Primaire EELV : Rivasi et Jadot au coude-à-coude
Proches à quelques nuances près sur le fond, Yannick Jadot et Michèle Rivasi sont annoncés au coude-à-coude dans les urnes avant que ne soit dévoilé, lundi soir, le nom du candidat Europe Écologie-Les Verts à une élection présidentielle périlleuse pour le parti. « C’est très ouvert et je serais bien en difficulté de faire un pronostic », lance ainsi David Cormand, secrétaire national d’Europe Écologie-Les Verts (EELV), peut-être échaudé comme bon nombre d’observateurs par l’élimination sèche de l’ancienne ministre Cécile Duflot, la figure la plus médiatique, dès le premier tour.
« Les militants écologistes ne sont pas toujours sensibles à ce qui fait la différence dans les partis traditionnels, à savoir l’expérience, la notoriété », glisse encore David Cormand. « Tout est ouvert, tout est possible », abonde Michèle Rivasi, invitée-surprise de ce deuxième tour et, veut-elle croire, toujours portée par le même souffle.
Pas « d’oppositions picrocholines »
Sur quoi donc se jouera le scrutin entre les deux députés européens, Yannick Jadot, âgé de 49 ans, et Michèle Rivasi, 63 ans ? Pas tellement sur les programmes, puisque les deux postulants affichent « le même projet, avec quelques nuances dans les solutions que chacun veut mettre en avant », dixit Yannick Jadot, qui était arrivé en tête le 19 octobre avec 35,61 % des suffrages, devant Mme Rivasi (30,16 %). Ce consensus « a pu rendre pour certains cette primaire un peu terne, mais cela a aussi renvoyé une image responsable d’Europe Écologie-Les Verts, ce qui n’a pas toujours été le cas », estime encore Yannick Jadot. « On n’a pas eu d’oppositions picrocholines montées en épingle », se satisfait Julien Bayou, porte-parole d’EELV. « On a fait la preuve que l’on pouvait débattre du fond sur un projet commun, ce qui est parfois assez déroutant pour les sympathisants », ajoute-t-il.
Pour se démarquer, Michèle Rivasi a donc insisté sur « l’urgence sociale » en souhaitant « partir des gens » dont elle écoute « la déshérence », en s’écartant si besoin du « mantra et du jargon écologistes ». De son côté, Yannick Jadot, qui s’est fait remarquer cette semaine par une vibrante harangue au Parlement européen contre le traité de libre-échange Ceta, a répété qu’il souhaitait redonner sa « crédibilité à l’écologie politique », « une écologie qui agit, construit et gagne ».
« Inquiet et optimiste »
Si les deux candidats semblent faire jeu égal sur les soutiens de marque (José Bové s’est prononcé pour Yannick Jadot, Eva Joly pour Michèle Rivasi) il s’agit surtout de rallier les suffrages attribués à Cécile Duflot et Karima Delli au premier tour, et de réveiller les quelques abstentionnistes, puisque 12 300 personnes ont voté il y a deux semaines sur les 17 000 inscrits. La participation s’annonçait d’ailleurs en légère hausse puisque, dès vendredi, « plus de 11 000 bulletins » avaient été reçus, selon David Cormand.
Le plus dur restera ensuite à faire pour EELV qui, dans le sillage de Yannick Jadot ou de Michèle Rivasi, devra se tailler une place dans une offre politique déjà encombrée à gauche et peu favorable à une candidature EELV, créditée d’un score inférieur à 3 % dans les sondages pour la présidentielle. Cela commencera par la chasse aux 500 parrainages nécessaires pour pouvoir déposer la candidature à la présidentielle, à collecter avant la mi-mars. « Je suis à la fois inquiet et optimiste, explique David Cormand. Je me dis que 40 000 personnes peuvent donner leurs parrainages, je pense qu’il est raisonnable de penser que 500 voudront appuyer notre candidature », poursuit-il. « Même si l’on a perdu pas mal d’élus, on a une connaissance pointue des territoires qui va nous permettre d’aller chercher ces parrainages », positive Yannick Jadot, rejoint par Michèle Rivasi qui ne se dit « pas du tout pessimiste, à condition que l’on aille au charbon ». Quoi qu’il arrive lundi soir, ce travail-là se fera de conserve, promettent-ils.