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A Nice, front familial entre Marine et Marion Le Pen

Marine Le Pen a fait un rêve : «Le 13 décembre, le FN gagnait des régions pour la première fois de son histoire, au premier rang desquelles la région Paca…». En meeting à Nice, la présidente du Front national a apporté un franc soutien à sa nièce, Marion Maréchal-Le Pen, tête de liste en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Sans allusion à la volonté de cette dernière de supprimer, en cas de victoire, les subventions régionales au planning familial – proposition maintenue par la députée, bien qu’elle ait suscité jeudi l’agacement de Marine Le Pen.

L’une dans le nord, l’autre dans le sud, les deux femmes sont les meilleures chances de victoire du parti d’extrême droite. Selon plusieurs sondages, toutes deux l’emporteraient largement au second tour en cas de triangulaires FN/LR/PS. Leur sort serait plus incertain en cas de désistement socialiste, les enquêtes d’opinion donnant alors le FN à égalité avec la droite. «Ce sera compliqué dans un duel face à Estrosi, mais pas impossible si nous arrivons à creuser un écart suffisant au premier tour», a jugé Marion Maréchal-Le Pen avant le meeting. Face à un millier de personnes enthousiastes, les orateurs n’ont pas ménagé leurs efforts pour amener les sympathisants frontistes aux urnes.

«Je veux dire aux électeurs de droite :ne vous laissez pas berner, a lancé Olivier Bettati, tête de liste dans les Alpes-Maritimes et lui-même ancien membre de l’UMP. Oui, il se prépare une alliance [entre LR et le PS] dans les sous-sols de la mairie de Nice. Le leader des Républicains est démasqué. […] Faites comme moi, […] tournez la page de ce monde de fantômes sans idées et sans convictions.»«Nos adversaires ne sont que des feuilles mortes, leur seule ambition est d’être dans le vent», a poursuivi Marion Maréchal-Le Pen, avant de laisser sa tante afficher sa confiance : «Ces victoires, je les vois encore plus importantes aujourd’hui qu’hier, s’est enflammée Marine Le Pen. La France est entrée dans une nouvelle ère. J’ai toujours pensé que des pires crises peuvent sortir des choix essentiels».

«Totem»

Plus tôt dans l’après-midi, Marion Maréchal-Le Pen avait maintenu sa proposition polémique de couper les subventions de la région au planning familial : «Il s’agit d’associations déjà largement subventionnées par l’ensemble des échelons, qui vivent en situation de rente, a jugé la députée FN devant la presse. Elles sont également très politisées, très à gauche, se définissent comme féministes et soutiennent la théorie du genre que je considère inepte». La frontiste a également qualifié le planning familial de «totem en France, car ce sont des associations satellites de la gauche».

Formulée dans une réunion publique de la Manif pour tous, le 13 novembre, et d’abord passée inaperçue, la propositon a suscité depuis jeudi de nombreuses réactions négatives. Y compris de la part de Marine Le Pen : «J’ai beaucoup d’autres choses à faire, beaucoup plus importantes que ça à la tête de la région, notamment mettre en place le patriotisme économique, avait tranché la présidente du FN sur I-Télé, vendredi matin. Il y a une proposition qui est celle de la tête de liste en Paca. Encore une fois, ça n’est pas dans les projets du Front national».

«Zones de confort»

Ce malaise n’a pas transparu dans la soirée, lors du meeting niçois. L’épisode confirme cependant, si besoin était, l’existence de deux sensibilités au sein du Front national. Marine Le Pen cultive en matière de mœurs un certain neutralisme, sauf lorsque ce registre lui permet de mettre en cause le «communautarisme islamique». Invitée comme les autres candidats régionaux à répondre aux questions de la Manif pour tous, le 6 novembre à Lille, la présidente du FN a d’ailleurs décliné l’invitation. De son côté, Marion Maréchal-Le Pen revendique un conservatisme d’inspiration catholique. Et si elle partage les réserves de sa tante vis-à-vis de la Manif pour Tous, perçue comme un faux-nez de l’ex-UMP, elle a de son côté pris part aux défilés contre le mariage homosexuel. 

«Il n’y a pas au FN deux blocs antinomiques qui ne se parlent pas», assurait récemment la députée frontiste. Tout en reconnaissant «des centres d’intérêt, des zones de confort différentes. Certains seront plus portés sur les questions monétaires. Nous, c’est autre chose». Sources de futurs conflits, selon certains observateurs, ces différences ne semblent pas devoir déboucher dans l’immédiat sur une guerre interne. En pleine dynamique, le parti se trouve en mesure de distribuer un nombre croissant de mandats à ses cadres, toutes sensibilités confondues. De quoi rendre superflu tout affrontement de courants – sauf pour les cadres tenus à l’écart de cette manne électorale. Une nouvelle performance électorale en décembre serait ainsi le meilleur antidote aux crises de parti… et aux disputes familiales. 

Dominique Albertini

Drahi défie Bolloré et Canal+ en s’offrant les droits du Championnat d’Angleterre en France

Paris – La bataille que se livrent les magnats des mdias franais a pris une nouvelle dimension jeudi, le groupe de Patrick Drahi, Altice, ravissant Canal+ les droits de diffusion du championnat d’Angleterre de football, la Premier League, le plus suivi du monde.

« La Premier League se réjouit d’annoncer qu’Altice a obtenu les droits exclusifs de diffusion en France et à Monaco, ainsi que les droits non-exclusifs à Andorre, Luxembourg et en Suisse pour les trois saisons allant de 2016-2017 à 2018-2019« , a indiqué l’organisateur de la Premier League en confirmant une information révélée par L’Equipe plus tôt dans la journée.

Le montant de l’accord pour la retransmission des matchs de Manchester United, Arsenal et Chelsea n’a pas été dévoilé.

Cependant le quotidien économique Les Echos croit savoir qu’Altice, qui détient SFR/Numéricable, « aurait mis sur la table plus de 300 millions d’euros » quand Canal+ avait déboursé 189 millions d’euros pour les trois saisons se terminant à l’été 2016.

La Premier League fait l’objet d’une convoitise particulière: la diffusion de ses matches au Royaume-Uni sur la période 2016-2019 avait fait l’objet en février 2015 d’un contrat record de 2,3 milliards d’euros par saison.

Par comparaison, la Ligue de football professionnel n’empochera en France que 748 millions d’euros par an entre 2016 et 2020.

– Revers cinglant –

Propriétaire de « Ma Chaîne Sports« , Altice s’était déjà payé certains droits exclusifs sur des compétitions moins prestigieuses, comme les cinq prochaines saisons du championnat français de basket.

Le groupe avait aussi annoncé mi-novembre s’être offert l’attaquant du Real de Madrid et capitaine de l’équipe du Portugal, Cristiano Ronaldo, en « ambassadeur« .

Avec le foot anglais, Altice passe dans une autre dimension et pourrait donner un coup de fouet à « Ma Chaîne Sport« , dont l’exposition reste bien moindre que ses concurrents Canal+ et BeIn Sports.

La perte des droits de la Premier League, le seul championnat européen que Canal+ possédait encore en exclusivité, représente à l’inverse un revers cinglant pour la chaîne, propriété du groupe Vivendi.

Déjà bousculé par la concurrence du géant américain de la vidéo à la demande par abonnement Netflix sur le cinéma, Canal+ doit aussi faire face aux assauts de BeIn Sports, la filiale du groupe qatari Al-Jazeera, qui a raflé les droits d’une bonne partie de la Ligue des Champions et de la Ligue 1 ainsi que l’exclusivité sur les championnats de football espagnol, italien et allemand.

Vincent Bolloré, actionnaire majoritaire de Vivendi, a récemment repris les rênes de Canal+ pour tenter de relancer le groupe. Il avait affirmé mi-novembre devant les salariés qu’il était « indispensable » de réinvestir dans le sport pour retenir ses abonnés.

Fin septembre, Canal+ Group avait perdu 88.000 fidèles en un an en France.

La chaîne cryptée n’est pas directement menacée par un acteur de taille équivalente qui voudrait la décapiter mais est fragilisée par « l’addition de petites attaques sur les bases qui ont fait son succès« , estime Florence Le Borgne, responsable des activités télés et contenus numériques au cabinet Idate.

A la Bourse de Paris, le titre de Vivendi a perdu jeudi 0,80% à 19,95 euros quand celui d’Altice à Amsterdam s’est envolé de 7,57% à 14,00 euros.

Cette opération représente aussi un nouvel épisode dans la guerre ouverte à laquelle se livre les grands groupes de médias et télécoms français.

Alors que Patrick Drahi, déjà propriétaire de Libération et du groupe L’Express, s’apprête à entrer au capital de NextRadioTV, et que Vincent Bolloré vient de prendre le contrôle de Canal+, le patron d’Iliad (Free) Xaviel Niel s’est récemment associé au banquier Matthieu Pigasse et au producteur télé Pierre-Antoine Capton pour créer un fonds de plusieurs centaines de millions d’euros visant à racheter des médias.

Xavier Niel est aussi venu bousculer frontalement Vincent Bolloré en entrant fin octobre au capital de Telecom Italia, dans lequel Vivendi venait tout juste de renforcer sa participation.

« On est là face à quelques capitaines d’industrie qui ont une vraie volonté d’imposer une forme assez similaire de développement« , ayant « envie de se positionner très fortement sur un secteur« , étant prêts « à faire des investissements conséquents » et « n’espérant pas une rentabilité immédiate« , estime Florence Le Borgne.

L’Azerbaïdjan rejette l’appel d’une journaliste emprisonnée

Bakou – L’appel de la journaliste azerbadjanaise Khadija Ismalova, condamne sept ans et demi de prison en premire instance notamment pour vasion fiscale, a t rejet par un tribunal de Bakou, a-t-on appris mercredi.

« La cour juge l’appel de Khadija Ismaïlova infondé. Sa sentence reste en vigueur« , a déclaré une juge de la cour d’appel de Bakou.

Khadija Ismaïlova, 39 ans, journaliste d’investigation pour la radio Azadliq et ancienne rédactrice en chef du bureau local du média financé par les États-Unis Radio Free Europe/Radio Liberty, avait été condamnée à sept ans et demi de prison en septembre pour activité économique illégale et évasion fiscale.

La journaliste avait rejeté ces accusations, qu’elle estime être orchestrées par le pouvoir.

Connue pour ses enquêtes sur la corruption du pouvoir, Mme Ismaïlova avait accusé le gouvernement d’avoir recueilli des preuves contre elle « illégalement, sous la pression » et d’avoir « inventé les crimes » qui lui sont reprochés.

Au total, sept militants et journalistes opposés à la politique du gouvernement azerbaïdjanais ont été condamnés à de lourdes peines depuis le début de l’année, la plupart pour des délits économiques.

Le procès d’un autre journaliste critique du régime, jugé pour haute trahison, a commencé la semaine dernière.

Les ONG de défense des droits de l’Homme dénoncent régulièrement le régime du président azerbaïdjanais Ilham Aliev, dont toute contestation provoque aussitôt selon elles une réaction sévère des autorités de ce pays du Caucase riche en pétrole.

Lundi, l’ONG Human Rights Watch a remis à Khadija Ismaïlova le prestigieux prix Alison Des Forges, récompensant des militants des droits de l’Homme.

On a (enfin) trouvé l’algorithme de l’amour !

Bien mieux que Les Feux de l’amour, Le Miel ou les abeilles ou Plus belle la vie : L’algorithme de l’amour existerait bel et bien ! Du moins si l’on en croit une étude réalisée par l’USC Viterbi School, aux États-Unis. Ses chercheurs ont eu l’idée simple de se pencher sur l’incidence du langage et du ton sur la pérennité de couple.

Le ton plus que les mots

« Des mots magiques, des mots tactiques… qui sonnent faux », répondait Dalida à Alain Delon. Exactement ! Pour démontrer que l’essentiel de notre propos est transmis par nos gestes et notre voix, des chercheurs se sont infiltrés pendant deux ans au sein de thérapies de couple pour enregistrer des centaines d’heures de conversations entre époux fâchés. Ils ont ensuite élaboré un algorithme capable d’associer certaines tonalités à un certain type de sentiment, ou de ressentiment. Pour corroborer leurs prévisions sonores, ils ont même enquêté sur le destin conjugal des volontaires pendant cinq ans.

Le résultat est sans appel : le contenu du propos n’a effectivement qu’une incidence dérisoire. Après avoir assisté à plusieurs centaines de sessions de thérapies, l’algorithme s’est avéré plus efficace pour déterminer les chances de réconciliation des sujets venus consulter que les spécialistes des couples en crise. La puissance de ce nouvel outil est telle qu’elle prédit l’avenir amoureux du couple à partir de ses échanges avec une fiabilité de 79 %. Ce que l’on appelle « l’acoustique vocale » est ainsi d’une importance toute particulière pour la stabilité du couple.

Le faible pouvoir du langage

En amour, « l’important, ce n’est pas ce qu’on dit, mais comment on le dit ». Ainsi, pour augmenter la fiabilité des prévisions de ce premier algorithme, les chercheurs prévoient de transposer le processus au langage corporel, à l’aide de caméras qui détecteraient les expressions physiques récurrentes afin de les associer aux émotions qu’elles trahissent. L’idée ? Appréhender avec davantage de précision les sentiments déguisés ou travestis par le langage, mais également l’impact de mots et gestes parfois contradictoires sur l’interlocuteur.

Cette idée prend tout son sens lorsque l’on quantifie la faible incidence du langage sur la transmission d’un message. En effet, on estime que, lorsque nous communiquons, 55 % de notre message est transmis par nos expressions physiques, 38 % grâce au ton de notre voix et seulement 5 % par les mots que nous employons. En pratique, le langage a donc un bien faible pouvoir sur l’oreille… et sur nos sentiments.

A Vegas pour parler de vie privée

Lundi dernier, j’ai assisté à un meeting à Las Vegas, lors duquel la question des données clients et du respect de la vie privée a fait l’objet de plusieurs interventions. En a découlé un débat plutôt agité. Il faut dire que la question est éminemment délicate, car les entreprises tentent à tout prix de capter le plus de données possibles sur leurs clients ! L’intensification moderne du souci de la vie privée émane d’ailleurs pour une part de ces nouvelles menaces, plus fortes, sur l’intimité, mais aussi d’une conscience plus élevée des liens qu’il y a entre la protection de la vie privée et certains idéaux indispensables pour la personne et la société. Les menaces les plus fortes viennent des nouvelles technologies. Il y a aujourd’hui un nombre ahurissant d’objets très sophistiqués qui permettent d’obtenir des informations de toutes sortes sur les individus. Les ordinateurs procurent des possibilités monumentales de récolte, de conservation et de traitement des informations. De plus, la dispersion de ces données peut être instantanée et mondiale, ce qui en favorise la collecte. Par d’autres aspects cependant, nos sociétés sont plus privées que celles de nos ancêtres. Les citoyens ont plus d’anonymat que jamais. Toutefois, la nature des nouvelles menaces technologiques fait en sorte que les précautions que l’on prend habituellement pour maintenir notre intimité ne sont plus pertinentes. Une certaine réglementation est donc impérative. En dépit de cette menace continuelle sur l’intimité, il m’est apparu que tout le monde ne partage pas l’idée selon laquelle il faut préserver une vie privée. Comme j’ai pu l’observer durant ce meeting à Las Vegas, certains considèrent en fait cette volonté d’intimité comme une marque d’individualisme délétère qui confine à la démence. Je n’ai pas réussi à savoir si les personnes qui proféraient ces idées étaient réellement sérieuses ou seulement de mauvaise foi pour justifier leur collecte de données. Heureusement, la majorité des participants ne partageaient pas cette manière de penser. La plupart des participants s’entendaient en fait sur l’idée qu’une certaine intimité est nécessaire à la concrétisation de certains idéaux tels que l’autonomie, la croissance, et l’aptitude à fonder des relations humaines, tout comme elle s’avère nécessaire si l’on veut modeler les idéaux sociaux d’une société ouverte et démocratique. En mettant de côté la question du respect de la vie privée, on contribue en fait à faire apparaître une société peu séduisante, où tous ces idéaux sont mis à mal. La vie privée n’est définitivement pas un gadget dont on peut se passer. Pour en savoir plus, allez sur le site organisateur de cet incentive à Las Vegas, vous aurez les détails et infos pratiques.

Las Vegas

Escale arty dans le Var

Fondée au XIIIe siècle sur les contreforts du massif des Maures, La Commanderie, joyau de l’ordre des Templiers, renoue avec ses traditions hospitalières. On ne vient donc plus seulement pour dénicher une bonne bouteille ou visiter la cave magistrale, mais aussi pour flâner dans le parc aux cinquante sculptures et, pourquoi pas, y passer la nuit. Dans les treize chambres d’hôtes du domaine, décorées par Jean-Louis Fages, règne le charme bucolique de très belles maisons de campagne, où tommettes, vieilles pierres et colombages côtoient un mobilier rustique et patiné. Fidèle à ses traditions, La Commanderie propose, midi et soir (entre avril et octobre), une table d’hôtes de saison pour une addition autour de 30 euros. Une carte simple aux notes provençales que le jeune chef Guillaume Delauné accompagne des meilleurs vins du domaine. Si les charmes estivaux de l’arrière-pays tropézien ne sont plus à vanter, rien de tel qu’un verre de vieux marc siroté dans l’ancienne bergerie pour faire oublier l’hiver qui arrive.

La Commanderie de Peyrassol, Flassans-sur-Issole (Var).

À partir de 105 euros la nuit. 04 94 69 71 02,www.peyrassol.com

© DR

À découvrir également…

« California Dreamin »

Après Paris, Marseille, Lyon, Bordeaux et Istanbul, l’aventure Mama Shelter se poursuit outre-Atlantique, mais sans Philippe Starck. Direction Los Angeles, à deux pas de Hollywood Boulevard, où le dernier-né de l’enseigne, signé Thierry Gaugain, s’annonce comme le nouveau rendez-vous branché de la ville. Toit-terrasse, bar, concerts, DJ et « prix d’ami » à l’appui.

Mama Shelter Los Angeles (États-Unis), à partir de 136 euros la nuit,www.mamashelter.com

© Francis Amiand DR

Pépite lisboète

Couvents, palais ou châteaux, le groupe Pestana n’en finit pas de valoriser le patrimoine portugais. Dernier exemple : la Pousada de Lisboa, située sur la Praça do Comercio, non loin du Tage, dans l’ancien ministère de l’Intérieur. Rénové dans les règles de l’art, l’établissement abrite, sous de hauts plafonds XVIIIe, 90 chambres lumineuses, un spa, une piscine intérieure, un bar et un restaurant.

Pousada de Lisboa, Lisbonne (Portugal), à partir de 210 euros la nuit,www.pousadas.pt

© Pedro Sampayo Ribeiro DR

Etat d’urgence : le patron d’un restaurant raconte sa perquisition musclée

Son restaurant a ouvert il y a deux ans, à Saint-Ouen-l’Aumône, dans le Val-d’Oise. Un restaurant qui sert de la nourriture hallal, «parce que je suis musulman», dit le propriétaire, Ivan Agac, 28 ans. «Mais on n’indique pas « hallal » sur la vitrine : nous voulons faire asseoir des gens de toutes les cultures et c’est un succès, nous avons une clientèle métissée.»

Samedi soir, dans le cadre de la procédure de l’état d’urgence, la police a mené une perquisition administrative dans son établissement, le Pepper Grill, avenue du général Leclerc. Ivan Agac raconte à Libération : «Il était 20h30. Une soixantaine de personnes étaient en train de manger, il y avait des enfants. La police a fait irruption : environ 40 policiers, protégés par des boucliers et armés pour certains de fusils à pompes. Ils commencent par sécuriser les lieux, sortent les cuisiniers du sous-sol, les amènent à l’étage où se trouve la salle du restaurant. Ils leur demandent de s’asseoir, de garder les mains en évidence sur la table et de ne pas toucher leur téléphone. Un client, qui mangeait, est obligé de reposer sa fourchette !»

Toujours selon son récit, les policiers montrent au directeur une autorisation de perquisition, signée de la main du préfet du Val-d’Oise, Yannick Blanc. Le document évoque «des raisons sérieuses de penser que des personnes, armes ou objets liés à des activités terroristes» se trouvent dans le restaurant ou les parties communes de l’immeuble.

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Après avoir fouillé en vain le sous-sol, les enquêteurs emmènent le directeur à la caisse puis dans son bureau. Ils parcourent ses classeurs, «les jettent par terre» mais ne placent rien sous scellé. Dans leur progression, les forces de l’ordre ont enfoncé trois portes : «Je leur dis de ne pas casser les portes, que j’ai les clés !» Sur les trois fracturées, deux n’étaient pas verrouillées à clé, se désole Ivan Agac.

La perquisition, filmée par les caméras de vidéosurveillance du restaurant, dure une demi-heure. «Les policiers nous ont souhaité bonne soirée, puis sont partis. On a repris le service en faisant comme si de rien n’était.»Personne n’a été interpellé, rien n’a été saisi.

Deux jours après, Ivan Agac ne comprend toujours pas comment son restaurant a pu se retrouver sur la liste des lieux suspects. «Je n’ai jamais eu affaire à la justice. Le personnel est très divers, il y a des musulmans, des chrétiens et même deux témoins de Jéhovah !» Il réfléchit à la possibilité de porter plainte.

Selon le Monde, les autorités cherchaient une «salle de prière clandestine». Le restaurant compte bien une salle de prière, mais elle est indiquée par un écriteau… Le préfet s’est justifié : «On ne fait pas mouche à tous les coups, loin de là. Le principe de ces perquisitions, c’est de taper large.» 1 072 perquisitions administratives ont été menées depuis l’instauration de l’état d’urgence.

Dossier spécialRetrouvez tous nos articles sur les attentats à Paris

Pierre Alonso

Attentats de Paris: la croissance du secteur privé français ralentit en novembre

Paris – La croissance de l’ensemble de l’activit du secteur priv a ralenti en novembre en France, avec un certain nombre de prestataires de services voquant notamment « l’impact des attaques terroristes Paris », selon l’indice PMI flash du cabinet Markit publi lundi.

L’indice flash composite de l’ensemble de l’activité s’établit à 51,3 points, après 52,6 points en octobre, selon un communiqué de Markit. L’activité est estimée en expansion quand elle reste au-dessus de la barre de 50.

Aussi bien dans les secteurs manufacturier que de services, les taux d’expansion se sont établis à leur plus bas niveau depuis trois mois.

Dans le seul secteur des services, l’indice s’établit à 51,3 points contre 52,7 en octobre, selon le cabinet qui s’appuie sur environ 85% des réponses habituelles à son enquête mensuelle.

« La croissance du secteur privé français a légèrement ralenti en novembre, certains prestataires de services mentionnant l’impact des attentats de Paris sur l’activité« , a commenté Jack Kennedy, économiste chez Markit, cité dans le communiqué.

« En revanche, l’expansion du volume des nouvelles affaires se renforce quelque peu, affichant ainsi son rythme le plus marqué depuis cinq mois, et le volume des affaires en attente continue d’augmenter« , ajoute-t-il toutefois.

« Alors que l’incertitude plane sur les conséquences à plus long terme des récents évènements sur l’économie, les dernières données PMI demeurent, après la croissance de 0,3% enregistrée au troisième trimestre, conformes à une modeste progression du PIB français au quatrième trimestre« , estime M. Kennedy.

Le gouvernement français table sur une croissance d’au moins 1,1% en 2015.

Écosse : sur les traces de « Macbeth »

Il fallait un culot monstrueux pour oser proposer un nouveau Macbeth au cinéma. Ce n’est pas comme si Orson Welles, Akira Kurosawa et Roman Polanski n’étaient pas déjà passés par là. Inconnu au bataillon, novice dans le métier (seulement trois longs-métrages à son actif) et débarqué d’Australie, Justin Kurzel est à l’évidence un réalisateur tête brûlée. Ce qui, après tout, cadre bien avec le roi fou furieux de Shakespeare. S’il ne révolutionne pas le genre (mais qui pourrait prétendre révolutionner Shakespeare ?), Kurzel lui offre une poigne visuelle exceptionnelle. Poigne qui doit autant aux choix de mises en scène, spectaculaires leçons de compositions picturales, qu’aux décors naturels dans lesquels elles prennent place. Et peut-être est-ce, au fond, le principal mérite de ce film. Rappeler que derrière la légende, il y a une terre, mythique elle aussi : l’Écosse.

Oubliez le Loch Ness. Ce ne sont pas les monstres mais bien les fées qui pullulent au pays des Scots, en particulier sur la célèbre île de Skye. Malicieuses, malheureuses ou dangereuses, vous les trouverez partout. Sous les ponts où leurs larmes dévalent, élixir glacé de jeunesse pour les braves capables d’y plonger le visage (the Fairy Bridge, au-dessus de la rivière Sligachan) ; au creux des montagnes noires des Cuillin, où elles ont installé leurs piscines bleu émeraude (the Fairy Pools) ; ou encore entre les vertes poussées d’une vallée clandestine aux panoramas étourdissants (the Fairy Glen). Rien d’étonnant aux rêves cabalistiques qui assaillent les héros shakespeariens. Dans ces contrées pas si lointaines, la magie se respire aussi profondément que le vent qui vous frappe au visage.

The Fairy Glen, île de Skye © Phalène de La Valette

The Fairy Glen, île de Skye © Phalène de La Valette

Shakespeare, ce bonimenteur

Et il frappe diablement fort sur les côtes escarpées de la colline du Storr ! Impossible de tenir droit sous ses assauts persistants. Le seul à ne jamais vaciller, c’est lui, le vieil homme de pierre, « The Old Man of Storr ». Un monolithe de 55 mètres né de l’érosion du plateau basaltique et se dressant fièrement contre l’horizon. Il n’est pas le seul. Sur Skye, c’est la nature entière qui semble défier les cieux embrumés.

The Old Man of Storr, île de Skye © Phalène de La Valette

Le saviez-vous ? L’animal officiel du pays est la… licorne ! C’est dire le caractère insalissable de ces lieux. Une beauté indomptable, aussi attirante qu’hostile, à l’image des grandes formations rocheuses du Quiraing qui, dans le film de Justin Kurzel, voient défiler l’armée de Macbeth à son retour de guerre. Moment historique, s’il en est, qui montre le roi Duncan sceller inexorablement son destin en nommant son futur meurtrier « Thane of Cawdor ».

Quiraing, île de Skye © Phalène de La Valette

Stéphane Bern peut l’attester (il a écrit un livre entier sur le sujet), le château de Cawdor existe bel et bien. De même qu’une Lady Cawdor, élégante comtesse douairière et fidèle maîtresse des lieux, qu’elle ouvre au public chaque printemps jusqu’à l’automne. Mais Macbeth n’y a jamais mis les pieds, pour la simple et bonne raison qu’il n’était pas construit à son époque. On y apprend que Shakespeare est un charlatan. Du moins, sur le plan historique. À en croire la comtesse, en fait de traître criminel, Macbeth, qui, on l’oublie souvent, a vraiment existé, « est le meilleur roi que l’Écosse ait jamais eu ». La pièce a « ruiné sa réputation » et il faudrait la réhabiliter. « J’aimerais qu’on érige un monument en l’honneur de Macbeth dans cette région de Moray où il est né », va jusqu’à professer Lady Cawdor.

Château de Cawdor © Phalène de La Valette

Macbeth, un grand roi

À ce point ? À ce point. D’après Cameron Taylor, auteur de On the Trail of the Real Macbeth, King of Alba, « Mac Bethad mac Findláich » n’a pas grand-chose à voir avec sa représentation théâtrale. « Il n’a pas assassiné Duncan, il l’a affronté sur un terrain de bataille. Et loin d’être court et tragique, son règne a duré dix-sept ans, de façon très paisible et prospère. Quant à Lady Macbeth, rien n’indique qu’elle ait été la femme hallucinée et sanguinaire qu’on imagine depuis Shakespeare. »

Tant pis pour le folklore et pour Marion Cotillard (très convaincante dans le film de Kurzel) ! Mais l’île de Skye n’a, au fond, pas besoin de ces fioritures. La folie, on la trouve amplement dans ses paysages. Un dernier regard jeté du haut des falaises dramatiques du Nest Point suffit pour s’en convaincre. Ce n’est pas pour rien que Lars von Trier est venu y filmer son manifeste Dogma, Breaking the Waves (césar du meilleur film étranger en 1997). L’Écosse reste décidément une terre indomptable.

Nest Point © Phalène de La Valette