Les écolos verts de rage après le départ de Cosse
Un réveil douloureux pour les écolos : le départ d’Emmanuelle Cosse pour le gouvernement trottait dans les têtes ce vendredi. L’ancienne secrétaire nationale du parti a «déçu» ses anciens collègues. Certains parlent «d’abandon de poste», d’autres «d’aventure personnelle» ou de «trahison». Et pour cause : Emmanuelle Cosse a rejoint le gouvernement sans consulter son parti. Mais son départ couvait depuis des mois. Elle avait des contacts réguliers avec Matignon et l’Elysée sans masquer ses oppositions au gouvernement. Sa ligne n’était plus en accord avec la base de son parti : elle marchait sur un fil. D’ailleurs, la semaine passée, elle a annoncé à ses proches qu’elle ne briguerait pas un autre mandat à la tête d’EE-LV.
Jeudi, en fin de matinée, lorsqu’elle a contacté par téléphone David Cormand (jusqu’ici en charge des élections au sein du parti) pour lui annoncer son départ, il n’a pas tenté de la retenir. Il lui a «seulement» demandé de démissionner et l’a prévenue : «Les prochains jours, les attaques risquent d’être violentes.» Emmanuelle Cosse, qui sait encaisser les coups, a emprunté la sortie de secours pour filer au Logement.
«Des écologistes, mais pas d’écologie au gouvernement»
Vendredi, une conférence de presse a été organisée au siège d’EE-LV, rue Chaudron, à Paris, pour faire un point. David Cormand, entre-temps désigné secrétaire national, était présent aux côtés de Marine Tondelier, Julien Bayou, Sandrine Rousseau et du sénateur Jean Desessard. Cormand a eu des mots durs à l’endroit du président de la République. «Parfois, avec Hollande, on a l’impression qu’on est dans House of Cards, mais c’est la réalité. Il devrait diriger la France mais il utilise les méthodes d’un palais florentin», pour préparer sa réélection, selon le secrétaire national. Pour la porte-parole du parti, Sandrine Rousseau, il y a des «écologistes mais pas d’écologie au gouvernement.» Le tout, dans une ambiance lourde.
Selon les présents, le départ de Cosse «nuit gravement au mouvement écologiste». EE-LV, en crise depuis des lustres, tente tout de même de regarder vers l’avant. Un congrès est prévu au mois de juin, à Pantin (Seine-Saint-Denis). David Cormand devrait postuler : il a le soutien de Cécile Duflot. C’est-à-dire de la véritable taulière du parti.
Le silence de Duflot
Le congrès sera surtout l’occasion de définir une ligne claire et cesser les enfantillages. Un élu explique : «Le départ de Cosse est douloureux mais il faut voir les choses de l’autre côté. Aujourd’hui, on est entre nous et nous n’avons plus le choix. Soit on se met d’accord sur une ligne et un objectif et on avance avec l’ambition de prendre le pouvoir. Soit notre parti meurt et on aura que nos yeux pour pleurer.» Il ajoute : «J’ai confiance en mes camarades : l’écolo est toujours plus fort dos au mur.»
Mais aujourd’hui, la question qui occupe les esprits, c’est la présidentielle. Cécile Duflot est au premier rang, avec, ou sans, primaire, malgré des sondages peu encourageants. Silencieuse, depuis le remaniement, la députée prépare la riposte.
Rachid Laïreche