Chômage, retraites… Le candidat Emmanuel Macron est-il trop dépensier?

Officiellement candidat à l’élection présidentielle, Emmanuel Macron n’a pas dévoilé le détail de son programme économique. Mais le nouveau modèle social qu’il a déjà esquissé aura un coût.

Enfin déclaré candidat, Emmanuel Macron a dévoilé son ambition politique. Mais son programme reste très lacunaire par rapport à ceux de ses rivaux officiels. Dans une interview à L’Obs, il a proposé plusieurs mesures économiques, comme l’ouverture des droits au chômage pour les indépendants et les salariés démissionnaires, ou une modulation de l’âge de la retraite dès 60 ans. « Un système universel d’accompagnement des transitions d’un travail à l’autre ». Qu’il ne chiffre pas.

LIRE AUSSI >> Macron veut augmenter la durée légale du travail pour les jeunes, est-ce légal?

Permettre de partir à la retraite dès 60 ans, ou ouvrir plus largement les droits au chômage a pourtant un coût. La dépense publique ne semble pas être un sujet en soi pour Emmanuel Macron, contrairement aux candidats de la droite. Dans L’Obs, il propose d’augmenter les professeurs situés dans les établissements les plus difficiles, et préconise « des investissements massifs » dans le domaine de la santé, selon des propos rapportés par Le Parisien.

Des mesures impossibles à chiffrer

« Ce n’est pas un mieux-disant en matière d’austérité », reconnaît pour L’Express Jean-Charles Simon, économiste et entrepreneur. « Il a été marqué par l’expérience du début du quinquennat Hollande, avec une remontée des prélèvements qui a été néfaste à la croissance. Mais sa vision de la protection sociale est influencée par ses amis de la tech, qui ont des partenaires, mais pas de salariés, et qui essaient de refiler le bébé à ceux qui cotisent. Déjà, aujourd’hui, un auto-entrepreneur ne paie pas le vrai coût de sa protection sociale. »

Faute de précisions sur leurs modalités de mise en oeuvre, les mesures sur la retraite ou sur le chômage « ne sont pas chiffrables », pondère pour L’Express Henri Sterdyniak, à l’OFCE. Partir à 60 ans, certes, mais qui se bousculera au portillon si c’est au prix d’une sévère décote? Pourquoi préférer une démission à une rupture conventionnelle avec son indemnité spécifique? Quant à permettre aux indépendants de toucher le chômage, « il faudra d’abord qu’ils cotisent », rappelle l’économiste atterré selon qui « ces propositions ou rien, c’est pareil ».

Vers une protection sociale au rabais?

Aucune date n’est encore fixée pour préciser le programme économique du challenger de François Hollande, confirme à L’Express l’entourage d’Emmanuel Macron. « C’est un projet de transformation du système, avec des idées qui ne sont pas mauvaises », assure Jean-Charles Simon. Mais demandera-t-on aux indépendants de cotiser comme les salariés, alors qu’ils estiment déjà payer trop de charges? « L’assurance-chômage, c’est 6,4% du salaire brut, la retraite complémentaire, c’est 25% », relève l’économiste de tendance libérale. Une facture bien salée pour la nouvelle économie.

Dernière solution pour maîtriser les coûts, abaisser la barre de la protection sociale pour le monde. Ce qui serait cohérent avec la volonté d’Emmanuel Macron de ne plus favoriser « les insiders, c’est-à-dire ceux qui sont en contrat à durée indéterminée et ont un emploi stable dans les secteurs les plus structurants de notre économie », comme il le rappelle dans L’Obs. Mais cela n’aurait rien d’une mesure populaire quand Emmanuel Macron est toujours à la recherche d’un électorat.

LIRE AUSSI >> Proportionnelle, décentralisation… Les « idées » d’Emmanuel Macron pour 2017