Palazzo Margherita : bienvenue chez les Coppola
C’est une petite ville comme l’Italie du Sud en réserve des dizaines. Avec son église, sa mairie, sa place principale, ses commerces, ses motos pétaradantes et son linge qui pend aux fenêtres. Une petite ville située au coeur de la Basilicate, région blottie au creux de la Botte, entre la Calabre et les Pouilles. Bernalda aurait pu longtemps rester dans l’anonymat si l’un de ses concitoyens n’était pas le grand-père de Francis Ford Coppola. C’est ici, dans les années 60, que le cinéaste vint renouer avec ses racines. C’est ici encore qu’il revint, en 2004, assister à la fête du saint patron, invité au balcon du Palazzo Margherita, un superbe palais XIXe, emblème de la cité. Le coup de foudre est immédiat. Un an plus tard, Coppola achète la propriété et se lance dans un vaste programme de restauration avec l’appui de Jacques Grange, célèbre architecte d’intérieur français.
Au départ, rien ne prédestine la demeure à un autre usage que familial. Sofia Coppola s’y est mariée en 2011. Mais, très vite, la tribu décide d’ouvrir le palais aux amateurs de charme, d’Histoire et de confidentialité. Nous sommes en 2012 et le Palazzo Margherita devient le cinquième hôtel des Coppola. Une aventure entamée en 1993 au Belize avec le Blancaneaux Lodge, l’un des tout premiers écolodges dans le monde. Là aussi, nulle velléité hôtelière à l’origine : « Juste l’envie de trouver un endroit où réunir sa famille, qui lui rappelle le tournage d’Apocalypse Now aux Philippines. Blancaneaux ne sera commercialisé que des années plus tard », raconte Myriam Kournaf, nouvelle directrice de The Family Coppola Resorts, chargée d’accroître la notoriété du groupe, mais surtout de lui insuffler une dynamique homogène, empreinte de l’élégance et du savoir-faire français. « Il n’y a aucune logique dans le choix des lieux, ajoute-t-elle. Tout se fait au coup de coeur. Mais il s’agit toujours de petites entités avec une histoire et beaucoup d’âme. »
Mille et un détails
Pour le comprendre, direction « Bernalda bella », comme l’appelait le grand-père Agostino, et le Palazzo Margherita. Face à la porte-cochère – sans enseigne -, impossible d’imaginer ce qui se cache derrière. Car ici l’objectif est de rester discret et de s’intégrer à la communauté. C’est donc par le patio intérieur agrémenté d’arches, de colonnes et de balcons, très néoclassiques, que commence la visite. Sur le sol pavé subsistent encore les sillons creusés par les roues des anciennes carrioles. Çà et là, quelques tables et fauteuils en rotin. Et, au loin, un superbe jardin ponctué de vasques, de piliers, de fontaines, de pergolas et de petits chemins au milieu desquels s’épanouissent chênes, palmiers, cycas, pins et herbes aromatiques. Mais c’est au premier étage que l’architecture palatiale prend vraiment toute sa dimension : moulures, sols en marbre, hauteurs sous plafond, fresques d’inspiration néoclassique et marocaine peintes à la main, lustres en cristal de Murano… Pour la plupart originels. « Lors de la rénovation, chaque pièce de carrelage du Family Bar a été enlevée, numérotée et réinstallée », explique Angela, notre hôtesse.
Frappants également, ce bar rétro chiné chez un antiquaire, cette affiche de Dean Tavoularis illustrant l’une des prestigieuses cuvées des Coppola, ces portraits noir et blanc (Sophia Loren, Claudia Cardinale, Marcello Mastroianni…) accrochés au Cinecitta Bar. Et ces mille et un détails, imperceptibles, dictés par chaque membre de la famille. Romantisme et tons pastel dans la suite Sofia. Modernisme et Art déco dans la suite Roman. Rococo dans la suite Gia (le petit-fils). Et atmosphère nord-africaine – en hommage à la grand-mère tunisienne de Coppola – dans la suite Francis, unique chambre créée de toutes pièces.
Voilà pour le décor. Pour le reste, le palazzo n’est qu’authenticité, raffinement et immersion… italienne. À commencer par la cuisine locale qu’on pourra déguster à toute heure de la journée et quel que soit l’endroit : sous la pergola, dans le jardin, près de la piscine, dans la cour, en cuisine, sur la terrasse du Cinecitta Bar ou encore dans le grand salon. Qui, le soir venu, se transforme en salle de projection où on se délecte d’innombrables films italiens sélectionnés par le maître himself. Un rêve de cinéma.
Palazzo Margherita. Situé à 1 h30 en voiture des aéroports de Bari et Brindisi. 9 chambres dont 6 suites au coeur du palais et 3 dans les jardins, au style plus champêtre. Nombreux espaces de restauration dont le Cinecitta Bar, rétro, charmant et ouvert sur la rue. Cuisine savoureuse et prix plus que raisonnables : de 3 à 15 euros la pizza, 8 à 16 euros l’assiette de pâtes et 10 à 22 euros le plat principal. À partir de 390 euros la nuit. (39) 08.35.54.90.60, www.palazzomargherita.com.
Couleurs Caraïbes, au Belize À peine entré dans l’escarcelle des Coppola, le Turtle Inn est balayé par l’ouragan Iris. Le couple reconstruit et étrenne deux ans plus tard un magnifique refuge, d’influence balinaise, ouvert sur la plage et la mer des Caraïbes. À partir de 260 euros la nuit. www.coppolaresorts.com/turtleinn. « Jungle fever », au Guatemala Après le Belize, les Coppola jettent leur dévolu sur le Guatemala et un ravissant lodge près du site archéologique de Tikal. Rénovée, La Lancha arbore désormais dix casitas rustiques chics nichées au coeur de la jungle, parmi toucans et singes hurleurs. Avec, à deux pas, le lac Peten Itza, idéal pour la pêche, la baignade et le canoë. À partir de 150 euros la nuit. www.coppolaresorts.com/lalancha.