Le Haut conseil des finances publiques juge « improbable » un déficit à 2,7 %

A la veille de la présentation du Budget 2017 en Conseil des ministres, le Haut conseil des finances publiques juge « improbable » la réduction du déficit public à 2,7% du produit intérieur brut (PIB) auquel s’est engagé le gouvernement.

Voilà un avis qui risque d’embarrasser le gouvernement. Après avoir présenté la semaine dernière les grandes lignes du Budget 2017, le dernier du quinquennat de François Hollande, voici que la Haut conseil des finances publiques (HCFP), instance présidée par le Premier président de la Cour des comptes Didier Migaud, vient d’émettre un avis plutôt négatif sur les projections de l’exécutif.

Le HCFP qualifie d' »incertain » le retour du déficit sous la barre des 3% promis à Bruxelles, en raison de « risques » pesant sur les dépenses mais aussi du caractère « optimiste » de la prévision de croissance retenue par Bercy (1,5%). Il juge même « improbable » la réduction du déficit à 2,7% du PIB annoncé par Michel Sapin la semaine dernière à Bercy.

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Le projet de loi de finances (PLF) 2017, qui sera dévoilé mercredi par le gouvernement, prévoit une croissance de 1,5% du PIB, identique à celle de 2016. Un chiffre que le gouvernement a décidé de maintenir malgré les incertitudes liées notamment au Brexit. Cette hypothèse de croissance « est optimiste compte tenu des facteurs baissiers qui se sont matérialisés ces derniers mois », relève le Haut Conseil dans cet avis dont les grandes lignes ont été dévoilées par le quotidien Les Echos.

De gros doutes sur la croissance française

Le HCFP rappelle ainsi que « la plupart des organisations internationales et des instituts de conjoncture » ont abaissé leurs prévisions pour le pays, à l’image de l’OCDE, qui prévoit désormais 1,3% de croissance en France l’an prochain, ou bien du FMI, qui parie sur 1,2%. Le Haut conseil, organe indépendant chargé d’évaluer la crédibilité des prévisions budgétaires du gouvernement, émet ainsi des doutes sur les prévisions de recettes retenues dans le projet de budget 2017, jugeant les hypothèses de Bercy « favorables ».

Le ministre de l'Economie Michel Sapin et le secrétaire d'Etat au Budget, Christian Eckert, lors d'une conférence de presse à Paris, le 20 septembre 2016

Le ministre de l’Economie Michel Sapin et le secrétaire d’Etat au Budget, Christian Eckert, lors d’une conférence de presse à Paris, le 20 septembre 2016

afp.com/ERIC PIERMONT

« Les risques pesant sur les dépenses sont plus importants en 2017 que pour les années précédentes », ajoute par ailleurs l’institution présidée par Didier Migaud, qui qualifié d' »irréaliste » le montant des économies prévues sur l’Unedic, organisme qui gère l’assurance chômage. Elle pointe en outre les « incidences possibles sur le solde public des recapitalisations annoncées des entreprises publiques du secteur énergétique », à savoir Areva et EDF.

Autant de facteurs qui rendent « improbables les réductions des déficits prévues par le PLF », de 1,6% en 2016 à 1,1% du PIB en 2017 pour le « solde structurel » (c’est-à-dire hors facteurs liés à la conjoncture) et de 3,3% à 2,7% pour le solde nominal. La France a déjà obtenu deux délais de deux ans, en 2013 et en 2015, pour repasser sous la barre fatidique des 3% du PIB. La Commission européenne a exclu début septembre tout nouveau sursis pour Paris.