Le groupe Euro Disney affiche des pertes records à cause des attentats
Pénalisé par l’impact des attentats sur le tourisme, Euro Disney a vu ses pertes multipliées par neuf sur la période 2015-2016.
L’hôtellerie et la restauration ne sont pas les seules touchées. Euro Disney, le groupe qui exploite le parc Disneyland Paris, a affiché des pertes records sur les années 2015 et 2016.
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Pour son exercice sur cette période, clos fin septembre, le groupe a vu ses pertes multipliées par près de neuf, en raison d’un recul de fréquentation de 10%.
Une année « exceptionnellement difficile »
« Cette année a été exceptionnellement difficile pour Disneyland Paris. Nous avons été impactés par plusieurs facteurs externes qui ont fortement affecté l’industrie du tourisme dans la région parisienne », indique la présidente du groupe Catherine Powell.
L’exploitant du parc Disneyland Paris a subi les conséquences des attentats de novembre à Paris, de mars à Bruxelles et de juillet à Nice, auxquels se sont ajoutés les mouvements sociaux du printemps en France et des conditions météorologiques défavorables.
La présidente d’Euro Disney s’est néanmoins déclarée « prudemment optimiste » pour l’avenir et « confiante dans la stratégie de long terme du groupe ». Sans donner d’indications sur le niveau des réservations pour la fin d’année, elle assure qu’Euro Disney a réalisé « une belle Toussaint et de belles fêtes d’Halloween ».
Des pertes qui ont atteint 858 millions d’euros
Par ailleurs, 2017 marquera le 25e anniversaire du parc, « ce qui est traditionnellement l’occasion de forte activité », précise-t-elle. Euro Disney a enregistré en 2015/16 une perte nette part du groupe de 705 millions d’euros, contre 84,2 millions d’euros l’an dernier.
Si on y inclut la part des minoritaires, le montant total des pertes atteint 858 millions d’euros. Un record pour la société, dont la pire année était jusqu’ici 1993 avec 813,6 millions d’euros de pertes. Ce creusement des pertes s’explique, outre la dégradation de l’activité, par d’importantes dépréciations d’actifs de 565 millions d’euros.
« Du fait des conditions économiques défavorables pour l’industrie du tourisme en région parisienne (…) le groupe a procédé à un test de dépréciation de l’ensemble de ses actifs à long terme et déterminé que ces actifs avaient perdu une partie de leur valeur », explique Euro Disney dans son communiqué.
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« Cette dépréciation d’actifs n’a pas d’impact sur la trésorerie du groupe ni sur ses flux de trésorerie », est-il précisé. A fin décembre, le solde de trésorerie s’établit à 113 millions d’euros, contre 249 millions d’euros en début d’année.
Baisse de fréquentation dans les parcs à thème
Le chiffre d’affaires a, lui, chuté de 6,91%, à 1,27 milliard d’euros. Le revenu des parcs à thème a reculé de 10%, à 722 millions d’euros, reflétant une baisse de fréquentation d’un niveau similaire, s’expliquant par la diminution des visiteurs européens.
Les recettes des hôtels et du Disney Village sont en recul de 4%, à 505 millions d’euros, affectés par la diminution du taux d’occupation et de la dépense moyenne. Seule l’activité de développement immobilier, par nature fluctuante selon les années, affiche une hausse de 4 millions d’euros à 11 millions.
Ce recul global de l’activité s’est accompagné d’une hausse des charges d’exploitation de 4%, atteignant 1,52 milliard d’euros.
Une hausse des charges due aux nouvelles mesures de sécurité
Cette hausse des charges est liée aux coûts occasionnés par les nouvelles mesures de sécurité à la suite des attentats, et aux investissements importants consentis en prévision du 25e anniversaire du groupe et de sa volonté d’améliorer l’expérience client (rénovations et nouveaux spectacles).
Dans ce contexte défavorable, Euro Disney avait indiqué en août avoir procédé à un tirage de 130 millions d’euros sur la ligne de crédit renouvelable de 350 millions d’euros accordée en 2015 par sa maison-mère, The Walt Disney Company (TWDC).
Le géant américain avait l’an dernier recapitalisé Euro Disney, qui enchaîne depuis plusieurs années les restructurations, à hauteur d’un milliard d’euros.
Il vient cette année à nouveau à la rescousse de sa filiale, en acceptant de renoncer à ses redevances de licences et rémunérations de gérant pour les deux années à venir, « afin d’apporter au groupe davantage de liquidités ».
Pour le quatrième trimestre 2016, cela correspond à 21 millions qu’Euro Disney n’aura pas à verser. Sur une année, cela pourrait permettre au groupe d’économiser entre 75 et 80 millions d’euros. TWDC avait déjà pris une telle mesure au milieu des années 90, alors qu’Euro Disney traversait une période d’importantes difficultés.