Présidentielle américaine: Trump président ou la victoire du protectionnisme

Malgré de nombreuses ambiguïtés en matière économique, Donald Trump a été constant sur un point. Il est protectionniste, c’est-à-dire qu’il veut protéger les États-Unis du commerce mondial, en particulier des importations chinoises et mexicaines

Le programme économique de Donald Trump? Un fourre-tout mêlant baisses d’impôts, surtout pour les plus riches, et maintien des dépenses publiques, pour rassurer les plus pauvres.

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Mais si le nouveau président américain a pu écraser tous ses concurrents républicains, avant de faire trébucher la favorite des sondages Hillary Clinton, c’est surtout parce que contrairement à eux, il s’est fermement affirmé contre les accords de libre-échange, accusés d’avoir floué la classe moyenne américaine.

Des accords « désastreux » ou « horribles »

Donald Trump veut renégocier l’Alena, l’accord de libre-échange avec le Mexique et le Canada entré en vigueur en 1994, un « désastre », selon lui. En effet, si les Etats-Unis ont pu bénéficier d’un plus grand marché pour leurs services, notamment financiers, les créations d’emplois promises par l’administration Clinton n’ont pas été au rendez-vous et de nombreuses usines ont choisi de s’établir là où la main d’oeuvre était moins chère, au Mexique notamment. D’où le succès du discours de Trump chez les cols bleus.

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Suivant la même logique, selon laquelle rien de bon ne peut venir de l’extérieur, il dénonce l’accord de partenariat transpacifique avec douze pays d’Asie, signé mais pas encore ratifié. Celui-ci est « horrible », a-t-il affirmé. Même s’il a été conçu par l’administration Obama pour isoler la Chine, qui n’est pas signataire, conclure ce pacte avec ses voisins va permettre à ce pays « de s’introduire par la porte de derrière », a accusé Trump au cours de la campagne. Quant au Tafta avec l’Europe, il est tout aussi contre. « Make America great again », son slogan de campagne, sous-entend également qu’elle peut l’être toute seule.

Un isolationnisme qui risque d’être « débilitant »

« Il rejette l’idée courante selon laquelle l’importation de biens étrangers est bénéfique pour l’économie d’un pays », explique le New York Times. N’hésitant pas pour cela, à s’inspirer d’analyses économiques classées à gauche, relève le quotidien américain. « Trump menace d’entraîner les Etats-Unis dans une posture isolationniste qui est contraire au modèle de libre-échange et de multilatéralisme prôné par les Etats-Unis, à leur principal bénéfice, depuis plus d’un siècle », analyse dans une note Bruno Colmant, chef économiste de la banque Degroof Petercam.

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Quelle a été la part de bluff dans les déclarations du candidat républicain? « Si l’on prend son programme au pied de la lettre, on peut imaginer que les Etats-Unis se retirent de l’OMC, remarque pour L’Express l’économiste Riches-Flores, alors que les grands entreprises américaines, comme les GAFA, ont besoin de la croissance mondiale. » « Une posture protectionniste émanant de la principale puissance économique mondiale est un facteur débilitant pour le commerce international », relève également Bruno Colmant.

Une nouvelle réalité qui prendra du temps

Mais si Trump ne bluffait pas et lançait son pays dans une guerre commerciale contre le reste du monde? « Son programme en matière d’accords commerciaux n’est pas très précis, il prendra du temps à devenir une nouvelle réalité », relève Véronique Riches-Flores.

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Difficile en effet d’imaginer l’économie américaine se passer du jour au lendemain du reste du monde. Donald Trump a demandé à Apple d’arrêter de fabriquer ses iPhones en Chine, rappelait Michael Moore dans un article prémonitoire en juillet dernier. Pourtant depuis le Brexit, les frontières sont devenues le symbole même du politique. Et aux Etats-Unis, le nouveau président a presque toutes les cartes en main.