Hervé Mariton, « le plus grand des petits candidats »
« Ils sont où, les cégétistes ? Et si je leur distribuais des tracts ? » Hervé Mariton est accoudé à la fenêtre de son QG parisien donnant sur l’esplanade des Invalides. Il a bien choisi sa date pour l’inaugurer : mardi 14 juin, jour de la grande manifestation contre la loi travail. Quelques cris s’élèvent et s’ajoutent à l’agitation des syndicats. « Hervé, président ! » Immense sourire aux lèvres, l’intéressé savoure son moment de gloire. Et plaisante : « Je ne suis pas encore président, mais regardez toutes les manifestations que je provoque déjà ! » Il prend soin de serrer les mains, salue ses « amis de la Manif pour tous », le « nouveau président de Sens commun », ou encore Arlette Grosskost (députée du Haut- Rhin). Debout sur la petite caisse en bois lui servant d’estrade, il improvise un court discours. « Ma candidature est nécessaire pour répondre à l’état de la France. Je ne suis pas dans une campagne sinistre et n’ai pas envie de prospérer sur le malheur du monde. Je mène une campagne d’espoir et porte des idées nouvelles. »
« Les recettes de Mariton »
Son slogan « La France retrouvée » est sur tous ses petits goodies de candidat. Tee-shirts, bracelets, badges… Et des tasses intitulées « Les recettes de Mariton » (en référence au site internet de cuisine Marmiton). Sa mesure phare est la « flat tax », un impôt universel avec un taux unique de 15 %, et un aménagement à 2 % pour la part des revenus inférieurs à 10 000 euros par an. Également dans son programme : l’abrogation de la loi SRU (solidarité et renouvellement urbain) qui impose 20 % de logements sociaux aux communes. Une loi que le candidat juge « inefficace et injuste ». Sans oublier le droit du sang. « Sur le problème majeur qu’est l’identité aujourd’hui, je ne veux pas faire de baratin. Je veux des mesures concrètes. Le droit du sang en est une, avec un processus de naturalisation des personnes assimilées. » Les critères pour être naturalisé ? « La maîtrise du français, et le respect de la loi. » Philippe Gosselin, député de la Manche qui le soutient, vante la « compétence » et la « capacité de raisonnement » de son champion. « C’est le plus grand des petits candidats », affirme-t-il. L’essayiste Denis Tillinac, qui vient d’annoncer son ralliement, apprécie son engagement contre la loi Taubira. « Lors de la Manif pour tous, les élus LR ont eu tendance à se défiler quand les sondages s’inversaient.
Hervé Mariton, lui, a été constant et a continué le combat jusqu’au bout. » Marre d’être résumé à la Manif pour tous ? « C’est ce que je suis », répond fatalement le candidat. Face à la multiplication des candidatures – la 12e est venue d’Henri Guaino lundi –, Hervé Mariton affirme que « chacune est libre ». « Aux primaires américaines, il y a vingt candidats. L’important n’est pas le nombre, mais d’avoir des propositions innovantes. » Pour l’heure, il se refuse à dévoiler ses parrainages : « Cela ne sert à rien de donner des chiffres, ça avance bien. » Il admet tout de même qu’il « y a encore du travail ». Sur ses concurrents, il reste prudent. « Je n’en dis pas de mal, ça ne serait pas bien. Mais je n’en dis pas de bien, je le ferais mal. »