Désavouée par la justice, Marine Le Pen riposte

Florian Philippot a beau marteler que «Jean-Marie Le Pen appartient au passé», l’octogénaire frontiste n’en a pas moins remporté ce mardi une nouvelle manche judiciaire contre sa fille et le Front national qu’elle préside. La troisième.

Appelée à se prononcer sur la validité du congrès postal que le FN comptait organiser, et dont l’objet était de priver Jean-Marie Le Pen de sa présidence d’honneur, la cour d’appel de Versailles a confirmé mardi la suspension de la procédure et le maintien du patriarche dans ses fonctions. Une décision qui a dépité le député mariniste Gilbert Collard:

La justice confirme en appel la suspension du congrès du FN: JM Le Pen président d’honneur mandaté par les juges!

— Gilbert Collard ن (@GilbertCollard) 28 Juillet 2015

Le jugement rendu en première instance est donc validé: le FN s’est bien assis sur ses statuts pour se défaire de celui qui a présidé à sa destinée trente ans durant. «Je ne peux pas imaginer que la justice ne donne pas raison à la démocratie interne, qu’elle aille dans le sens d’un déni de démocratie, puisque plus de 30 000 adhérents du FN ont voté, ont pris part à cette consultation», assurait quelques heures plus tôt Philippot au micro de France Info. A la demande de Jean-Marie Le Pen, les juges avaient stoppé le processus de vote. Le parti a annoncé mardi après-midi qu’il allait quand même dépouiller et rendre public mercredi le résultat, sans valeur légale, du vote, dénonçant une «justice qui s’immisce de manière très contestable dans l’administration et dans le choix de la ligne politique d’un parti», soulignant «l’autorité politique incontestable» de ce scrutin malgré «la suspension de ses effets juridiques». Et le FN de rappeler que «cette décision n’entrave pas la procédure disciplinaire qui parallèlement suit son cours à l’encontre de Jean-Marie Le Pen».

Dans son arrêt, la cour «confirme en toutes ses dispositions»la décision rendue le 8 juillet par les juges des référés du tribunal de grande instance de Nanterre (Hauts-de-Seine), qui avaient suspendu cette consultation des adhérents, organisée jusqu’au 10 juillet par voie postale, «jusqu’à organisation d’une assemblée générale extraordinaire conforme aux statuts actuellement applicables». Celle-ci pourrait intervenir lors de l’université d’été du FN, qui doit se tenir les 5 et 6 septembre à Marseille. Dans l’entourage de Marine Le Pen, on sait qu’il sera alors difficile de mobiliser les 28 000 adhérents (sur les 51 500 adhérents à jour de cotisation) qui s’étaient exprimés par courrier. Et on ne voudrait pas voir la rentrée de «Marine» polluée par les soubresauts de son père, a fortiori dans la terre d’élection de Jean-Marie Le Pen. Délégué général du Rassemblement bleu marine, Jea-Yves Narquin a d’ailleurs appeler à ne pas laisser l’affaire se transformer en boulet:

je milite pour l’exclusion pur et simple de Le Pen, article 6 et 8 des statuts il faut en finir aujourd’hui et vite

— Narquin Jean-Yves (@Narquin_JY) 28 Juillet 2015

 

C’est d’ailleurs là-bas que pourrait se régler le cas du père Le Pen. Si celui-ci se décidait bien à conduire une liste dissidente en Paca, comme le toujours président d’honneur l’envisagerait de plus en plus, pressé par ses proches, la question de sa sanction serait alors tranchée. En se présentant contre sa petite-fille, officiellement investie par le Front national, Jean-Marie Le Pen n’aurait alors plus d’arguments pour empêcher sa fille de le mettre dehors. «Le FN devrait maintenant tirer les leçons de ce qui lui arrive. Il faut qu’ils arrêtent cette guerre», a toutefois réagi mardi l’avocat du «Menhir», Me Frédéric Joachim. Même son de cloche chez Bruno Gollnisch:

J’appelle à la réconciliation. Mettons nous autour d’une table et discutons. L’unité est nécessaire à notre combat politique. #FN

— Bruno Gollnisch (@brunogollnisch) 28 Juillet 2015