Lait: une nouvelle marque où les consommateurs ont le pouvoir, chez Carrefour fin octobre
Paris – Et si c’était le consommateur qui décidait du prix et des conditions de production des produits qu’il achète’ Partant de cette idée, une nouvelle marque devrait faire son apparition dans hyper et supermarchés Carrefour dès la fin octobre.
Le premier produit de cette nouvelle marque, nommée « C’est qui le patron ‘! La marque du consommateur« , sera une brique de lait. Un choix hautement symbolique après la bataille qui a opposé les producteurs laitiers à Lactalis pour une revalorisation des tarifs.
Elle sera vendue 99 centimes le litre, et permettra aux producteurs d’obtenir une rémunération autour des 39 centimes le litre. Pour mémoire, l’accord obtenu de haute lutte par les agriculteurs avec le géant Lactalis fixe le prix du litre de lait à 27,5 centimes en moyenne sur 2016. Et avant l’accord, en juillet, Lactalis l’achetait 25,69 centimes.
Le tarif qui sera en vigueur à Carrefour sur cette nouvelle marque a été fixé par les consommateurs eux-mêmes, à l’issue d’un questionnaire en ligne, diffusé cet été. 6.000 consommateurs y ont participé.
« C’est une première en France comme c’est une première mondiale« , déclare Nicolas Chabanne, président des Gueules Cassées, l’asso anti-gaspillage alimentaire à l’origine de l’initiative, avec Laurent Pasquier de Mesgoûts.fr.
« Personne ne viendra se mettre en travers de cette rémunération garantie fixe et constante« , assure M. Chabanne.
Les Gueules Cassées était déjà l’initiateur de l’opération « Fruits et Légumes moches » lancée en 2014 chez Intermarché pour lutter contre le gaspillage alimentaire.
Cette fois, le partenariat a été établi avec la Laiterie de Saint-Denis pour la partie collecte et conditionnement, et avec Carrefour pour la distribution.
Les 51 producteurs laitiers qui en bénéficieront sont issus de petites exploitations familiales en grande difficulté, rassemblés en coopérative dans la région de Macon. Les volumes devraient se situer entre 7 et 10 millions de litres.
« En échange d’un coût supplémentaire minime (environ 7 centimes d’euros par brique, soit 3,50 euros par an), les consommateurs vont pouvoir participer à sauver cette filière« , témoigne M. Chabanne.
En contrepartie, ils auront la possibilité de savoir exactement ce qu’ils consomment, car en plus du prix, ils ont également voté sur un cahier des charges précis quant à la production: celle-ci sera ainsi issue de vaches nourries sans OGM et avec des fourrages locaux, allant au pâturage entre 3 et 6 mois par an …
Pour l’instant, la marque se cantonne au lait, mais ses fondateurs réfléchissent à l’étendre. D’autres produits laitiers, mais aussi un jus de pomme, une pizza, de la charcuterie sont à l’étude, indique M. Chabanne.
De la même manière, Carrefour étant le premier à avoir répondu positivement à l’initiative, il est aujourd’hui le distributeur exclusif. Mais Les Gueules Cassées indique avoir déjà été contactée par trois autres enseignes.