Citroën Cactus M : la véritable héritière de la Méhari

Coup de bluff ou coup de génie ? L’embryonnaire marché de la voiture électrique se réveille soudain en cette fin d’année à l’annonce, par Citroën, de la renaissance de la Méhari. Rien de moins ! En quête de repères face à DS qui est devenue une marque à part entière, Citroën tourne depuis longtemps autour du pot de la Méhari, une icône d’un autre temps qu’il est bien difficile d’adapter à la sauce réglementaire actuelle.

Cette petite voiture de conception très légère et disposant de moyens rudimentaires a parfaitement correspondu à une époque, celle de 1968 et du grand chambardement des modes de vie. Mais en disparaissant en 1987 après une vingtaine d’années de carrière, elle s’est montrée victime collatérale des nouvelles réglementations en matière de sécurité.

Quelques années plus tard, en 1990, son aînée la 2 CV fait aussi les frais d’un pareil durcissement de la réglementation. On imagine mal en effet une 2 CV ou une Méhari subir aujourd’hui les crashs tests réglementaires et satisfaire aux normes de dépollution, en vigueur pour l’ensemble de la production occidentale. Même chose pour la Mini Moke et la Renault Rodéo qui, chacune à leur façon, jouaient des emplois aussi décalés qu’attachants, mais hors d’âge.

Citroën C-Cactus M © Citroën

Néanmoins, la Méhari véhicule une idée jeune et décomplexée des loisirs qui n’a pas pris une ride. C’est la raison pour laquelle Citroën se penche à nouveau sur la question en essayant d’adapter le concept plutôt novateur de ses Cactus à une finition, voire une carrosserie en partie découverte qui signifierait loisirs, surf, plage et soleil. Pourquoi pas, car la Cactus, très innovante dans ses formes et ses intentions, est particulièrement bien adaptée à une évolution loisirs ou 4×4.

Le changement pour idéal

Il va de soi que ce véhicule a besoin de vivre et offre une matière de choix au styliste pour s’exprimer. Déjà en 2010, un concept-car procédant de cette réflexion, la Lacoste, avait égayé le Mondial de Paris. Une raison de plus pour que les Chevrons fassent monter la pression au dernier Salon de Francfort avec un véhicule comme bien peu savent le faire. Il appartient totalement à la culture de Citroën.

Pourtant, la marque, quelque peu opportuniste, a décidé d’aller plus loin et plus vite en récupérant une base technique Bolloré et l’électrification qui va avec (lire notre article). Elle règle ainsi d’un coup le problème environnemental avec une logique de voiture de loisirs sur batterie qui prêtera à polémique en raison de son usage discontinu. Elle trouve également un châssis rhabillé pour l’occasion par le design Citroën et bénéficiant a priori des homologations nécessaires. On est toutefois curieux de connaître le résultat du test EuroNcap de cet engin d’aspect sommaire.

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Née en 1968, en pleine pagaille révolutionnaire, la première Méhari l’était aussi, sommaire. Elle n’avait pas vraiment raté son entrée en témoignant à sa manière d’une volonté de changement. Sous les pavés et les roues de la Citroën, la Méhari savait trouver la plage, tout un programme qui fait bondir les imaginations aujourd’hui encore. Le succès conjoint des SUV et autres crossovers est là pour le prouver, et voir le Cactus M (pour Méhari) fait souffler une belle brise porteuse de fraîcheur sur Citroën.

Pour tenter d’adapter le C-Cactus à la philosophie Méhari, les designers ont enlevé tout le toit et les vitrages latéraux. Grand air assuré entre le pare-brise redressé à 60 degrés et l’arceau situé à l’extrême arrière. On pourra fixer, sur ces deux supports providentiels, deux planches de surf. Ornée des « airbumps » de protection latérale, deux vastes portières donnent accès à un habitacle insolite, garni de tissu néoprène au décor fleuri. La raison est que l’intérieur, après une virée à la plage ou dans la gadoue, pourra être passé au jet pour nettoyage complet. L’eau s’évacuera par le plancher prévu à cet effet.

Citroën C-Cactus M © Citroën

En revanche, prévoir une tenue de pluie, car, en cas d’averse, le déploiement des protections en toile gonflables rangées dans le coffre prendra un peu plus de temps que celui d’une Quechua. Le bivouac est rendu possible avec la bascule de la banquette arrière vers le coffre qui forme alors une couchette pour deux personnes. Ingénieux, mais sans doute peu réaliste d’un vrai besoin dans ce domaine. Pour la motorisation, au lieu d’un hybride qui aurait eu sa place sur une voiture à l’esprit « vert », on retrouve l’excellent 3 cylindres 1,2 l pur Tech de 110 chevaux, et il n’y a pas de transmission intégrale prévue.

Citroën C-Cactus M © Citroën

Un tel véhicule assagi vis-à-vis du concept et moins sommaire que la Méhari permettra de diversifier l’offre du C-Cactus, qui peine un peu plus que prévu à s’installer entre la Peugeot 2008 et la Renault Captur. Citroën a fait un autre choix, celui d’une certaine facilité et d’une production assurément confidentielle, car, à 24 000 euros prix estimé hors bonus écologique de 6 600 euros, la E-Mehari n’imite plus sa glorieuse aînée qui était nettement plus populaire.

Identité de marque

Il est vrai qu’en scindant la marque en deux labels, Citroën d’un côté et DS de l’autre, les chevrons se sont vus privés d’un certain nombre d’innovations technologiques et de valeurs « haut de gamme » pourtant attachées étroitement à la marque. Il lui faut donc se réinventer pour laisser le champ libre à DS, et c’est par l’autre bout de la gamme qu’elle peut le faire avec des véhicules simples, astucieux, débrouillards et bien adaptés aux usages actuels.

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Malins et économes, ils se doivent aussi de se fondre dans notre vie du XXIe siècle. Réinventer la Méhari passera donc par une réorganisation globale de la gamme en la rajeunissant, une manière d’attirer à soi une clientèle différente ou plus décomplexée. La E-Mehari est-elle le bon outil pour y parvenir ? Le choix de sa motorisation exclusivement électrique permet d’en douter.

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Il faut aussi se souvenir qu’en 20 ans d’existence, la Méhari a peiné à atteindre les 140 500 exemplaires. Un objectif hors d’atteinte pour la E-Mehari qui nous fait déjà regretter que la Cactus M n’ait pas débouché sur un projet concret.