Medivation prêt à discuter avec Sanofi malgré le rejet d’une offre à 10 milliards de dollars
New York – La biotech américaine Medivation, spécialiste de traitements anticancéreux, a annoncé mardi avoir accepté de discuter avec le français Sanofi malgré le rejet d’une nouvelle offre de rachat de 10 milliards de dollars.
Aux termes de cette proposition, le fabricant du Doliprane mettait sur la table 58 dollars par titre en cash et 3 dollars supplémentaires basés sur des droits liés aux futures ventes du Talazoparib, un traitement contre le cancer du sein en phase de développement.
Cette nouvelle offre faisait suite à une première proposition de 9,3 milliards de dollars présentée en avril, également rejetée par Medivation qui l’estimait insuffisante par rapport aux promesses de son portefeuille de médicaments.
La biotech californienne change néanmoins de stratégie puisqu’elle a signé un accord de confidentialité avec le numéro un français de la pharmacie et avec d’autres parties dont elle ne révèle pas l’identité.
En mai, une source anonyme proche du dossier avait indiqué à l’AFP que Medivation avait accepté de laisser Pfizer et Amgen examiner ses comptes. Celgene, autre biotech américaine, aurait également accès à ces informations, selon une autre source. Ces groupes pharmaceutiques américains n’ont pas formulé de contre-offres d’achat pour l’instant, selon les deux sources qui ont requis l’anonymat.
Outre des informations « non publiques« , Medivation s’engage également à rencontrer les dirigeants de ces entreprises dont ceux de Sanofi.
– Fin du bras de fer –
En échange, le groupe français renonce à sa tentative de renverser le conseil d’administration de sa cible, lancée fin mai face au refus de Medivation de négocier.
« Ces accords de confidentialité incluent une période de six mois au cours de laquelle toute manoeuvre hostile est suspendue« , précise Medivation.
Après avoir vu son offre initiale rejetée, Sanofi avait répété être prêt à la relever à condition d’examiner les comptes de sa cible pour mieux en évaluer la valeur. Mais le groupe américain était resté sourd à cette requête, déclenchant un bras de fer médiatique entre les deux parties.
En tentant de s’emparer de Medivation, Sanofi cherche à se renforcer dans le domaine stratégique de l’oncologie, un marché à fort potentiel dont il a fait un de ses axes de développement prioritaires.
Il devrait toutefois composer avec Pfizer et Amgen qui ont d’importantes liquidités et sont également en quête de créneaux de croissance. Pfizer ne peut par exemple pas se permettre une nouvelle déconvenue après avoir échoué récemment à mettre la main sur Allergan, malgré une proposition à 160 milliards de dollars.
L’unique médicament de Medivation commercialisé pour le moment, Xtandi, a généré l’an dernier un chiffre d’affaires de 2,2 milliards de dollars, soit davantage que l’ensemble des activités en oncologie de Sanofi sur la même période.
Les ventes de Xtandi devraient continuer à fortement croître cette année, et la biotech a deux autres anti-cancéreux prometteurs en cours de développement.
Ces accords de confidentialité « vont permettre aux parties de mieux cerner la valeur importante de Xtandi et le gros potentiel présenté par notre portefeuille« , souligne Kim Blickenstaff, président du conseil d’administration de Medivation, cité dans le communiqué.
A Wall Street, le titre de la biotech gagnait 1,20% à 62,50 dollars vers 21H35 GMT dans les échanges électroniques de post-séance.