Mois : mars 2016

Les voitures de collection veulent rouler dans Paris

Le vent de l’histoire parisienne est plus à organiser des courses de voitures électriques autour des Invalides qu’à autoriser les voitures anciennes à circuler dans les rues de la capitale. C’est bien tout le paradoxe de l’administration Hidalgo qui va permettre l’organisation le 23 avril d’une course automobile dans les artères du 7e arrondissement et interdire dès le 1er juillet les promenades débonnaires d’inoffensifs véhicules de collection. Tout au moins si la pétition qui circule en ce moment sur www.change.org et rassemble déjà en quelques heures près de 6 000 signatures ne parvient pas à lui faire entendre raison.

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La joie de vivre et de partager la route en voitures anciennes est indescriptible © Tom Zaniroli DR

L’organisme qui l’héberge est celui-là même qui a recueilli la pétition contre la loi travail de Myriam El Kohmri. La dimension de l’enjeu n’est évidemment pas comparable, mais cette pétition touche à un point sensible : celui de la réduction du périmètre de liberté des Parisiens. En effet, à compter du 1er juillet 2016, les véhicules immatriculés avant 1997 ne pourront plus circuler librement dans Paris pendant la journée. Cela relève d’une décision unilatérale de la Mairie de Paris, prise dans le cadre de son plan antipollution.

Vague de restrictions

Dans les faits, cette interdiction vise naturellement à améliorer la situation sanitaire et la qualité de l’air pour laquelle l’administration municipale a désormais à rendre des comptes. Nous avons détaillé ici même (lire notre article) la vague européenne des restrictions d’usage des véhicules polluants dans les grandes cités. Paris ne fait donc pas exception et interdira aux propriétaires de véhicules de plus de 20 ans de circuler. Mais dans ce lot où l’on compte une majorité de vieilles guimbardes qui assurent les utilités minimales d’une seconde, voire une troisième voiture, on trouve aussi toutes les voitures de collection qui sont entretenues et choyées dans les garages parisiens.

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Les voitures anciennes ont leurs manifestations dédiées dont le théatre est le plus souvent Paris © Tom Zaniroli DR

Si la décision municipale devait être indistinctement appliquée et, à sa suite, bon nombre d’autres villes suivront, les véhicules de collection seront de fait interdits de séjour. Ou alors, un séjour immobile comme toute œuvre d’art accrochée aux cimaises d’un musée. Or, à la différence des autres objets de collection, l’automobile est une sculpture vivante, qui roule comme au premier jour et va à la rencontre de son public dans la rue. Paris est d’ailleurs le théâtre privilégié de différentes manifestations de voitures anciennes qui réjouissent habitants autant que touristes. Les bannir des artères de la capitale serait dévoyer le sens d’une mesure antipollution qui, dans l’esprit, ne vise que les véhicules mal entretenus. Mais englobés dans la masse de l’interdiction, les collectionneurs et amoureux de cette automobile ancienne faisant partie du patrimoine français protestent contre une mesure aveugle.

Hobby innocent

Voitures anciennes © Ronan Jegaden Photographie DR

« Elle constitue une grave privation de liberté, alors même que l’impact de la circulation de ces voitures dont l’usage reste très exceptionnel ne peut être qu’imperceptible. Cette mesure concerne également l’activité des professionnels de la voiture ancienne établis dans Paris intra-muros, les organisateurs de manifestations diverses, les touristes amateurs de voitures anciennes et plus généralement tous ceux qui se consacrent à ce hobby innocent et paisible et protègent ainsi un patrimoine automobile qui hélas tend, dans l’indifférence générale à quitter notre pays au profit d’acheteurs étrangers. »

On ne peut évidemment que souscrire au texte de cette pétition alors que l’usage de ces voitures ne changera rien à la qualité de l’air à Paris. Témoin « 4 roues sous un parapluie », cette entreprise de tourisme qui permet aux touristes de visiter Paris en 2 CV (lire notre article), un charme bien français qui, dans la carte postale, fait aussi bien qu’un pousse-pousse à Saigon ou une gondole à Venise. Mme Hidalgo sera-t-elle insensible à cet argument ?

Le procès du «dentiste de l’horreur» s’ouvre à Nevers

Le procès du «dentiste de l’horreur» s’est ouvert au tribunal correctionnel de Nevers. Ce Néerlandais de 51 ans, dont le nom est Mark Van Nierop, est jugé jusqu’au 18 mars pour avoir mutilé une centaine de patients dans son cabinet de la Nièvre, entre 2008 et 2012. Il est arrivé au palais de justice camouflé sous une couverture, et n’a pas voulu être filmé ou photographié avant l’ouverture des débats. Son avocate, Me Delphine Morin-Meneghel, a refusé de s’exprimer devant la presse.

Abcès et infections en série, appareils mal posés, dents saines arrachées, la liste des barbaries dressée par les victimes est éloquente. Aucune de leurs gencives n’a échappé aux «peuti piqûrr» de cet homme à la carrure de «géant»., écrivait-on en 2014, lorsque nous avons rencontré certaines de ses victimes. Une personne, une piqûre…«C’était même plus un cabinet de dentiste, c’était l’usine», lâchait Sylviane, huit dents arrachées en un rendez-vous. «On baillait, on bavait pendant des heures. Ah, ça, il pouvait les toucher, nos dents», raillait Danièle, dont la dentition a été limée jusqu’au frein.

Discrimination à l’embauche: une cadre demande à être intégrée d’office chez EDF

Paris – Une cadre, qui estime que sa candidature chez EDF a été rejetée sans motif valable, a décidé de porter plainte contre l’électricien demandant aux juges d’ordonner son intégration d’office, une première judiciaire, a-t-on appris auprès de son avocat.

La jeune femme, âgée de 36 ans, avait postulé le 14 mars 2015 à un poste d’ingénieur-chercheur en mécanique des fluides au sein du service de recherche et développement d’EDF.

« Ce poste correspondait en tout point aux compétences de la candidate« , titulaire notamment d’un doctorat en mécanique des fluides et d’un post-doctorat à l’École des mines de Douai, relève son avocat Me Slim Ben Achour.

Elle s’était vu notifier le 20 mars un refus du cabinet de recrutement Menway Talents. Il estimait que d’autres candidats présentaient « un profil correspondant davantage à leur recherche« .

La jeune femme avait demandé des explications. « Le cabinet de recrutement a modifié de nombreuses fois le profil du poste, mais je correspondais aux nouvelles conditions« , a-t-elle déclaré à l’AFP. « Je suis en âge de procréer, maghrébine et musulmane. Cela a sûrement posé problème« , a-t-elle ajouté.

Slim Ben Achour ne demande « pas de dommages et intérêts, mais l’intégration d’office, une première en France« .

Il compte s’appuyer sur l’article 1132 du code du travail qui indique qu' »aucune personne ne peut être écartée d’une procédure de recrutement« , pour des motifs discriminatoires et que « toute disposition ou tout acte pris à l’égard d’un salarié en méconnaissance des dispositions du présent chapitre est nul« , en l’espèce le refus d’intégrer.

Pour Me Sylvain Niel, spécialiste en droit social, sa plainte a peu de chance d’aboutir. « On ne peut pas contraindre un employeur à embaucher une salariée sur la seule preuve qu’il a commis un acte discriminatoire« , relève-t-il.

A ce jour, la jurisprudence a établi qu’un licenciement pouvait être annulé, mais jamais un refus d’embauche.

Cette affaire sera examinée par les prud’hommes de Paris le 20 octobre.

L’Assemblée revient sur une mesure contre la surpopulation carcérale

L’Assemblée nationale est revenue jeudi soir, en achevant les débats sur la réforme pénale et à la demande du gouvernement, sur un article qui visait à tenir compte de la surpopulation carcérale lors de l’examen des réductions de peine. L’article concerné, voté en commission des Lois était fortement critiqué par la droite. Il stipulait que «l’appréciation des efforts de réinsertion en vue de l’octroi des réductions supplémentaires de peine tient compte de l’impact sur le condamné des conditions matérielles de détention et du taux d’occupation de l’établissement pénitentiaire».

Après un premier vote favorable à cet article par 8 voix contre 7, que le ministre de la Justice, Jean-Jacques Urvoas, a dit regretter «fondamentalement», le gouvernement a demandé une deuxième délibération, celle-ci débouchant à la toute fin des débats sur la réforme pénale sur la suppression de l’article. Le Garde des Sceaux a fait valoir «le respect de l’égalité devant la loi» pour expliquer le refus de cet article.

Pour le gouvernement, «l’octroi de réductions de peine supplémentaires est fondé sur le principe d’individualisation et doit dépendre des efforts réalisés par le condamné et non de facteurs extérieurs qui introduiraient une différence de traitement entre condamnés selon le lieu d’exécution de leur peine». «Cette rupture du principe d’égalité devant la loi paraît de nature à faire encourir un risque constitutionnel», indique-t-il.

Au groupe Les Républicains, qui doit trancher mardi entre un vote contre et une abstention sur l’ensemble du texte avant le vote solennel prévu le même jour, cette mesure était vue comme un «chiffon rouge». Le député Eric Ciotti, qui défendait également un amendement de suppression, a jugé cet article «ahurissant» et évoqué une «folie juridique» dans l’hémicycle.

AFP

Le pétrole bon marché, pas si profitable à la France

Si, à première vue, la dégringolade des cours a bénéficié aux finances tricolores, ses effets sur le long terme se révèlent plus préoccupants pour la croissance.

Un gain de 225 eurospar ménage: le gouvernement n’aurait pas fait mieux pour doper le pouvoir d’achat des Français. En janvier 2015, devant les députés, le ministre des Finances, Michel Sapin, se réjouissait par avance des effets d’un pétrole bon marché sur les finances tricolores et le revenu des ménages. A l’époque, il ne pouvait imaginer que le baril tomberait sous les 30 dollars un an plus tard. Aujourd’hui, cette dégringolade est-elle toujours une aussi bonne nouvelle pour l’économie française?

NOTRE DOSSIER >> Le cours du pétrole

D’un point de vue strictement comptable, l’affaire est entendue. « L’effet pétrole est immédiat, les dépenses des ménages ont considérablement augmenté l’an passé », estime Axelle Lacan, de Coe-Rexecode. Selon ses calculs, la chute du baril en 2015 a permis à la France d’économiser 17,5 milliards d’euros sur sa facture énergétique, aux Français de gagner 6,8 milliards d’euros de revenus supplémentaires, et aux entreprises d’afficher 7 milliards d’euros de marges en plus. Une aubaine non négligeable.

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« Au total, nous avons calculé que chaque baisse de 20 dollars du cours du baril rapportait 0,23 point de croissance supplémentaire à la France, soit un surplus de 0,5 point de PIB en plus en 2015 », évalue de son côté Céline Antonin, de l’OFCE.

La transition énergétique entre parenthèses

Avec un baril ayant chuté de 75% depuis l’été 2014, on aurait pu espérer que la croissance française en profite davantage. « Du fait de la baisse de consommation des pays producteurs de pétrole, les exportations françaises n’ont pas progressé autant qu’espéré. Quant aux entreprises, elles ont préféré thésauriser ce petit trésor de guerre plutôt qu’investir », explique Patrick Artus, l’économiste en chef de Natixis.

En plus des tensions géopolitiques, les à-côtés négatifs d’un pétrole durablement bas sont nombreux. Parmi eux, l’inflation nulle est un sujet de plus en plus préoccupant. « L’an dernier, elle a limité l’effet de certaines mesures d’économies budgétaires, comme le gel des prestations sociales indexées sur l’inflation », explique Axelle Lacan. De plus, et c’est sans doute le plus grave, « avec une inflation à zéro, tous les efforts de la BCE pour soutenir la croissance sont annihilés », constate Patrick Artus.

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Autre risque pointé par les observateurs: celui de la mise entre parenthèses de la transition énergétique. « Avec un pétrole à 100 dollars, on était déjà incapable de faire émerger un prix du carbone dissuasif. Aujourd’hui, la volonté politique risque de disparaître », regrette Matthieu Auzanneau, chargé de la prospective au Shift Project, groupe de réflexion sur la transition énergétique. C’est sûr, avec un prix à la pompe du gazole d’à peine un euro le litre, les automobilistes ne sont pas près de laisser leur diesel au garage…

Les « plus » de la baisse en 2015

225 euros:le pouvoir d’achat supplémentaire par ménage

17,5 milliards d’euros: la baisse de la facture énergétique globale

7 milliards d’euros:le gain de marges des entreprises

0,5% de PIB:le surplus de croissance lié au pétrole

Sources: Xerfi, Coe Rexecode, OFCE.