Le chef étoilé franco-suisse Benoît Violier se serait suicidé

Le chef cuisinier franco-suisse Benoît Violier est décédé dimanche à son domicile, en Suisse. « En fin d’après-midi, la police de l’Ouest lausannois est intervenue à Crissier, où elle a découvert, à son domicile, le corps sans vie du célèbre cuisinier, âgé de 44 ans, a indiqué la police cantonale vaudoise dans un communiqué. L’intéressé aurait mis fin à ses jours à l’aide d’une arme à feu. » Une enquête a été ouverte afin d’établir les circonstances exactes du décès. « Par respect pour la famille », les autorités ne feront aucun autre commentaire. « La famille prie par ailleurs les médias de laisser les proches tranquilles pour l’instant afin qu’ils puissent se recueillir dans le calme et la paix », précise la police.

Titulaire des trois étoiles depuis 1998, Benoît Violier devait assister ce lundi à Paris à la remise des étoiles du guide Michelin. C’est également à Paris, en décembre dernier, qu’il avait été couronné par la première édition de La Liste, nouveau classement des meil­leurs restaurants du monde, distinguant les 1 000 meilleurs restaurants du monde en compilant les notes de 187 guides gastronomiques, pondérées par des avis d’utilisateurs de sites participatifs tels que TripAdvisor et des critiques de presse.

Les autres chefs choqués

Le célèbre chef français au chapeau noir Marc Veyrat s’est dit « anéanti » sur son compte Twitter. « La planète est orpheline de ce chef d’exception, Benoît Violier », a-t-il affirmé. « Nous sommes bouleversés par la disparition de Benoît Violier, chef à l’immense talent. Nos pensées vont à sa famille et à ses équipes », a pour sa part tweeté le guide Michelin, qui doit dévoiler lundi son guide 2016 des restaurants étoilés. Jean-François Piège, autre grand cuisinier français, a, lui, salué « un immense chef » et a fait part de son « immense tristesse ». La chef étoilée Anne-Sophie Pic s’est dite « terriblement attristée ». « Une pensée affectueuse à sa famille, à ses équipes. Je n’ai pas de mots », a-t-elle écrit sur Twitter.

Le 12 décembre dernier, le Restaurant de l’hôtel de ville à Crissier, que Benoît Violier dirigeait aux côtés de sa femme, était arrivé à la première place de « La Liste », un palmarès des « mille tables d’exception » dans le monde réalisé sous l’impulsion du Quai d’Orsay pour répondre au classement britannique controversé des « 50 Best ». Ce restaurant trois étoiles, situé près de Lausanne, devançait ainsi le new-yorkais Per Se, autre établissement triplement étoilé au Michelin dirigé par le chef américain Thomas Keller. « C’est fabuleux, c’est exceptionnel pour nous. Ce classement va stimuler encore plus l’équipe », s’était réjoui Benoît Violier, qui avait repris les rênes du restaurant avec sa femme Brigitte en 2012.

Spécialiste de la préparation du gibier

Passé chez Joël Robuchon à Paris, ce meilleur ouvrier de France avait succédé à la tête du Restaurant de l’hôtel de ville de Crissier, ouvert il y a 60 ans, aux chefs suisses Frédy Girardet puis Philippe Rochat, mort en juillet dernier après un malaise à vélo. « Benoît Violier avait dit dans plusieurs interviews qu’il avait perdu ses deux pères en 2015, son véritable père en avril et son mentor, Philippe Rochat », relevait dimanche soir Le Temps sur son site internet.

Par le passé, d’autres grands chefs cuisiniers ont également mis fin à leurs jours. Le 25 février 2003, Bernard Loiseau, le chef de l’hôtel restaurant La Côte d’Or à Saulieu en France, se suicide à l’âge de 52 ans. Il était l’une des étoiles de la gastronomie française, à l’égal de Paul Bocuse et de Georges Blanc, se présentant souvent comme « le seul cuisinier au monde à être coté en Bourse ». La même année, le 3 décembre 2003, un cuisinier moins célèbre, le chef Pierre Jaubert, propriétaire et chef de l’Hôtel de Bordeaux, à Pons en France, deux pavillons au guide Michelin 2003, s’est aussi donné la mort.

Benoît Violier, Rochelais d’origine, fils de viticulteur, avait obtenu la nationalité suisse il y a deux ans, selon Blick, un autre journal suisse. Sacré cuisinier de l’année 2013 par l’édition suisse du Gault & Millau, Benoît Violier était un passionné de chasse et spécialiste de la préparation du gibier. Lièvre à la royale, chamois, mouflon, ainsi que des bécasses – dont la consommation au restaurant est permise en Suisse à la différence de la France – sont parmi les plats proposés dans son établissement, qui promeut aussi une cuisine de saison faisant une large place au bio. Le restaurant de 50 couverts, qui a décroché trois étoiles au Michelin il y a une vingtaine d’années, propose des menus de 195 à 395 francs suisses (entre 180 et 365 euros).