Gérard Collomb : « Emmanuel Macron entre en campagne »
Le maire de LyonGérard Collomb est un proche d’Emmanuel Macron. En exclusivité pour Le Point.fr, il dévoile les secrets de la campagne (présidentielle ?) du ministre de l’Économie.
Le Point.fr : Faut-il s’attendre à un départ d’Emmanuel Macron dès le 12 juillet, jour de son meeting à Paris, comme le raconte son entourage dans Le Canard enchaîné ?
Gérard Collomb : Emmanuel Macron ne veut évidemment pas quitter le gouvernement le 12 juillet. Il ne va pas dire : « Je pars tout de suite. » Sa stratégie est la suivante : il pense qu’on ne peut pas attendre le 15 ou le 20 décembre 2016 pour s’apercevoir qu’il n’y a pas d’offre politique parallèle. Emmanuel Macron veut donc construire une offre qui s’articule autour de cette question : comment construire une offre progressiste dans une société qui change à une vitesse accélérée et dans le cadre de la mondialisation ?
Comment compte-t-il s’y prendre ?
Le meeting du 12 juillet (à la Mutualité, à Paris, NDLR) est le premier d’une grande série. Il y a déjà 5 500 inscrits. Une quarantaine de parlementaires vont venir, des gens de la société civile, du monde culturel, des entrepreneurs, etc. Dans la foulée, il va se lancer dans une tournée en province durant toutes les vacances d’été. Il va aller chez les uns et les autres, rencontrer des entrepreneurs, des gens de son mouvement En marche !, faire des meetings dans les villes et un grand rassemblement fin août. La date de ce rassemblement n’est pas encore calée, mais ce sera du côté de Bordeaux. Ensuite, les 23 et 24 septembre, nous organiserons à Lyon un colloque des réformistes européens et mondiaux, avec l’Institut Montaigne, les think tanks Les Gracques et Terra Nova. Il y aura aussi des think tanks italiens, allemands, anglais et des membres de l’équipe d’Hillary Clinton. Je travaille à l’organisation de l’événement avec Bernard Spitz, des Gracques.
Emmanuel Macron fait tout ça pour quoi ?
Il entre en campagne. Parce qu’il pense que les forces progressistes ont besoin de lui. Macron est utile à tout le monde.
Pourquoi ne passe-t-il pas par la primaire de la gauche que le PS doit organiser en janvier ?
La Belle Alliance Populaire (de Jean-Christophe Cambadélis, NDLR) qui organise la primaire représente des forces politiques assez faibles. Regardez leur meeting : il y avait 200 personnes à Paris, 250 personnes à Lille. On ne peut pas s’affaiblir en passant par une primaire de gens faibles. Macron ne veut pas s’adresser à un clan, mais s’adresser aux Français.
Vous dites souvent que Macron va s’imposer par la force des choses. Dans Le Canard enchaîné, vous dites : « Si Hollande ne décolle pas après la primaire, Emmanuel aura un boulevard devant lui. » C’est le fond de votre pensée ?
Oui, c’est un peu ça. Il n’a pas besoin de passer en force, les choses se font naturellement. Si François Hollande règle son problème par rapport aux Français, ça changera la donne, il n’y a qu’à lui que ça appartient. Mais il faut une offre parallèle s’il ne parvient pas à le faire.
Comment est-ce possible de cumuler cette « campagne » et son activité de ministre de l’Économie ?
Déjà, il fera beaucoup de réunions en tant que ministre de l’Économie. Son job est aussi d’être visible. Sa présence au gouvernement ne dépend pas que de lui. Si Hollande et Valls pensent que c’est incompatible, c’est à eux de prendre la décision.