplement empruntée à la Perse. C’est Alexandre le Grand qui, dit-on, aurait rapporté ce magnifique fruit d’origine chinoise. Son nom savant est encore plus explicite : Prunus persica. Le pêcher appartient à la grande famille des Rosaceae qui comprend, entre autres, l’aubépine, le prunellier, l’églantier (donc le rosier) mais aussi le fraisier, la pimprenelle et la reine-des-prés.

En France, le pêcher est cultivé depuis le Moyen Âge ; des noyaux ont été même découverts dans des dépôts remontant à l’époque gallo-romaine. Pendant longtemps, la belle à la peau de velours est restée un fruit de luxe, réservé à l’aristocratie. Louis XIV l’adorait. Son jardinier en cultivait une quarantaine d’espèces à Versailles. Il y avait la « Grosse Mignonne », la « Belle de Chevreuse », la « Téton de Vénus ». C’est à cette époque que débute la culture en espalier, à Montreuil. Les vergers étaient alors divisés en petites parcelles entourées d’un mur recouvert de plâtre pour augmenter son inertie thermique. Un petit toit protégeait les fruits des pluies de printemps. Dans ces parcelles isolées, la température pouvait gagner une dizaine de degrés. Les pêchers étaient greffés sur des amandiers porte-greffe plus adaptés aux sols calcaires. Les jardiniers brossaient leurs pêches avec une brosse en poils de porc pour supprimer le duvet. Après avoir conquis la table du Roi-Soleil, les pêches de Montreuil gagnèrent les tables royales d’Angleterre et de Russie.  

Montebourg sera « sans doute » candidat dès dimanche à Frangy-en-Bresse

Après Benoît Hamon, Arnaud Montebourg ? Selon son porte-parole, l’ex-ministre du Redressement productif pourrait profiter du rassemblement qu’il organise chaque été à Frangy-en-Bresse (Saône-et-Loire) ce dimanche pour annoncer sa candidature à la présidentielle 2017. « Le moment est venu de faire tomber les masques et d’afficher une offre politique pour le pays », a déclaré François Kalfon sur France Info. Pressé de questions sur l’hypothèse de la déclaration de candidature d’Arnaud Montebourg, François Kalfon a répondu : « Sans doute que ce sera dimanche à Frangy-en-Bresse. »

Arnaud Montebourg, a-t-il poursuivi, « est là pour incarner une alternative ». En « l’état actuel de l’opinion, François Hollande, compte tenu des problèmes récurrents d’impopularité lourde, peut être battu » à la primaire de la gauche, a-t-il estimé. Le futur candidat sera notamment attendu sur « la question du bloc régalien, comment on fait une République ensemble », poursuit François Kalfon sur i>Télé.

Montebourg à la primaire ?

L’ancien ministre participera-t-il à la primaire ? « Encore faut-il que celle-ci soit sincère et transparente » et que François Hollande, « le candidat officiel qui n’a rien d’un candidat naturel soit alors en mesure de se présenter » avec son « bilan qui est plutôt un échec », a répondu le porte-parole d’Arnaud Montebourg, tout en fustigeant « un petit fumet pas très sympathique de petits arrangements pour garder le manche ».

Arnaud Montebourg, « à la veille du scrutin (de la primaire de 2011), était crédité par tous les instituts de sondage de 8 % et a fait près de 17 %, plus que trois fois plus que le Premier ministre actuel » Manuel Valls, a-t-il dit. À ce jour, il est selon son porte-parole « la personnalité de gauche la plus à même d’affronter (…) Nicolas Sarkozy ou Alain Juppé » car il faut « qu’une incarnation, qu’une personne, qui connaisse à la fois les affaires de l’État, qu’il soit fidèle à ses convictions, puisse se présenter face aux Français ». L’ancien ministre a été devancé mardi par la candidature de Benoît Hamon, « un ami » avec qui il partage « 95 % des analyses », précise François Kalfon sur iTélé.

Outre les deux anciens ministres, la frondeuse Marie-Noëlle Lienemann, l’écologiste François de Rugy et le président du Front démocrate Jean-Luc Bennahmias ont déjà annoncé leur candidature à la primaire de la Belle Alliance populaire (BAP), qui réunit le PS et ses alliés.

Wall Street ouvre en légère hausse, aidée par le pétrole

New York – Wall Street a ouvert en légère hausse lundi et évoluait proche de records, la bonne tenue des cours du pétrole aidant les investisseurs à oublier des actualités économiques peu engageantes dans le monde: le Dow Jones gagnait 0,36% et le Nasdaq 0,40%.

Vers 14H00 GMT, l’indice vedette Dow Jones Industrial Average gagnait 67,39 points à 18.643,86 points, passant des niveaux jamais atteints en séance, et le Nasdaq, à dominante technologique, 20,67 points à 5.253,57 points. L’indice élargi S&P 500 avançait de 5,42 points, soit 0,25%, à 2.189,47 points.

Vendredi, la Bourse de New York avait fini en ordre dispersé après des indicateurs économiques moins bons qu’attendu: le Dow Jones avait concédé 0,20% à 18.576,47 points, alors que le Nasdaq avait établi de peu un record pour le deuxième jour consécutif en prenant 0,09% à 5.232,89 points.

Désormais, Wall Street monte et reste proche de niveaux sans précédent, « comme les cours du pétrole donnent un soutien aux marchés en poursuivant leur rebond« , ont écrit les experts de la maison de courtage Charles Schwab.

Déjà en hausse la semaine précédente, le marché du pétrole reste encouragé par la perspective de discussions entre l’Arabie saoudite et la Russie, dans un contexte d’interrogations sur une possible stabilisation de l’offre.

Ce facteur encourageant aide Wall Street à monter « malgré des inquiétudes persistantes sur la croissance mondiale à la suite d’un chiffre décevant sur le produit intérieur brut (PIB) japonais« , ont souligné les experts de Charles Schwab.

Après une croissance de 0,5% au premier trimestre, l’économie japonaise a fait du surplace au printemps sur fond de frilosité des entreprises à investir.

L’actualité macroéconomique ne semblait guère plus enthousiasmante aux Etats-Unis, où le principal indicateur du jour, sur l’activité de la région de New York, s’est révélé décevant avec une nette contraction de l’activité en août.

« Le chiffre principal est décevant (…) mais cela contraste avec presque toutes les composantes« , ont relativisé dans une note les économistes de Pantheon Macro, notant par exemple l’évolution encourageante des nouvelles commandes.

« En d’autres termes, l’activité économique va bien mais les entreprises restent inquiètes, peut-être parce qu’elles attendent de voir les conséquences pour leurs exportations des suites du référendum sur le +Brexit+« , lors duquel les Britanniques ont voté fin juin pour sortir de l’Union européenne (UE), ont-ils conclu.

– Xylem monte –

Parmi les valeurs, le fond immobilier Post Properties bondissait de 8,41% à 67,45 dollars après l’annonce de son rachat pour plus de trois milliards de dollars par son concurrent Mid-America Apartment Communities, qui plongeait de 5,70% à 96,33 dollars.

Autre acquisition notable, Xylem, spécialiste du traitement de l’eau, prenait 2,81% à 49,81 dollars après l’annonce du rachat pour près de deux milliards de dollars du fabricant d’appareils de mesure Sensus, non coté.

Le réseau social Twitter s’adjugeait 3,75% à 20,27 dollars après un article du New York Times selon lequel il discute avec le groupe informatique Apple (+0,76% à 109,00 dollars) d’une collaboration dans la diffusion d’événements sportifs.

Le marché obligataire baissait, le rendement des bons du Trésor à 10 ans montant à 1,539%, contre 1,509% vendredi soir, et celui des bons à 30 ans à 2,264%, contre 2,228% auparavant.

NasdaqNyse

Campari, un secret bien gardé

Une faille spatio-temporelle vient d’être signalée à Milan. Pour les réfractaires à la science-fiction, on désigne ainsi un trou béant dans le présent qui, si l’on y tombe, renvoie à un passé plus ou moins lointain et, en l’occurrence, plus ou moins liquide. Marcher sous les arcades de la piazza del Duomo, pousser la vieille porte en bois du Caffè Camparino et saluer dans un italien – même imparfait – les serveurs impeccables en veste blanche catapulte le visiteur au début du siècle dernier.

C’est entre ces murs que, après un concert à la Scala toute proche, chanteurs d’opéra, écrivains, hommes politiques et bourgeois milanais venaient étancher leur soif en bonne compagnie. Puccini, Verdi, Toscanini ou le peintre Boccioni passèrent des heures indolentes sous la lumière vive des lampes Art nouveau, admirant dans les vapeurs d’alcool et de cigarette la curieuse mosaïque au perroquet. Depuis 1915 et sans discontinuer, cette maison est célèbre pour servir à l’exacte température le Campari soda, un apéritif carmin, mélangé à de l’eau de Seltz glacée.

Droit comme un i dans son costume ajusté, Orlando Chiari (82 ans) et sa femme, Teresa (même âge) – la fille de Guglielmino Miani, tailleur originaire des Pouilles qui a repris le bar mythique dans les années 60 –, sont les gardiens de ce temple dédié au dieu Campari. « C’est ici que l’histoire de ce grand groupe italien de spiritueux a débuté, assure le vieil homme à l’allure de Don Fabrizio dans Le Guépard de Visconti. Il fait partie du patrimoine de Milan, la ville qui a inventé le concept même d’apéritif. » En ce jour d’été suffocant, Milanais et voyageurs s’égaient avec leurs verres de toutes les couleurs. Le rouge sang du Campari, liqueur de plantes à base d’herbes amères et de fruits baignés dans l’alcool ; l’ambré des cocktails americano ou negroni ; l’orange du Spritz, un autre bitter (amer) fabriqué à base de gentiane, de rhubarbe et de racines.

Apprenti herboriste

Élixir. Gaspare Campari entouré de sa famille. Ce fils de paysans pauvres  du Piémont, apprenti herboriste, a concocté en 1860 la recette du fameux breuvage amer. © DR

Gaspare Campari est un fils de paysans pauvres du village de Novara (Piémont). Il travaille dès ses 15 ans dans un café à Milan, puis ouvre une petite boutique de spiritueux. Apprenti herboriste, il met au point en 1860 – un an avant la création de la République italienne – une boisson amère au degré d’alcool modéré. Aujourd’hui, la recette du Campari demeure aussi secrète que celle du Coca-Cola. Pour écouler sa production plus facilement, Gaspare inaugure rapidement un bar à son nom, en face de son commerce, dans la Galleria Vittorio Emanuele II. Le 14 novembre 1867, dans l’appartement situé au-dessus de l’échoppe, naît Davide – le quatrième fils. C’est lui qui transformera le patronyme familial en groupe de spiritueux. Il invente l’apéritif en bouteilles individuelles et construit la première usine, à Milan, en 1892. Il parvient même à exporter le Campari en Europe. La légende veut qu’il ait converti la France à la faveur d’une tournée avec sa maîtresse, soprano de la Scala.

De modeste producteur italien d’un unique breuvage le Gruppo Campari est devenu la sixième entreprise mondiale de spiritueux. Les Campari ne sont plus partie prenante de l’aventure – la dynastie s’est éteinte en 1984. C’est une autre famille, les Garavoglia, héritiers d’un ex-directeur général, désormais actionnaire majoritaire. Cotée à la Bourse de Milan depuis 2001, cette société lombarde est devenue une multinationale, forte d’un chiffre d’affaires de 1,6 milliard d’euros. Elle a connu une croissance fulgurante depuis vingt ans, passant de 5 à 19 filiales à l’étranger et multipliant les acquisitions : Cinzano (Vermouth), Skyy (vodka), Spritz Aperol, Wild Turkey (bourbon), Appleton Estate (rhum). Le 1er juillet, Campari bouclait également le rachat de Grand Marnier (triple sec) pour 680 millions d’euros. « Notre spécialité consiste à faire renaître des marques iconiques, qui n’ont pas eu l’attention et l’amour qu’elles méritaient et sont devenues un peu poussiéreuses. »

Gardien. Orlando Chiari possède le Caffè Camparino, bar mythique dédié au Campari. © Nicolas TARANTINO ZUMA-REA

Celui qui s’exprime ainsi, dans un français plus que parfait, reçoit dans une salle de réunion du QG ultradesign de Campari, à Sesto San Giovanni, banlieue de Milan. C’est ici que la première usine fut édifiée, jouxtant la maison de maître de Davide Campari. Ce qui lui permettait au passage de s’installer sur une chaise devant chez lui pour observer, le soir, ses ouvriers quitter les lieux. Un employé à la démarche titubante était illico soupçonné d’avoir « goûté » la production. Robert Kunze-Concewitz, 49 ans, est directeur général de Campari depuis bientôt dix ans et, comble de l’étrangeté, n’est pas… italien. Il est né à Istanbul, y a fait sa scolarité au lycée français Pierre-Loti, a la nationalité autrichienne, a étudié à New York, travaillé à Paris, à Rome et à Londres pour Procter & Gamble, et vit dans la péninsule.

Coup de génie

« J’ai une vie extrêmement pénible… Je passe mon temps à boire des verres sous toutes les latitudes, s’amuse celui qui se fait appeler Bob. C’est intéressant, car on assiste à un renouveau des cocktails, notamment des grands classiques qu’on pensait démodés. » Le coup de génie de « Bob » Kunze-Concewitz se nomme Spritz Aperol. La folie autour de ce liquide orange – qui a envahi les bars de New York, Londres, Paris ou Shanghai – est le fruit d’une stratégie marketing réglée à la bulle près. Voici l’histoire : le Spritz se consomme depuis les années 20, mais exclusivement en Vénétie. Rien dans le reste de la Botte…

Identité. Affiche publicitaire, signée Leonetto Cappiello, en 1921. © DR

En 2003, le groupe Campari met la main sur Aperol. « C’est alors une marque régionale. Plus des trois quarts de son chiffre d’affaires sont réalisés dans trois villes : Venise, Padoue et Trévise. En moyenne, leurs habitants buvaient cinq Spritz par jour ! » Le boss autrichien veut « lancer son liquide » dans toute l’Italie, puis dans le monde entier. Opération ravalement de style. Le Spritz sera désormais servi dans un immense verre ballon (à la place du verre à whisky). « Il fallait mettre en valeur cette couleur orange qui est fantastique », explique Kunze-Concewitz. Seconde étape : fixer un prix (entre 8 et 10 euros) qui positionne le Spritz entre « une bière premium et un cocktail du type margarita. » Troisième étape : identifier quelques bars dans les quartiers les plus branchés des villes cibles. Par exemple, Shoreditch, dans l’est de Londres, ou Le Pavillon du lac, dans le parc des Buttes-Chaumont (Paris 19e).

En moyenne, les habitants de Venise, Padoue et Trévise buvaient cinq Spritz par jour ! Le DG de Campari

Les envoyés spéciaux de Campari dispensent alors de courtes formations aux barmen du cru, leur enseignant l’art de réaliser le Spritz (de la glace, trois doses de prosecco, deux doses d’Aperol et un trait d’eau gazeuse). Le pari : que l’engouement pour le cocktail se propage subtilement mais sûrement, depuis les élites branchées jusqu’au commun des mortels. En dernier lieu, Campari dégaine sa publicité pour Aperol et investit les grandes surfaces. Le Spritz est ainsi entré « dans les foyers »… « Il s’agit d’une stratégie de longue haleine. L’intégralité du processus dure sept ans. » Mais Kunze-Concewitz n’a pas fini de presser sa pépite orange. Son prochain objectif consiste à désaisonnaliser sa consommation. « Pourquoi ne boire du Spritz qu’en été ? Cela n’a pas de sens… » assure-t-il. Et la France ? « Le Spritz a été lancé il y a quatre ans. Mais quand je me suis promené à Paris en juin, j’espérais voir encore plus d’orange sur les terrasses… En même temps, cela prouve qu’il y a encore une belle croissance à venir. On double déjà nos chiffres tous les ans en France ! »

Pépite orange. Le Spritz, véritable succès commercial. © Nicolas TARANTINO ZUMA-REA

Primaire du PS : Benoît Hamon bientôt candidat ?

Benoît Hamon, l’ex-ministre de l’Éducation, désormais figure de la fronde au PS, tentera-t-il de devenir président de la République ? En tout cas, sa candidature à la primaire du PS, première étape avant le scrutin de 2017, semble être « plus que probable », titre Le Journal du dimanche.

« Il a mis du temps, mais il ira jusqu’au bout »

L’hebdomadaire fait le point ce 14 août sur les derniers préparatifs du camp Hamon avant une grande annonce prévue entre le 27 et le 28 août, lors d’un rassemblement à Saint-Denis. L’intitulé des invitations laisse en effet peu de place au doute : « Rassemblement pour gagner en 2017. » Et cette victoire ne se fera certainement pas avec François Hollande.

Comme le souligne le JDD, Benoît Hamon dresse dans son invitation un constat qui rend impossible toute candidature du président sortant : « Au terme d’un quinquennat déboussolé, la gauche est sans repère, éclatée entre deux camps qui s’estiment irréconciliables […] Les électeurs de gauche n’ont pas à endosser l’impopularité d’un gouvernement qui a échoué, de la loi travail à la déchéance de la nationalité, parce qu’il s’est rallié aux axiomes de ses adversaires. » En bref, le PS est au bord de la déchirure et il faut quelqu’un capable de rassembler pour le guider dans la campagne présidentielle. D’après les proches de Benoît Hamon, il ne fait plus aucun doute que l’intéressé veut désormais incarner ce rôle de leader providentiel, même si cela n’a pas toujours été le cas : « Il a mis du temps, mais il ira jusqu’au bout. »

Hamon contre Montebourg, le duel des anciens ministres frondeurs

Et le bout de la course, pour Benoît Hamon, ça peut très bien être la primaire PS. En effet, pour aller plus loin, il lui faudrait s’imposer face à plusieurs candidats plus ou moins déclarés. Parmi eux, on trouverait bien sûr François Hollande, mais aussi Gérard Filoche et Marie-Noëlle Lienemann sur l’aile gauche, ainsi qu’Arnaud Montebourg qui a commencé à avancer ses pions depuis mai, avec son discours du mont Beuvray. C’est sans doute l’adversaire le plus redoutable de Benoît Hamon, puisqu’il symbolise lui aussi un lien entre les deux camps du PS. À la fois ancien ministre du quinquennat Hollande et opposant au gouvernement Valls, Arnaud Montebourg pourrait s’attirer les faveurs des électeurs socialistes. Mais d’après le député Mathieu Hanotin, qui gère la précampagne du bientôt-candidat Hamon, Montebourg ne fait pas l’unanimité chez les partenaires potentiels du PS. « Nous, on est capable de rassembler l’ensemble de la gauche, alors que les écolos ne veulent pas entendre parler de Montebourg. » Hamon offre aussi une approche plus sociale de la politique de gauche, alors que son rival est plus centré sur l’aspect économique.

En attendant de voir si ces arguments vont convaincre les votants de la primaire socialiste, Benoît Hamon met toutes les chances de son côté et peaufine les différents aspects de sa campagne, notamment l’aspect financier. En coulisse, le 22 juillet dernier, il a déposé avec ses proches les statuts de l’association Les Amis de Benoît Hamon. Une structure destinée à « recueillir les fonds destinés au seul financement du parti politique Association Elpis », qui lui permettrait de faire campagne.

Relance: l’Italie à la recherche d’une nouvelle entente avec l’UE

Rome – L’Italie est à la recherche d’une nouvelle entente avec l’Union européenne pour relancer son économie en panne avec la mise en place d’un budget expansionniste en 2017, a indiqué samedi le ministre du développement économique .

Les propos du ministre, M. Carlo Calenda, interviennent trois mois après que Rome se soit vu accorder une marge de manoeuvre « sans précédent » sur son budget 2016 et que la Commission européenne lui ait enjoint de resserrer sa politique budgétaire l’année prochaine.

Le ministre s’exprimait au lendemain de la publication par Eurostat d’une note montrant que l’économie italienne n’a pas réussi à se développer entre le premier et le deuxième trimestre de cette année.

Les analystes prévoient que le gouvernement va maintenant devoir réviser à la baisse ses prévisions de croissance de 1,2% cette année et de 1,4% en 2017, avec un effet d’entraînement sur ses plans de réduction du déficit budgétaire.

« Le Trésor présentera une mise à jour de ces chiffres en septembre. Je ne peux pas cacher que la marge de manoeuvre est serrée« , a affirmé M. Calenda au quotidien de Turin La Stampa.

« Nous sommes en train de discuter avec l’Europe comment aborder l’absolue nécessité de stimuler les investissements publics et privés« .

Le ministre a reconnu implicitement que cela pourrait signifier un déficit budgétaire 2017 plus élevé que prévu précédemment, pouvant aller jusqu’au plafond de 3%, limite fixée par les règles européennes.

La Commission a fixé à l’Italie un objectif de déficit budgétaire de 1,8% pour 2017, arguant que ce genre d’ajustement est nécessaire pour inverser la tendance à la hausse de l’énorme dette du pays qui a atteint 2.250 milliards d’euros en juin.

« Nous avons l’intention de respecter les règles, mais nous nous battons aussi pour les changer« , a poursuivi le ministre pour qui « l’infranchissable limite est la dette, qui ne peut pas augmenter« .

« Nous avons déjà obtenu beaucoup de flexibilité et nous avons l’intention de demander plus, le maximum possible, mais toujours dans les règles« , a-t-il ajouté.

Pokémon Stop : pas suffisant au volant

Jouer ou conduire, il faut choisir. Mais, en réalité augmentée, la nouvelle fébrilité des adeptes du jeu de Niantic pousse à tous les débordements. Nous le signalions ici même dès les débuts du jeu en France : les accidents de la circulation se sont multipliés. À cela, une bonne raison : plus la vitesse de déplacement est élevée, plus les accros du jeu néo-rétro ont de chances d’attraper les virtuels Pikachu, Bulbizare et autres Carapuce. Ceux-ci se cachent un peu partout dans le monde réel et plus on parcourt de terrain, plus on a de chances d’en capturer, voire de dénicher un spécimen rare. « Les transports – voitures, motos, scooters, vélos – sont donc le moyen idéal d’augmenter son score rapidement. Certains joueurs confessent même prendre leurs véhicules dans l’unique but de chasser. »

Pokémon et conduite © DR

Devant la recrudescence des accidents, une mise à jour, réclamée notamment par les associations de sécurité routière, va permettre de signaler au joueur qu’il devrait abandonner le jeu alors que son véhicule s’est mis à rouler. Basée sur la fonction GPS qui enregistre un déplacement plus rapide que la marche à pied, la nouveauté fait automatiquement apparaître à l’écran une fenêtre pop-up indiquant qu’il n’est pas possible de jouer en conduisant un véhicule.

Fonction « passager »

Seulement voilà, cette nouveauté étant inspirée des logiciels GPS qui proposent la même fonction, il suffit pour faire sauter la barrière de cocher la case « je suis passager ». Pour faire un selfie, écrire un SMS, regarder une vidéo ou jouer à Pokémon GO. Même si c’est faux, la précision du GPS ne permet pas encore de vérifier si c’est la place droite ou la place gauche qu’occupe le joueur. De ce fait, excepté pour l’utile mise en garde, le dévot du Pokémon pourra continuer à jouer en toute impunité. Ou presque, car si l’accident qui pourrait survenir est grave et implique des dédommagements importants, l’enquête diligentée par les assurances permettra à coup sûr, en expertisant le téléphone de l’accidenté, de savoir s’il jouait au moment précis des faits. Le GPS et l’horloge continuent, en effet, d’enregistrer les paramètres des déplacements.

Pokémon Go au volant © DR


La responsabilité de l’éditeur Niantic serait ainsi dégagée de toute poursuite ultérieure, l’avertissement à l’usager ayant été fait au moment adéquat. Face à la multiplication des accidents et des infractions routières, Niantic reporte donc la responsabilité sur le joueur-conducteur, mais les adversaires de plus en plus nombreux de ce jeu addictif voudraient dépasser le simple avertissement. Ils prônent, en effet, une coupure pure et simple du jeu dès l’instant que le GPS du smartphone enregistre un déplacement plus rapide que celui de la marche. Car les automobilistes, en particulier les jeunes, les plus gros contributeurs aux accidents de la route (lire notre enquête), ne sont pas les seuls à faire fi des règles élémentaires de sécurité routière : les vélos, les deux-roues motorisés et les usagers des transports en commun continuent de « pokémoner » sans relâche. Mieux encore, de nombreux piétons, obnubilés par leur quête, oublient de lever les yeux de leur téléphone avant de traverser la route.

Forêt d’addictions

« Cette application transforme la route et la rue en un immense terrain de jeu sans se soucier du danger que cela représente », souligne Christophe Ramond, le directeur études et recherche de l’association Prévention routière. De son côté, l’association 40 Millions d’automobilistes, qui évalue à « 3,4 millions » le nombre de personnes « qui jouent au volant », souhaite également la création d’une « charte de responsabilité ». « Le jeu est bien fait et marrant, mais il joue sur la rareté et faire apparaître des Pokémon sur l’autoroute, c’est un peu un pousse au crime », souligne son directeur général, Pierre Chasseray. On pourra estimer que les conducteurs de véhicules à moteur devraient être totalement interdits de jeu et que les usagers des transports en commun y seraient toujours autorisés. Un raffinement du logiciel qui resterait à mettre au point et que Nantic ne semble pas décidé, pour le moment, à mettre en oeuvre.

Pokémon et conduite © DR

« Pokémon Go, c’est l’arbre qui cache la forêt d’un usage du téléphone addictif et délirant. Tout usage du téléphone au volant, que ce soit pour jouer, appeler ou envoyer des SMS, est dangereux », a rappelé le délégué interministériel à la Sécurité routière, Emmanuel Barbe. Captivés par l’apparition de cibles sur leurs portables, les joueurs oublient que l’usage du téléphone – même sans jouer – est passible de 135 euros d’amende et d’un retrait de trois points sur le permis. En attendant, sur les autoroutes fleurissent les panneaux d’avertissement invitant les usagers à lâcher leur Pokemon Go et à tenir le volant.