Air France joue son va-tout avec les pilotes
La direction de la compagnie, qui considère être allée au bout des concessions qu’elle pouvait faire aux pilotes pour sa nouvelle compagnie à coûts réduits, a soumis son projet d’accord à signature. A prendre ou à laisser. Au terme de plusieurs mois de négociations clôturées par un round final de «dix jours de discussions jour et nuit», la direction d’Air France considère qu’elle est allée au maximum des concessions qu’elle pouvait faire aux pilotes dans le cadre de la création de sa future compagnie Boost à coûts réduits. Elle a donc transmis jeudi aux syndicats de pilotes (SNPL et Spaf) un projet d’accord sur la création de cette filiale à 100% programmée pour démarrer son activité moyen courrier à l’automne prochain et long courrier à l’été 2018. Un projet qui constitue la principale nouveauté du nouveau plan stratégique «Trust together» et que les pilotes, qui ont statutairement leur mot à dire sur tout changement du périmètre d’activité de la compagnie, ont juridiquement les moyens de bloquer. Au passage, Air France propose également aux pilotes un compromis sur la majoration des heures de nuit afin de solder définitivement le plan précédent «Transform 2015». Leurs représentants ont désormais jusqu’au 24 février pour se prononcer, date qui pourrait cependant être repoussée si une consultation de la base était décidée par les syndicats, qui en sont coutumiers. Basée à l’aéroport de Roissy Charles de Gaulle, la nouvelle compagnie Boost, qui doit capter à terme 10% de l’activité d’Air France, sera limitée à 18 avions moyen-courrier et 10 avions long-courrier. Une «mesure de protection demandée» par les syndicats pour limiter le «risque de transfert d’activité», indique la direction. Les droits de trafic resteront également la propriété d’Air France. La nouvelle compagnie, dont le nom définitif a déjà été arrêté mais pas encore dévoilé, ne pourra par ailleurs «pas être vendue», est-il écrit dans le projet d’accord en réponse à une autre crainte exprimée par les syndicats lors des négociations. Pour tenir l’objectif d’un allègement de 20% des coûts d’exploitation sur Boost par rapport à Air France, son directeur général Franck Terner a détaillé au cours d’une conférence de presse téléphonique la proposition faite aux pilotes. Plutôt que de faire peser sur les seuls navigants transférés et recrutés chez Boost une hausse de la productivité fixée à 15%, il propose de «mutualiser» cet effort à l’ensemble des pilotes volant sur les deux compagnies. «Le compromis que nous proposons ne modifie pas l’objectif initial mais simplement les moyens d’y parvenir», a-t-il expliqué en l’illustrant en ces termes : «1,5% d’économie demandé à tous les navigants revient au même que 15% concentré sur 10% des pilotes». Mathématique. En contrepartie, la direction s’engage à maintenir un contrat unique pour ses 3 715 pilotes, dont l’effectif sera porté à 4 050 en cas d’accord. «Nous nous engageons à recruter 200 pilotes par an dont la moitié pour remplacer les départs en retraite et l’autre pour répondre à la croissance du trafic généré par Boost», a poursuivi Franck Terner. Alors que l’objectif initial était de faire voler un peu plus les navigants pour la même rémunération sur Boost, «les règles d’utilisation et de rémunération d’Air France» resteront les mêmes pour tous. Une concession de poids, juge la direction, qui pour faire passer la pilule, s’engage en prime à mettre en place un «dispositif supplémentaire d’intéressement» afin de mieux associer les pilotes aux retombées financières attendues de la stratégie élaborée par le nouveau PDG Jean-Marc Janaillac. L’objectif d’économies fixé pour les hôtesses et stewards (PNC) avec lesquels des négociations très serrées se poursuivent est en revanche plus radical : la direction entend réduire de 40% le coût des navigants sur Boost mais sans transfert de personnel ni de mutualisation cette fois. Pas question de toucher aux conditions de travail et à la rémunération des chez Air France, «ce ne serait ni réaliste, ni souhaitable et nous ne le souhaitons pas», a expliqué Franck Terner qui a répété que l’on «ne touchera pas au contrat social chez Air France». En contrepartie, la compagnie prévoit d’embaucher «un peu plus de 1200 PNC», dont les recrutements sont gelés depuis 2008. Un pari mal engagé au vu de la réaction des syndicats de PNC, qui jugent que Boost permettra «un transfert de l’activité PNC sans limite» au détriment de l’activité d’Air France. Si ce «projet destructeur» venait à se concrétiser, ont prévenu le SNPNC et l’Unsa-PNC, la compagnie fera face à un «conflit massif». Ambiance. Les deux principaux syndicats de pilotes ont réagi défavorablement à cette annonce. «Pour nous, les négociations n’étaient pas abouties», a déclaré à l’agence Reuters Véronique Damon, copilote et secrétaire générale du très majoritaire Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL). «On retrouve une méthode de proposition unitalérale de texte», a-t-elle ajouté, faisant référence aux précédents conflits des syndicats de pilotes avec la direction, qui avaient débouché sur une grève massive en 2014, la plus longue de l’histoire de la compagnie, puis à nouveau en 2016. Des grèves qui avaient fini par décider l’ancien président Alexandre de Juniac à quitter la compagnie, bien conscient qu’il n’était plus l’homme de la situation pour parvenir à un compromis avec les pilotes.µLa direction de la compagnie, qui considère être allée au bout des concessions qu’elle pouvait faire aux pilotes pour sa nouvelle compagnie à coûts réduits, a soumis son projet d’accord à signature. A prendre ou à laisser. Au terme de plusieurs mois de négociations clôturées par un round final de «dix jours de discussions jour et nuit», la direction d’Air France considère qu’elle est allée au maximum des concessions qu’elle pouvait faire aux pilotes dans le cadre de la création de sa future compagnie Boost à coûts réduits. Elle a donc transmis jeudi aux syndicats de pilotes (SNPL et Spaf) un projet d’accord sur la création de cette filiale à 100% programmée pour démarrer son activité moyen courrier à l’automne prochain et long courrier à l’été 2018. Un projet qui constitue la principale nouveauté du nouveau plan stratégique «Trust together» et que les pilotes, qui ont statutairement leur mot à dire sur tout changement du périmètre d’activité de la compagnie, ont juridiquement les moyens de bloquer. Au passage, Air France propose également aux pilotes un compromis sur la majoration des heures de nuit afin de solder définitivement le plan précédent «Transform 2015». Leurs représentants ont désormais jusqu’au 24 février pour se prononcer, date qui pourrait cependant être repoussée si une consultation de la base était décidée par les syndicats, qui en sont coutumiers. Basée à l’aéroport de Roissy Charles de Gaulle, la nouvelle compagnie Boost, qui doit capter à terme 10% de l’activité d’Air France, sera limitée à 18 avions moyen-courrier et 10 avions long-courrier. Une «mesure de protection demandée» par les syndicats pour limiter le «risque de transfert d’activité», indique la direction. Les droits de trafic resteront également la propriété d’Air France. La nouvelle compagnie, dont le nom définitif a déjà été arrêté mais pas encore dévoilé, ne pourra par ailleurs «pas être vendue», est-il écrit dans le projet d’accord en réponse à une autre crainte exprimée par les syndicats lors des négociations. Pour tenir l’objectif d’un allègement de 20% des coûts d’exploitation sur Boost par rapport à Air France, son directeur général Franck Terner a détaillé au cours d’une conférence de presse téléphonique la proposition faite aux pilotes. Plutôt que de faire peser sur les seuls navigants transférés et recrutés chez Boost une hausse de la productivité fixée à 15%, il propose de «mutualiser» cet effort à l’ensemble des pilotes volant sur les deux compagnies. «Le compromis que nous proposons ne modifie pas l’objectif initial mais simplement les moyens d’y parvenir», a-t-il expliqué en l’illustrant en ces termes : «1,5% d’économie demandé à tous les navigants revient au même que 15% concentré sur 10% des pilotes». Mathématique. En contrepartie, la direction s’engage à maintenir un contrat unique pour ses 3 715 pilotes, dont l’effectif sera porté à 4 050 en cas d’accord. «Nous nous engageons à recruter 200 pilotes par an dont la moitié pour remplacer les départs en retraite et l’autre pour répondre à la croissance du trafic généré par Boost», a poursuivi Franck Terner. Alors que l’objectif initial était de faire voler un peu plus les navigants pour la même rémunération sur Boost, «les règles d’utilisation et de rémunération d’Air France» resteront les mêmes pour tous. Une concession de poids, juge la direction, qui pour faire passer la pilule, s’engage en prime à mettre en place un «dispositif supplémentaire d’intéressement» afin de mieux associer les pilotes aux retombées financières attendues de la stratégie élaborée par le nouveau PDG Jean-Marc Janaillac. L’objectif d’économies fixé pour les hôtesses et stewards (PNC) avec lesquels des négociations très serrées se poursuivent est en revanche plus radical : la direction entend réduire de 40% le coût des navigants sur Boost mais sans transfert de personnel ni de mutualisation cette fois. Pas question de toucher aux conditions de travail et à la rémunération des chez Air France, «ce ne serait ni réaliste, ni souhaitable et nous ne le souhaitons pas», a expliqué Franck Terner qui a répété que l’on «ne touchera pas au contrat social chez Air France». En contrepartie, la compagnie prévoit d’embaucher «un peu plus de 1200 PNC», dont les recrutements sont gelés depuis 2008. Un pari mal engagé au vu de la réaction des syndicats de PNC, qui jugent que Boost permettra «un transfert de l’activité PNC sans limite» au détriment de l’activité d’Air France. Si ce «projet destructeur» venait à se concrétiser, ont prévenu le SNPNC et l’Unsa-PNC, la compagnie fera face à un «conflit massif». Ambiance. Les deux principaux syndicats de pilotes ont réagi défavorablement à cette annonce. «Pour nous, les négociations n’étaient pas abouties», a déclaré à l’agence Reuters Véronique Damon, copilote et secrétaire générale du très majoritaire Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL). «On retrouve une méthode de proposition unitalérale de texte», a-t-elle ajouté, faisant référence aux précédents conflits des syndicats de pilotes avec la direction, qui avaient débouché sur une grève massive en 2014, la plus longue de l’histoire de la compagnie, puis à nouveau en 2016. Des grèves qui avaient fini par décider l’ancien président Alexandre de Juniac à quitter la compagnie, bien conscient qu’il n’était plus l’homme de la situation pour parvenir à un compromis avec les pilotes.µ