Affaire Baupin : trois victimes présumées entendues par la police
On a pour habitude de pointer la lenteur de la justice. Dans le cas de l’affaire Baupin, elle s’illustre par sa célérité ! Alors que le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire le 10 mai à la suite des révélations de Mediapart et de France Inter, trois des quatre victimes présumées de l’ancien vice-président de l’Assemblée nationale ont déjà été entendues cette semaine. Deux d’entre elles étaient convoquées ce vendredi dans les locaux de la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP), rue du Château-des-Rentiers (Paris 13e).
Ce matin, c’était l’élue du Mans Elen Debost qui a dû parler aux policiers pendant près de trois heures. Une épreuve pour la jeune femme qui accuse Denis Baupin de harcèlement sexuel et dit avoir reçu de lui une centaine de « SMS d’incitation sexuelle » en 2011. Las, elle n’a pu conserver les traces de ces messages, son portable ayant été volé en 2013. Elle espère pouvoir les récupérer auprès de son opérateur maintenant qu’une enquête est ouverte. « Je suis soulagée d’aller déposer mon histoire, confiait, jeudi, Elen Debost au Point.fr. C’est plus la suite qui m’inquiète et comment Denis Baupin va se servir de nos vies pour se défendre. »
Cet après-midi, c’est au tour de Sandrine Rousseau, porte-parole d’EELV, qui accuse Baupin d’agression sexuelle, de raconter aux policiers les faits qu’elle dénonce (« Il m’a plaquée contre un mur et a cherché à m’embrasser contre mon gré lors d’une réunion qui avait lieu à Montreuil, en 2011. »)
« Denis a recommencé »
Mercredi, une autre victime présumée, la députée Isabelle Attard a été auditionnée. Un entretien qui a également duré près de trois heures, et dont elle est ressortie « très fatiguée ». L’élue du Calvados (ex-EELV) a fait le récit aux enquêteurs de ce qu’elle considère comme du « harcèlement quasi quotidien » entre 2012 et 2013, par SMS. La députée s’est également fait voler son portable de l’époque. Mais Frédric Toutain, son attaché parlementaire, qui a également été entendu par la BRDP, a retrouvé des messages qu’elle lui envoyait pour raconter les demandes insistantes de son collègue de l’Assemblée. Exemples : « Denis a recommencé » ; « Denis continue à me faire des propositions »… « J’ai remis des copies de ces messages aux enquêteurs ainsi que les témoignages et les coordonnées d’autres personnes à qui Isabelle a pu montrer ou parler des SMS de Denis Baupin. Au total, quatre noms de témoins, dont deux parlementaires, ayant vu les SMS, ont été transmis aux enquêteurs », révèle Frédric Toutain au Point.fr.
Pour le moment, Annie Lahmer, ex-salariée des Verts, qui relate pour sa part une scène de course-poursuite entre elle et Denis Baupin dans les années 90, n’a pas encore été contactée par la police. Aucune des quatre élues n’a porté plainte, les faits étant prescrits au pénal. Elles se posent cependant la question de porter plainte au civil, avec le risque de passer pour des « coureuses d’indemnités », selon l’expression d’Elen Debost.
D’autres personnes auraient subi des agissements de la part du député et commencent à s’exprimer en interne. Pour l’une d’entre elles, les faits ne seraient pas prescrits. « Si, au cours de l’enquête, des faits sont constitués et ne sont pas prescrits, des poursuites pourront être engagées et Denis Baupin pourra être renvoyé en correctionnelle sans qu’il y ait eu besoin de dépôt de plainte préalable », précise-t-on au parquet de Paris.