Fébrile, la radio franceinfo fait sa première rentrée télé
Paris – Dans des studios neufs qui sentent encore la peinture, les journalistes de franceinfo se familiarisent avec ce qui deviendra leur routine à partir de jeudi: le mariage d’une télé et d’une radio publiques pour donner naissance à la nouvelle chaîne d’info en continu.
Lundi, franceinfo (ex-France Info) effectue sa 30ème rentrée, à quelques jours de son arrivée sur la nouvelle chaîne, qui a repris son nom.
Principal changement à l’antenne: le rythme de l’actualité s’accélère avec un rappel des titres toutes les dix minutes. A ce rythme de métronome, franceinfo « continue de se recentrer sur sa mission de base: l’actualité chaude« , souligne le directeur de la radio, Laurent Guimier.
Au quatrième étage de la Maison de la radio, une vingtaine de présentateurs et d’éditeurs visuels, dont certains embauchés pour le projet, préparent ces bulletins qui rythmeront aussi l’antenne de la chaîne d’info publique de 5h à minuit.
– ‘Baroudeur urbain’ ou ‘hippie chic’-
Les présentateurs ont effectué leurs derniers essais avec une styliste et pris possession de leur cabine de maquillage avant de se présenter aux caméras. Définis par la styliste comme « baroudeur urbain » ou « hippie chic à tendance ethnique« , ils se veulent plus décontractés que le look constume-cravate des autres chaînes d’info.
Tous les matins, l’animatrice de la matinale Fabienne Sintès aura 3 minutes pour descendre du quatrième au deuxième étage pour présenter l’entretien politique, mené par le nouvel intervieweur de franceinfo, Jean-Michel Aphatie. A 7h55, Karl Zéro, l’autre grande recrue de la rentrée, se mettra dans la peau d’un personnage qui fait l’actualité.
La radio franceinfo va aussi fournir à la télévision deux émissions quotidiennes de débat sur l’actualité (« Les informés« , 20h-21h) et sur le sport (« Le Clasico« , 21h-22h).
Au milieu du grand studio de verre et de bois, Fabienne Sintès ne sait pas encore si elle présentera sa matinale debout ou assise. « La difficulté est de passer du côté très convivial de la radio à l’expérience posée de l’interview télé« , explique la journaliste, plutôt curieuse de « sortir de sa zone de confort« .
– Du temps pour la télé ‘ –
Sur les 160 journalistes de la radio, une trentaine participent activement à l’aventure de la chaîne d’info.
Les inquiétudes émises par des salariés de la radio au début du projet ont en partie été balayées par son avancée très rapide. Certains continuent de se demander où ils trouveront le temps de produire du contenu pour la télévision, tout en assurant leurs chroniques et papiers pour la radio. Leur participation au projet de télé reste cependant facultative pour l’instant, puisqu’elle n’est pas prévue dans leur contrat de travail.
« On n’est pas contre cette télé, mais on ne veut pas perdre notre âme dans sa création« , résume Célia Quilleret, déléguée du personnel SNJ. « Si cette chaîne ne réussit pas, ou qu’elle annonce une fausse info, elle nous engage« . Journaliste au service économique et social, elle regrette notamment la disparition de l’identité de la radio sur internet, au profit du site de la nouvelle chaîne d’info.
Laurent Guimier considère de son côté qu’une « grande partie de l’équipe a été convaincue que c’était pour le bien de la radio« . « Le timing annoncé était complètement fou. Maintenant que ça marche, ça suscite de l’envie« , assure-t-il. Il espère que la radio augmentera son audience (7,5% d’audience cumulée, au même niveau que RMC et Europe 1).
La cohésion de l’ensemble radio/télé passera son premier test en cas de grosse actu. De la télé, du site ou de la radio qui constituent franceinfo, quelle rédaction prendra la main’ « Celle qui sera le mieux à même de traiter l’information« , explique le patron de la radio.