Hollande candidat à la primaire? Aubry finalement pour, Le Foll toujours contre
Elle avait surpris et même déçu nombre de ses proches. Mercredi soir, en marge d’un déplacement et quelques heures après avoir publié dans le Monde une tribune-réquisitoire contre la politique menée depuis deux ans par l’exécutif et en premier lieu contre la réforme du code du travail, Martine Aubry avait jugé que François Hollande, en tant que Président sortant, n’avait pas «besoin» de se soumettre à une primaire pour candidater à sa succession. Dans la bouche de la finaliste de la primaire citoyenne de 2011 et alors que plusieurs initiateurs de l’appel publié par Libération en faveur d’une primaire des gauches et de l’écologie – notamment Daniel Cohn-Bendit et Michel Wieviorka – ont cosigné son texte dans le Monde, la sortie n’est pas passée inaperçue.
Mais vingt-quatre heures plus tard, alors qu’elle passait une tête dans l’étape lilloise de Notre Primaire, la maire de la ville, qui n’a pas l’air de s’imaginer recandidater à un tel scrutin, a reconnu avoir eu la veille une «réaction un peu institutionnelle». «Si maintenant, ça a l’air d’être le chemin, que François Hollande est candidat et qu’il est prêt à venir dans cette primaire, c’est formidable, a-t-elle ajouté. Aujourd’hui, je vois que ça bouge.» Référence au fait que Jean-Christophe Cambadélis, le premier secrétaire du PS, s’est lui-même dit plutôt favorable à une primaire de toute la gauche. «Eh, bien, allons-y, dans ces conditions ! Et, comme le président de la République a l’air de dire que s’il était candidat il n’y serait pas opposé, alors voilà, il faut pousser pour que chacun, y compris ceux qui ne veulent pas venir, accepte de venir dans ce grand mouvement démocratique». Ça, c’est pour Jean-Luc Mélenchon, présent lui aussi à Lille jeudi soir et farouche opposant d’une quelconque prédésignation avant le premier tour de la présidentielle.
«Est-ce que ce serait chouette ?»
Dans le premier cercle hollandais, le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, s’est, lui, de nouveau montré hostile à voir son champion, fort occupé à l’Elysée mais aussi fort peu populaire à gauche, se prêter à l’exercice d’une primaire. Ce vendredi sur France Info, il a déclaré : «Dans un contexte où on a affaire à une crise agricole […], mais aussi une crise de lutte contre le terrorisme, une situation sur l’Europe qui […] est un sujet majeur, nous on serait là en train de débattre pour savoir si à la fin de l’année tout le monde participe à une primaire, est-ce que ça serait chouette, est-ce que ça serait pas chouette ?» Et d’ajouter, avec une certaine morgue : «Cette histoire, je vais la laisser à ceux qui veulent s’en occuper. Et je rappellerai à tous ceux qui au gouvernement ont une responsabilité, c’est que nous, c’est la France et les Français, et le reste ne compte pas.» A ce compte là…
Jonathan Bouchet-Petersen