Chute de la livre britannique: la faute de François Hollande et des algorithmes?
Les ordinateurs auraient surréagi à des déclarations de François Hollande sur le Brexit, faisant chuter la livre britannique à un plus bas jamais atteint depuis 1985.
Les ordinateurs ont-ils joué un rôle dans la brutale chute de la livre britannique au début des échanges en Asie dans la nuit de jeudi à vendredi? C’est ce que croient les spécialistes, selon lesquels les ordinateurs se seraient emballés… du fait notamment de déclarations de François Hollande sur le Brexit.
Jeudi soir, la devise britannique a chuté à 1,1841 dollar, soit un plus bas depuis mars 1985. En deux heures, la monnaie a ainsi perdu 6,1%. Elle s’est finalement redressée ce vendredi à 1,2466 dollar pour une livre. La Banque d’Angleterre (BoE) a annoncé qu’elle « examinait ce qu’il s’est passé »
François Hollande pour la « fermeté » face à Londres
Or, au moment de cette diminution, « les marchés de New York étaient sur le point de fermer, ceux de Tokyo sur le point d’ouvrir, l’activité était faible, dans ce cas on bouge généralement peu », explique Yuji Saito, responsable du département des changes du Crédit Agricole à Tokyo.
Selon ce spécialiste, « il est tout à fait possible que les algorithmes aient réagi » aux propos du président français François Hollande, plaidant pour la « fermeté » face à Londres dans les futures négociations sur le Brexit. Le quotidien britannique Financial Times, parmi les premiers à rapporter les déclarations du chef de l’Etat français, a lui-même mentionné cette piste. « De nombreux courtiers incluent dans les paramètres le suivi des sites d’information. A la minute où l’article a été publié, le mouvement de descente de la livre a débuté », a commenté le journal.
Des technologies qui peuvent perturber les échanges
Le recours à des ordinateurs super-puissants et programmes informatiques complexes est devenu monnaie courante en matière de transactions financières, en particulier sur le marché des changes qui fonctionne en quasi permanence. L’objectif pour les courtiers: prendre des positions sur les marchés 24 heures sur 24, sans avoir besoin d’être présents.
Cette méthode, dite de trading automatique, vise aussi à diminuer les coûts de main-d’oeuvre et réduire la charge émotionnelle pour les salariés. Conçus pour réagir à toute information notable selon des critères pré-établis par l’investisseur, les algorithmes analysent des milliers de données en un temps record. Ils peuvent par exemple acheter des actions ou monnaies quand les cours reculent en anticipant sur leur rebond.
Mais l’utilisation croissante de ces technologies dernier cri est controversée pour les risques de perturbations des échanges qu’elle implique. L’incident de ce vendredi pourrait être un nouvel argument en leur défaveur.