Assurance chômage: les partenaires sociaux se retrouvent… pour la forme?
Six mois après l’échec de leurs négociations, syndicats et patronat se réunissent ce 6 décembre pour dresser un »diagnostic partagé » de la situation. Peu de chances cependant qu’un consensus se dégage, tant leurs points de vue divergent.
Ils s’étaient quitté en juin dernier sur un échec, incapables de trouver un accord sur les nouvelles règles d’indemnisation des chômeurs. Six mois plus tard, ce 6 décembre, syndicats et patronat se retrouvent, répondant ainsi positivement à l’appel du patron du Medef, Pierre Gattaz. Objectif affiché: dresser un « diagnostic partagé » pour « mieux comprendre les raisons » de leur échec – le premier depuis 1982 -, et trouver une issue. Mais surtout pour le patronat, ne pas laisser la main au gouvernement.
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Ce dernier a prolongé la convention signée en 2014, mais n’a eu de cesse de pousser les partenaires sociaux à relancer la négociation menaçant sinon de reprendre les commandes. L’assurance chômage croule sous un déficit de plus de quatre milliards d’euros et une dette record de 30 milliards.
Des positions incompatibles?
Sur le fond, le bras de fer s’annonce tendu, tant les lignes paraissent irréconciliables entre le patronat et les syndicats. « Tout dépend de l’attitude du Medef qui a déjà fait échouer les négociations de juin », lance d’emblée Denis Gravouil (CGT). « On ne s’interdit pas de discuter », assure Jean-Michel Pottier de la CGPME.
Les organisations syndicales veulent toujours moduler les cotisations sur les contrats courts, soit par une surcotisation générale (CGT), un système de bonus-malus pénalisant les entreprises qui abusent de ces contrats (FO, CFE-CGC), ou la dégressivité des cotisations selon la durée dans l’emploi (CFDT, CFTC).
Début novembre, la ministre du Travail, Myriam El Khomri, s’est montrée favorable à un système de bonus-malus sur les contrats courts « qui coûtent à l’Unédic 6,2 milliards d’euros et génèrent une précarité pour les demandeurs d’emploi ».
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Problème: c’est ce qui avait conduit les négociations dans une impasse en juin, le Medef refusant catégoriquement une hausse des cotisations patronales sur les contrats courts. Le patronat propose de baisser la durée des allocations chômage pour les seniors, sanctionner l’absence de recherche d’emploi ou réformer le mode de calcul des allocations.
Une réunion, mais pas de négociation
Pour l’heure cependant, il n’est pas question de rouvrir la négociation: la réunion de ce mardi ne porte que sur la « définition de la méthode » et le « calendrier de travail ». Le Medef propose « six-sept » séances pour dresser ce diagnostic sur l’assurance chômage et le marché du travail, sans préciser de nouvelles dates.
Si elles sont validées, ces séances porteraient, entre autres, sur les évolutions et réformes récentes du marché du travail, les nouvelles formes d’emploi et de protection sociale, l’accompagnement et la formation professionnelle, le fonctionnement de l’assurance chômage.
« Le Medef cherche à gagner du temps sur la négociation, mais à un moment, il faudra bien qu’on en parle », commente Michel Beaugas (FO), qui espère resserrer l’agenda à quatre ou cinq séances. FO ne souhaite pas de négociations avant la présidentielle. « Par contre, on souhaite une ouverture juste après ». Un avis que semble partager le représentant CGTDenis Gravouil pour qui « ouvrir la négociation avant une présidentielle paraît difficile. »
La présidentielle, une épée de Damoclès?
La prudence est également de mise au sein du patronat. « C’est très difficile de se projeter. Il faut savoir qui sera candidat au premier tour et les contenus des programmes politiques », explique Jean-Michel Pottier (CGPME).
Côté CFTC, Eric Courpotin juge à l’inverse qu’il serait « plus sage » et « plus prudent » de trouver un accord avant la présidentielle, afin que les partenaires sociaux ne se retrouvent pas « dépossédés » de ce dossier « par le ou la futur(e) président(e) » de la République, alors que les critiques du paritarisme se sont multipliées depuis la rentrée. Emmanuel Macron souhaite par exemple voir l’Etat gérer lui-même l’Unedic. Quand à François Fillon, il propose de plafonner les allocations chômage à 75%, et de les rendre dégressives en s’affranchissant s’il le faut des partenaires sociaux.
Un serpent de mer sera également à l’ordre du jour: la CGT et FO réclameront que les négociations sur l’assurance chômage ne se déroulent plus au siège du Medef, ni sous la présidence du patronat. Ca commence mal.