Loi travail : 150 000 manifestants en France, selon l’Unef

A Strasbourg, Noémie Rousseau a recueilli les propos de Pascale Fogel, infirmière au bloc opératoire, 40 ans (photo Pascal Bastien pour Libération) :

«Ce projet de loi travail, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Comme tous les gens de gauche, je suis perdue, je ne comprends pas ce que fait ce gouvernement depuis le début du quinquennat. Avant de s’en prendre au code du travail, il y a eu l’ANI, le pacte de responsabilité, le curseur se déplace toujours plus à droite, dans le sens de la flexibilité, jamais de la sécurité. En 2012, Hollande déclarait la guerre à la finance et dans la foulée, il a fait une politique qui va dans le sens des banquiers et des patrons. Forcément, on se sent trahis. Aujourd’hui, nous en sommes à nous battre pour défendre le modèle social français, la République, la sécurité sociale, la solidarité… Bref, l’héritage du conseil national de la Résistance. Comme le disait le philosophe Michel Clouscard, nous sommes dans « un monde où tout est permis mais rien n’est possible ». On nous dit d’acheter notre bonheur mais, en fait, on n’a pas les moyens ! Je travaille à l’hôpital, je vis l’austérité au quotidien, les fermetures de lits, les restrictions budgétaires… La vraie politique de gauche, l’alternative au gouvernement actuel, où est-ce qu’on va la trouver désormais ? Et comment la faire arriver au pouvoir ? J’ai vraiment peur que ce ras-le-bol général s’exprime par un vote FN massif en 2017, par une Marine Le Pen au deuxième tour.»