Castelbajac vend ses archives sur Videdressing
Faire simple dans une mode compliquée, ce pourrait être le credo de Jean-Charles de Castelbajac. Les 50 créations vintage issues des archives de la maison Castelbajac qui seront dispersées sur Videdressing.com à partir du 5 septembre rappellent combien ce trublion des convenances a nourri l’histoire de la mode en la détournant des chemins consensuels.
Mode, art et rock’n’roll
Comme André Courrèges, son mentor et premier employeur, ses silhouettes avant-gardistes et percutantes s’inscrivent à la croisée de la mode, du design et de l’art contemporain. Avec lui, le vêtement change de statut et devient une œuvre à part entière. Pionnier des robes-tableaux peintes, qu’il réalise en collaboration avec ses amis artistes (Jean-Charles Blais, Robert Combas, Loulou Picasso, Ben, Annette Messager, Gérard Garouste, etc.), il fut le tout premier créateur de mode invité à une exposition, au musée d’Art moderne de Troyes, en 1985. Mais, loin de s’embourgeoiser dans les musées, « le roi du pop art dans la mode » convie Mickey, Donald et leurs copains de cartoons sur les podiums. Il découd les carcans de l’élégance pour mieux repenser l’allure. Car, plus que du style, la femme Castelbajac a… de l’esprit.
Fidèle à l’univers pictural ludique de l’enfance, il décline sa palette de couleurs primaires sur les tissus, les toiles, les trottoirs et les murs qui s’offrent à lui. Conceptuel et fantasque, il tisse avec humour les liens entre mode et art contemporain. Poncho à deux places, gilet en faux gazon, polo si large qu’il devient jupe, blouson « Teddy Bear » ou anorak de plumes, sa mode optimiste séduit aussi bien les stars de la pop culture (Lady Gaga, Katy Perry, Kanye West, Madonna) que le pape Jean-Paul II, qu’il habilla d’une chasuble aux couleurs vitaminées pour les Journées mondiales de la jeunesse de 1997, à Paris.
L’année Castelbajac
Pourquoi se séparer de ses trésors ? « Le produit de la vente permettra de restaurer et de réorganiser les 7 000 pièces d’archives de la maison », indique le couturier, qui avait déjà par le passé récolté plus de 650 000 euros lors de la dispersion de sa collection privée d’archives chez Christie’s en 2003. Outre la possibilité de s’offrir une pièce historique (ces créations sont estimées entre 350 et 5 000 euros), un foulard collector édité à 100 exemplaires sera proposé pour 69 euros.
Cette année de jubilé verra également la sortie d’un livre hommage, baptisé « Fashion, Art & Rock’n’roll », et d’un documentaire réalisé par Mathieu César pour la chaîne franco-allemande Arte. Autant de témoins de cette créativité bouillonnante, source d’inspiration pour une nouvelle génération de couturiers qui exploitent, avec plus ou moins d’opportunisme, son filon signature. Et si nombre de ses idées semblent aujourd’hui faire partie du domaine public de la mode, Jean-Charles de Castelbajac n’en a cure : « Comme le disait René Char, un poète doit laisser des traces de son passage, non des preuves. Seules les traces font rêver. »
Castelbajac x Videdresing.com à partir du 5 septembre.
Livre Jean-Charles de Castelbajac – Fashion, Art & Rock’n’roll, teNeues & YellowKorner, 79,99 euros, sortie septembre 2016.