Malgré la grippe aviaire, « il y aura bien du foie gras pour les fêtes »
Après la découverte de plusieurs foyers de grippe aviaire dans des élevages de canards du Sud-Ouest, L’Express fait le point sur la situation du secteur à quelques jours des fêtes de fin d’année. Interview de Marie-Pierre Pé, déléguée générale du comité interprofessionnel de la filière foie gras.
Le Sud-Ouest est lancé dans une course contre la montre afin de juguler la nouvelle épizootie de grippe aviaire. Tandis que le virus, qui touche déjà quatre départements, est encore plus virulent que lors de la précédente crise qui avait décimé les élevages, L’Express a sondé Marie-Pierre Pé, déléguée générale du Cifog, le comité interprofessionnel de la filière foie gras, sur la situation du secteur, à quelques jours des fêtes de fin d’année.
Pouvez-vous nous faire un point sur la situation dans le Sud-Ouest?
Tout est parti d’un élevage dans le Tarn situé à proximité d’un étang. Visiblement il a été contaminé par des oiseaux migrateurs venus d’Europe de l’Est (Allemagne, Hongrie). Ce qui se passe aujourd’hui, c’est qu’une partie des élevages du Tarn était prête à partir justement au gavage dans le Gers. Ce n’est donc pas un nouveau cas mais une contamination due au premier du Tarn. Nous ne sommes pas dans l’émergence de pleins de foyers partout, c’est plutôt contrôlé.
Justement, peut-on contrôler et surveiller ces oiseaux migrateurs?
On les surveille et on suit ce virus qui est très agressif. Il créé des dégâts depuis octobre, mais il est parfaitement identifié. C’est un phénomène différent de l’année dernière. A chaque cas nous devons agir vite, pour confiner l’élevage en appliquant des règles très strictes sur un rayon de 3 à 10 kilomètres.
Quelles conséquences pour la saison des fêtes?
L’incident actuel n’aura aucun effet, les élevages ont redémarré à 95% depuis le vide sanitaire du printemps dernier. Il y aura bien du foie gras sur les tables pour les fêtes. En revanche, la période de non production a des effets sur les volumes, on estime la baisse à 25%. Par conséquent, il y a un léger effet sur le prix puisque l’offre est moins importante. On parle d’une hausse de 40 centimes d’euros par tranche de 50 grammes.
Il reste toutefois les effets sur l’export pour la filière…
Oui, l’export est toujours à l’arrêt en dehors de l’Union européenne, sauf quelques exceptions. On estime le marché à 110 millions d’euros, dont 40% dans des pays tiers.
Comment est l’ambiance globalement dans les exploitations?
Les nouveaux cas qui se sont déclarés touchent encore des canards, c’est fâcheux pour cette filière du Sud-Ouest. En terme d’émotion, ça touche beaucoup la région. Ce n’est pas toujours facile de dire à un éleveur qu’il faut abattre la totalité de sa production. C’est un coup dur. Dans le Tarn et dans le Gers, déjà 25 000 animaux ont été tués ces derniers jours. Pour ces incidents sanitaires, il y a une procédure administrative qui est prévue afin d’indemniser les éleveurs. C’est un filet de sécurité.