François Hollande et le chômage : courbe maudite !
François Hollande a fait de l’inversion de la courbe du chômage la condition d’une nouvelle candidature, le voilà à quelques mois de la présidentielle en très fâcheuse posture. Les mauvais chiffres du mois d’août sont une nouvelle douche froide : 50 000 chômeurs de plus en catégorie A. Après deux mois de baisse, ce chiffre tombe au plus mal pour le président. Il ne reste désormais plus que deux livraisons mensuelles de cet indicateur de Pôle emploi avant la mi-décembre, fenêtre désignée par le président lui-même pour annoncer s’il sollicite ou non un second mandat.
Certes, le gouvernement a beau se défendre : il invoque l’attentat du 14 juillet, souligne que le solde reste positif depuis un an comme depuis le début de l’année et que, au sens de l’Insee, la courbe du chômage est déjà inversée (9,9 % contre 10,5 % il y a un an), rien n’y fera, et la droite s’en donne à coeur joie. « Depuis 2012, c’est un dérapage sans exemple », a réagi Alain Juppé. « Depuis 2012, le chômage n’a cessé d’exploser en France », a renchéri Nicolas Sarkozy. Les deux favoris de la primaire omettent de préciser que, si la France compte 634 000 chômeurs de plus (catégorie A, chiffres de métropole) depuis l’élection de M. Hollande, « leur » quinquennat, de 2007 à 2012, en avait laissé 783 700 en héritage.
Un « appareil statistique vulnérable »
Mais à gauche également, faute de résultats plus probants, le scepticisme monte. « Nous devons préparer l’alternative à François Hollande », celui-ci n’ayant « pas rempli le mandat pour lequel les Français ont voté pour lui », a jugé mardi le député PS Yann Galut.
Les soutiens revendiqués du chef de l’État, eux, cherchent la parade. L’axiome présidentiel liant une candidature à l’inversion de la courbe ? Une « règle » que « personne ne lui avait demandée », évacue le député Patrick Mennucci. « Il y a bien d’autres critères sur lesquels on peut fonder la réussite de son action que l’unique critère de la baisse du chômage », veut croire Bruno Le Roux. Mais le chef de file des députés PS l’a lui-même reconnu mardi : cet objectif tant annoncé, « nous l’avons payé ». Nombreux sont ceux qui, au sein de la majorité, avaient déploré cette communication présidentielle qui revenait à indexer l’ensemble de l’action de l’exécutif sur cet indicateur, que l’Élysée qualifiait pourtant d’« appareil statistique extrêmement vulnérable ».
La formule venait pourtant de loin. « Le prochain mandat doit en effet permettre d’inverser la courbe. J’accepterai d’être jugé sur cette promesse », avait annoncé François Hollande en avril 2012, avant même son élection. Une « inversion de la courbe » n’équivalant pas à une baisse franche du nombre de demandeurs d’emploi, la promesse était prudemment formulée. Mais François Hollande a aggravé son cas en fixant des objectifs dans le temps. Juste avant son élection, le candidat se donnait alors « un an » pour y parvenir. Puis s’accordait lui-même un répit sur TF1 en septembre 2012 en repoussant l’objectif à la fin 2013.
Une fois l’échec constaté, changement de braquet en janvier 2014 avec le pacte de responsabilité, ce vaste dispositif d’aide aux entreprises. Et c’est en avril 2014, à Clermont-Ferrand, lors d’un déjeuner avec des dirigeants et syndicalistes de Michelin que François Hollande finit par lâcher cette phrase qui conditionne désormais sa fin de mandat : « Je n’ai ou aucune raison d’être candidat ou aucune chance d’être réélu si le chômage ne baisse pas d’ici à 2017. »
M. Hollande va-t-il renoncer à se représenter ? Tout dans son activité récente semble démontrer le contraire, le chef de l’État multipliant les sorties sur le terrain et les attaques contre Nicolas Sarkozy. « Je crois qu’il est de plus en plus difficile pour Hollande d’être candidat à la primaire, mais le choix lui appartiendra », a cependant jugé un député socialiste réputé légitimiste.