Belle Alliance populaire : le PRG et sa politique de la chaise vide
Le Parti radical de gauche et La Belle Alliance populaire, c’est fini… en tout cas pour le moment ! Le 29 juin, le parti a officiellement suspendu sa participation au mouvement initié par le premier secrétaire du Parti socialisteJean-Christophe Cambadélis en avril dernier. Une alliance aujourd’hui plus frêle que belle, puisqu’elle ne compte désormais plus que deux entités : le PS et l’Union des démocrates écologistes, l’association du Front démocrate, de Génération écologie et d’Écologistes !. Ces dernières semaines, Sylvia Pinel, la patronne du PRG, a planté plusieurs banderilles en dénonçant la « décision unilatérale du PS d’organiser des primaires » et en boycottant l’assemblée générale de la BAP le 2 juillet dernier.
Les radicaux ont toujours été favorables aux primaires de la gauche. Mais pas à un simulacre ou à une parodie de primaires …
— Sylvia PINEL (@SylviaPinel) 17 juin 2016
Mais la dernière offensive en date est interne au gouvernement. Trois jours après l’AG, Jean-Michel Baylet a lui aussi décidé de défendre la chapelle dont il a été le leader pendant vingt ans. C’est dans les colonnes du Parisien que le ministre de l’Aménagement de territoire s’est exprimé sur la situation, avec le franc-parler qu’on lui connaît : « On a appris l’existence de ces primaires dans la presse. Ce n’est quand même pas une façon de traiter ses alliés les plus loyaux et les plus fidèles ! […] Qu’est-ce qu’ils ont à gagner à traiter leurs alliés de la pire manière, alors qu’il ne reste pas forcément grand monde ? [La BAP] n’est qu’un outil dans les mains du PS pour régler ses problèmes internes. Nous n’avons plus rien à faire là-dedans. »
« On ne parle pas en notre nom sans nous consulter »
Contactée par Le Point, Sylvia Pinel – qui a quitté le tumulte parisien pour assister à l’arrivée du Tour de France à Montauban – s’aligne sur les propos de de Jean Michel Baylet : « Depuis quelque temps, les radicaux n’étaient pas satisfaits du fonctionnement de la Belle Alliance populaire, censée créer un dépassement des partis politiques. Nous la concevions comme une plateforme de débats et de proposition. Mais au fil du temps, le PS a capté l’élan de la BAP, sans que les accords initiaux, notamment le fait que le PRG soit codécisionnaire, soient respectés. Nous avons été loyaux, fidèles, et le PS se comporte comme si le PRG n’était pas un parti sur lequel on peut compter. Le PS ne peut pas vouloir rassembler la gauche sans respecter ses alliés, surtout quand ce sont quasiment les seuls. En tant que chef de parti, je ne peux pas accepter qu’on parle en notre nom sans nous consulter. Cette méthode m’a conduite à proposer la suspension de notre participation. »
Sylvia Pinel rencontrera « vraisemblablement » la direction du Parti socialiste la semaine prochaine. La patronne des radicaux le martèle : il n’y aura pas de sortie de crise tant que le PS n’apportera pas plus de clarté sur les échéances à venir. « Je veux que l’on m’explique clairement comment ils voient l’organisation de ces primaires, puisqu’à l’heure actuelle nous ne savons rien. En 2011, nous avions eu des difficultés avec les modalités de candidature de Jean-Michel Baylet, je ne veux pas que l’on retrouve les mêmes errements. Je veux de la précision, que nos militants soient en possession de toutes les informations lors du congrès de notre parti en septembre à La Rochelle. »
« Quand on veut tuer son chien, on dit qu’il a la gale »
À vrai dire, du côté du Parti socialiste et des écologistes, on ne semble pas s’inquiéter outre mesure du coup de pression des radicaux. Loin de là. Stéphane Le Foll, interrogé par Public Sénat à propos des sièges vides laissés par le PRG au premier meeting de la BAP, ne s’affole pas : « Je ne crois pas qu’aujourd’hui le PRG risque de quitter la Belle Alliance populaire, a d’emblée précisé le ministre de l’Agriculture. Je n’y crois pas du tout. Je souhaite simplement que le dialogue reprenne et qu’on trouve de bonnes solutions. »
De son côté, Jean-Vincent Placé est, lui, un tantinet plus direct et offensif envers ses collègues gouvernementaux – le PRG compte trois ministres à l’heure actuelle : Jean-Michel Baylet, Annick Girardin et Thierry Braillard. Le vice-président d’Écologistes ! dément les accusations émises par Sylvia Pinel et Jean-Michel Baylet, notamment celles évoquant un manque de concertation : « Ce sont des remarques infondées. Ça fait six semaines qu’on ne les voit plus aux réunions de la BAP. De toute façon, c’est la technique radicale : quand on veut tuer son chien, on dit qu’il a la gale. Mais le congrès pour les investitures (pour les prochaines élections législatives, NDLR) arrive et vous pouvez être sûr qu’ils seront là. C’est une attitude puérile… »
De là à parler de caprice pour obtenir un maximum de circonscriptions gagnables, il n’y a qu’un pas. Une chose est certaine, l’ambiance au prochain conseil des ministres promet d’être chaude…