Harcèlement sexuel : « l’impunité, c’est fini », promettent 17 anciennes ministres
Ce sont des femmes. Elles ont été ministres. Et ont dû subir des remarques sexistes ou des gestes déplaces. 17 femmes politiques lancent un appel dans Le Journal du dimanche. Intitulé « Nous ne nous tairons plus », l’appel compte parmi ses signataires Roselyne Bachelot, Cécile Duflot, Aurélie Filippetti et Nathalie Kosciusko-Morizet, entre autres. Elles annoncent qu’elles dénonceront désormais « systématiquement toutes les remarques sexistes, les gestes déplacés, les comportements inappropriés ».
Au lendemain des accusations de harcèlement visant le député écologiste Denis Baupin, 17 anciennes ministres écrivent : « Comme toutes les femmes qui ont accédé à des milieux auparavant exclusivement masculins, nous avons eu à subir et à lutter contre le sexisme. Ce n’est pas aux femmes à s’adapter à ces milieux, ce sont les comportements de certains hommes qui doivent changer. » « Cela suffit. L’immunité, c’est fini. Nous ne nous tairons plus, disent-elles. Nous dénoncerons systématiquement toutes les remarques sexistes, les gestes déplacés, les comportements inappropriés. Nous encourageons toutes les victimes de harcèlement sexuel et d’agressions sexuelles à parler et à porter plainte. » Et de poursuivre : « Nous demandons à nos partis et à nos groupes politiques de vérifier si de tels actes ont été commis et, si tel a été le cas, d’aider les victimes à faire éclater la vérité. »
Des pistes doivent être étudiées
« Aujourd’hui, l’arsenal judiciaire existe, mais les lois ne sont pas suffisamment appliquées, déplorent les signataires. Le Code du travail protège la salariée, mais il n’est pas respecté. Peu de femmes portent plainte et très peu de plaintes débouchent sur des condamnations. » « Plusieurs pistes doivent être étudiées », assurent-elles, en citant notamment l’« allongement des délais de prescription en matière d’agression sexuelle, la possibilité pour les associations compétentes de porter plainte en lieu et place des victimes, la fin de la correctionnalisation des viols », ou bien encore l’« instruction donnée aux parquets de poursuivre systématiquement en cas de harcèlement ».
L’actuelle ministre des Droits des femmes, Laurence Rossignol, a rappelé dimanche sur France 3 que deux de ces propositions étaient en cours d’adoption ou d’élaboration, à savoir le rallongement des délais de prescription, actuellement en navette parlementaire, et la possibilité pour les associations de déposer plainte, qu’elle défendra bientôt au Parlement. Saluant l’initiative de ses pairs, la ministre a lancé : « On dit aux hommes qui ont ces comportements : lâchez-nous, oubliez 30 secondes que nous sommes des femmes pour ne voir en nous que les professionnelles, les cheffes ou les collaboratrices que nous sommes. Arrêtez de nous voir tout le temps comme étant potentiellement des gibiers à la chasse desquels vous seriez ! »
Nombreuses réactions sur Twitter
Rare homme à être intervenu dans ce débat dimanche, le Premier ministre Manuel Valls a tweeté son « soutien » à l’appel de ces femmes. Mais preuve que le combat est loin d’être terminé, Cécile Duflot a tweeté des commentaires sexistes reçus après avoir signé l’appel : « Duflot harcelée ? Le type était bourré… » ou encore « À part Jouanno, qui aurait envie d’harceler ces femmes lol ? »
Petite illustration du débat précédent : huit tweets attrapés au vol… en moins d’une heure… #sexisme#longcheminpic.twitter.com/E2YKYQ2amJ
— Cécile Duflot (@CecileDuflot) 15 mai 2016
De son côté, la porte-parole de Lutte ouvrière, Nathalie Arthaud, a pris ses distances avec les signataires de l’appel en leur reprochant sur BFM TV d’avoir pratiqué « l’omerta » alors qu’elles avaient « bien des moyens de se faire entendre et de se faire respecter », contrairement aux « ouvrières » et aux « employées ».
L’appel est signé par Roselyne Bachelot, Michelle Demessine, Cécile Duflot, Élisabeth Guigou, Aurélie Filippetti, Chantal Jouanno, Nathalie Kosciusko-Morizet, Christine Lagarde, Marylise Lebranchu, Corinne Lepage, Monique Pelletier, Fleur Pellerin, Valérie Pécresse, Yvette Roudy, Catherine Trautmann, Dominique Voynet, Rama Yade.