Henri de Castries, l’énarque devenu capitaine d’un géant mondial
Paris – Henri de Castries, PDG sortant d’Axa, est devenu en 17 ans l’un des grands patrons les plus écoutés en France et à l’international, un exemple de « la France qui réussit » pour le patronat, en faisant du groupe d’assurance un géant mondial du secteur.
« Voilà la France qui réussit grâce au leadership et à une vision d’Henri de Castries« , un « formidable entrepreneur, formidable capitaine d’industrie qui a mené sa barque depuis 17 ans » et hissé Axa au rang des premiers mondiaux, a salué lundi le patron du Medef, Pierre Gattaz sur Europe 1, peu après l’annonce de son départ de la tête du groupe d’assurance.
Favori selon le Sunday Times pour reprendre les rênes de la banque britannique HSBC, Henri de Castries, 61 ans, est un financier autant qu’un assureur qui s’est forgé au fil des ans un profil de grand patron visionnaire et résolument tourné vers l’étranger.
Né à Bayonne (Pyrénées-atlantiques), descendant d’une vieille famille de la noblesse française, il est diplômé d’HEC et ancien élève de l’ENA, dans la désormais célèbre promotion Voltaire où il a cotoyé notamment François Hollande, Michel Sapin, Ségolène Royal et Jean-Pierre Jouyet.
Il commence par un parcours classique de haut fonctionnaire: inspection des finances (1980-84), direction du Trésor (1984-85). De 1986 à 1988, il travaille sur les privatisations orchestrées par Edouard Balladur, notamment celle de TF1. En 1988, après la réélection de François Mitterrand à la présidence de la République, il devient chef de bureau du marché des changes et de la balance des paiements au Trésor.
En 1989, il entre chez Axa et y occupe jusqu’en 1993 diverses fonctions, notamment celle de secrétaire général, qui lui donne une bonne connaissance des hommes et de la maison.
– Une voix qui compte –
Nommé directeur général en 1993, il prend en charge un an plus tard les activités d’assurance dans les pays anglo-saxons et de la gestion d’actifs.
Formé par Claude Bébéar, alors patron du groupe et personnalité imposante du CAC 40, Henri de Castries apparaît très rapidement comme son dauphin potentiel.
Impliqué dans la prise de contrôle de l’Union des Assurances de Paris (UAP) en 1996, alors numéro un du secteur, et chargé notamment de l’intégration des filiales hors de France, il est associé à toutes les grandes manoeuvres stratégiques du groupe jusqu’à sa nomination en 2000 à la tête du directoire d’Axa où il succède à Claude Bébéar.
Depuis avril 2010, il est PDG d’Axa. Sous sa présidence, le groupe a gagné ses galons de groupe international, devenant numéro deux européen, avec plus de 100 millions de clients dans le monde.
Prolixe dans les médias sur sa vision de la France et de l’évolution économique internationale, Henri de Castries est réputé pour être entendu par les milieux dirigeants, aussi bien de gauche que de droite, sans pour autant faire état d’ambitions politiques pour le moment.
Marié, père de trois enfants, il a été conseiller municipal d’Abitain, village des Pyrénées-Atlantiques dont son grand-père a été maire pendant trente ans.
Plutôt tourné vers l’analyse, il préside depuis juin 2015 l’Institut Montaigne, l’un des principaux « think tank » français, ou groupe de réflexion sur les politiques publiques, d’inspiration libérale et fondé par son prédécesseur, Claude Bébéar.