Révolution : une appellation pour un cépage, le pinot gris de Vénétie
Imagineriez-vous une appellation d’origine contrôlée syrah du Rhône ? Chardonnay de Champagne ? Ou encore chenin de la Loire ? Cela vous paraît aller à l’encontre de la tradition du monde du vin, qui met à l’honneur un territoire, et non un cépage ? Eh bien, les Italiens l’ont fait. Une appellation pinot grigio (pinot gris) vient de naître. Que l’on soit pour ou contre, séduit ou choqué, c’est un changement sans précédent qui apparaît là.
Certes, il existe de nombreuses appellations qui reposent sur un cépage : la Bourgogne et ses vins rouges (pinot noir) ou blancs (chardonnay), le muscadet (melon de Bourgogne), voire les vins d’Alsace (avec une mention de cépage, qui peut être du riesling, du gewurztraminer, ou encore justement du pinot gris). D’autres régions viticoles s’identifient pleinement à un cépage dominant dans un bouquet de cépages différents : la rioja et le tempranillo, le chianti et le sangiovese, le tokaj et le furmint. Mais personne n’avait osé, pu ou voulu franchir le pas. C’est chose faite. Le territoire, signe majeur d’identification et de revendication, passe au second plan face au cépage.
Nous sommes entrés dans l’ère des vins globalisés. Ce n’est pas nouveau, me direz-vous. Pour la première fois tout de même, une appellation prend une désignation qui est celle utilisée de manière privilégiée dans le pays de consommation, et non dans celui de la production. L’entrée par cépage est bien sûr une manière de coller aux attentes du consommateur américain. Il n’est pas fortuit que cela commence par l’Italie…
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