Élie Cohen : « J'ai cru dans la capacité réformatrice de Hollande… »

Élie Cohen, directeur de recherche au CNRS et professeur à Sciences Po, a été l’un des animateurs du groupe d’économistes qui a planché sur le programme de François Hollande pendant la primaire de 2011. Coauteur d’un livre sur les réformes nécessaires en France avec Philippe Aghion et Gilbert Cette*, il confie sa déception sur la politique économique du président, qui vient de renoncer à briguer un second mandat. Entretien.

Le Point.fr : Pourquoi le quinquennat de François Hollande s’est-il soldé par un échec économique ?

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Pour le comprendre, il faut remonter au Hollande de la primaire socialiste de 2011. Ce Hollande-là parle de pacte éducatif, mais aussi des problèmes de compétitivité de la France, d’économie de l’offre et d’équilibre des finances publiques. Il gagne cette primaire sur les thèmes de la modernisation de l’appareil productif et de la convergence avec les autres pays européens en matière budgétaire et fiscale.

Ce n’est pas vraiment celui de la campagne présidentielle

Non. Le Hollande investi par le Parti socialiste est tout à fait différent. Il change alors radicalement de discours. Cela débouche sur ses 60 mesures de campagne ou son discours du Bourget, d’une facture socialiste beaucoup plus classique. Il rentre dans la logique du « tax and spend », « imposer pour dépenser », et de la stimulation de l’activité par l’État. Et il se fonde sur des prévisions de croissance totalement irréalistes pour attester de la viabilité de son programme.

C’est ce qui lui est fatal ?

Ce changement de pied l’empêche d’avoir un mandat mandat clair pour réformer une fois à l’Élysée. Il compte sur son habileté politique et tactique pour faire avaler ses projets à un groupe parlementaire qu’il sait non acquis à ses réformes. Dès les premiers jours de pouvoir, il est pris dans une contradiction fondamentale entre ses convictions – la nécessité de mener une économie de l’offre européenne sans pour autant s’en prendre aux avantages sociaux – et l’orientation de sa majorité. Il prend donc des mesures contradictoires parce qu’elles sont destinées à des publics différents.

Par exemple ?

Il dit qu’il veut baisser les charges sociales pour les entreprises, mais multiplie les mesures qui se traduisent en fait par un coût réglementaire et fiscal supplémentaire qui handicape la compétitivité. Sa main gauche reprend ce que donne la main droite. Je pense au compte pénibilité, à la loi Hamon, à la loi Florange et à des mesures individuelles qui alourdissent la taxation des entreprises. Cela passe par des mesures en faveur du logement, la généralisation des assurances santé complémentaires d’entreprise, l’augmentation des taxes dans la région parisienne pour financer le Grand Paris. Autant de taxes qui pèsent sur le cycle de production des entreprises avant même que l’on sache si elles ont fait du profit. Il faut savoir que nous avons entre 30 et 40 milliards d’impôts sur le cycle de production des entreprises alors que l’impôt sur les sociétés est de 50 milliards. Autrement dit, les entreprises sont imposées avant d’avoir produit le moindre résultat ! C’est une exception française.

Le drame de l’économie française, c’est qu’elle souffre d’une spécialisation équivalente à celle de l’Espagne avec des coûts suédois !

Il a justement supprimé la contribution sociale de solidarité des sociétés (C3S) qui pèse sur le cycle de production des entreprises !

Non, cela n’a été fait que pour les petites entreprises. Le dernier volet qui devait intervenir en 2017 a été supprimé au profit d’une augmentation du crédit d’impôt compétitivité emploi (Cice).

Il y a quand même eu un programme ambitieux de baisses de charges pour les entreprises. Si l’on ajoute le pacte de responsabilité au Cice, le montant atteint, tout de même, 40 milliards d’euros.

Je ne suis pas d’accord. Tout le monde parle de 40 milliards, mais le dernier chiffre de ce qui a été vraiment distribué est de 23 milliards. Or, les impôts sur les entreprises ont augmenté de 30 milliards depuis fin 2011. Mais peu importe, la question n’est pas là. Ceux qui ont le plus payé, ce sont les ménages qui ont vu leurs impôts augmenter très fortement.

Les entreprises ont vu leurs marges remonter, pourtant.

Elles ont récupéré deux points de marge. C’est à des années-lumière de ce qu’il faudrait faire pour égaliser les conditions de concurrence entre les entreprises françaises et les allemandes, sans parler des entreprises anglaises ou italiennes ! Si on veut véritablement faire de la compétitivité « hors-coût », c’est-à-dire pousser les entreprises à monter en gamme et à innover, il faut d’abord restaurer les conditions de la rentabilité. Le drame de l’économie française, c’est qu’elle souffre d’une spécialisation équivalente à celle de l’Espagne avec des coûts suédois ! Ça ne peut pas marcher. On touche du doigt le caractère désespéré de sa tentative : il s’est mis à dos tout une partie de la gauche parce qu’il a fait un effort en faveur des entreprises. Mais cet effort était trop limité pour inverser le cours des choses. Il n’a pas réussi à mettre le système productif français dans une dynamique vertueuse.

François Hollande n’a-t-il pas été coulé par la volonté européenne de réduire rapidement les déficits pour rassurer les marchés en 2012-2013 ?

C’est clair. La crise de 2011 a conduit Angela Merkel à demander le retour le plus rapide possible à l’équilibre des finances publiques avec le fameux traité budgétaire. On sait que cela a plombé la croissance européenne. Superposez les courbes de croissance européenne et américaine : vous verrez un décrochage européen très net en 2012 à cause de cette politique. Mais c’est la condition que l’Allemagne a mise pour sauver les pays en difficulté : la Grèce, l’Irlande, le Portugal, l’Espagne. Fallait-il aller à la crise ouverte avec Berlin au risque de faire éclater la zone euro ? Tel était le dilemme de François Hollande. Lequel n’est pas stupide : il a accepté un compromis qu’il savait délétère pour la croissance européenne. Il pensait contrebalancer les effets de cette politique par un plan d’investissement. Ça n’a pas marché. Sa dynamique a été brisée.

Hollande aurait voulu être le Schröder français, il n’a pas pu l’être

Ne peut-on lui faire crédit d’avoir converti la gauche au discours sur la nécessité d’améliorer l’environnement des entreprises ?

C’est ce que j’ai longtemps cru et défendu comme position. Maintenant que je vois comment se présente cette élection, j’ai changé d’avis. C’est ma plus grande tristesse : cet effort de Hollande n’aura pas contribué à accroître la culture de gouvernement du Parti socialiste. On voit bien que la gauche libérale se présente hors de la primaire avec Macron. C’est pareil avec « le gros rouge qui tache » : Mélenchon. Et même dans la primaire, Montebourg n’est pas vraiment acquis à cette vision de gauche moderniste portée par Hollande. Ce quinquennat aboutit donc sur une division extrême avec une possible mise en minorité de la gauche de gouvernement. C’est une des maladies coutumières de la gauche. Je m’attends à ce que les candidats socialistes, quels qu’ils soient, mènent une offensive contre la politique de l’offre de François Hollande et la stabilité budgétaire dans les prochaines semaines.

Ne sous-estime-t-on pas les pas franchis avec la loi travail et la loi Macron ?

Ces deux lois sont incontestablement des pas dans la bonne direction. La question est de savoir si la gauche de gouvernement reconnaîtra que Fillon a raison quand il voudra aller plus loin. Ou si elle s’y opposera frontalement en dénonçant une dérive ultralibérale. Quand on écoute le discours du premier secrétaire du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, on se dit plutôt qu’il y aura des attaques convergentes de la gauche et de l’extrême droite. Je crains que le PS ne capitalise pas sur les avancées de Hollande, mais les répudie dans l’opposition.

On vous sent extrêmement déçu par François Hollande

J’ai cru dans sa capacité réformatrice. J’ai fait le pari que son habileté politique lui permettrait de faire passer des choses que je savais difficiles à faire avaler au Parti socialiste compte tenu de sa culture. J’ai sous-estimé la violence des oppositions internes et la capacité de la gauche traditionnelle du parti à s’organiser dans le mouvement des « frondeurs ». Au fil du mandat, ils sont devenus une véritable opposition interne à la majorité. Hollande aurait voulu être le Schröder français, il n’a pas pu l’être.

Changer de modèle, de nouvelles idées pour une nouvelle croissance, Odile Jacob, 22,90 euros

Air France réorganise sa direction, départ du patron de HOP!

La compagnie aérienne procède à de nombreux changements au sein de sa direction. Lionel Guérin, patron de la branche court-courrier HOP!, est notamment remplacé par l’ancien patron de l’activité cargo, Alain Malka.

L’objectif est de « simplifier » le fonctionnement de la compagnie. Air France a annoncé ce vendredi une vaste réorganisation de sa direction, une évolution marquée par le départ du patron de la branche court-courrier HOP!, Lionel Guérin.

Alain-Hervé Bernard devient numéro deux d’Air France, chargé notamment de la sécurité des vols, derrière Franck Terner qui a été nommé directeur général de la compagnie début novembre, selon un communiqué. A la tête de HOP!, Lionel Guérin est remplacé, « avec effet immédiat », par l’ancien patron de l’activité cargo Alain Malka.

Sont notamment confirmés dans leurs fonctions, le DRH d’Air France Gilles Gateau et le directeur de la communication Jean-Charles Tréhan.

Jeu de chaises musicales

Anne Brachet prend la succession de Franck Terner à la tête de la maintenance d’Air France-KLM et conserve « jusqu’à son prochain remplacement » ses fonctions de patronne de la maintenance d’Air France (Air France Industries).

A compter du 1er janvier, l’ancienne négociatrice avec les personnels navigants et commerciaux (PNC), Anne Rigail, deviendra directrice générale adjointe Client et sera remplacée par Eric Caron.

Les négociations avec les PNC avaient échoué cet été après une grève d’une semaine lors du chassé croisé estival.

Des négociations dans un climat serein

A l’issue de cette grève, qui a coûté environ 90 millions d’euros à la compagnie, la direction d’Air France avait annoncé la prolongation de l’accord d’entreprise en vigueur, qui arrive normalement à terme fin octobre, jusqu’en février 2017.

Les négociations autour de la future compagnie à bas coûts d’Air France ont débuté cette semaine sereinement et avec l’objectif de « réussir ensemble », a affirmé ce vendredi le syndicat de pilotes SNPL.

De Mohammed Ali à Hilary Swank, dernier round pour la Mecque de la boxe

New York, 77 Front Street, juste en dessous du pont de Brooklyn. Une adresse connue de tous les amateurs de boxe. Quelques blocs à parcourir au bord du fleuve, et nous voici rendus chez Gleason’s Gym, la plus mythique des salles de boxe new-yorkaise. Créée dans les années 30, elle a déjà déménagé deux fois, et va encore une fois être détruite début décembre pour renaître quelques centaines de mètres plus loin. Ses 14 000 m2 dédiés à la boxe accueillent 1 300 boxeurs, dont 300 femmes et quelques champions du monde… Sur le mur trône une citation de Virgile : « Quiconque a le courage, et un esprit fort en sa poitrine, qu’il se lève, lace ses gants et redresse ses mains. » Avec la destruction de Gleason’s Gym, ses rings, ses machines, ses murs de parpaings peints en rouge qui ne paient pas de mine, c’est un peu de la mémoire des plus grands boxeurs de l’histoire qui disparaît. Ici, 26 films ont été tournés ; Hilary Swank est venue s’y entraîner pour Million Dollar Baby. Et bien avant elle, il y a quelques décennies, un certain Cassius Clay, devenu Mohammed Ali, avait fait de même, juste avant d’entrer dans la légende…

La légende Mohammed Ali

Bruce Silverglade, le maître des lieux, s’en souvient parfaitement. « Ali, sa personnalité était telle qu’il dominait tout. Tout le monde l’aimait. Il s’est entraîné ici en 1964, quand il est revenu sur New York. Il a dû être là 18 mois environ. Sincèrement, il n’y avait personne comme lui, il avait cette bonté qui attirait les gens. C’était un personnage de son temps, et le temps a prouvé qu’il avait raison : il y a eu la lutte pour les droits sociaux, la guerre du Vietnam, puis il est devenu musulman. Le seul boxeur auquel on puisse le comparer, c’est peut-être Joe Louis, dans les années 40, le même genre de héros social. » C’est d’ailleurs une soirée en hommage au boxeur de légende, et en présence de sa veuve et de bon nombre de champions (George Chuvalo, Earnie Shavers, Evander Holyfield, Roberto Durán…), qui aura animé pour la dernière fois les rings de Gleason’s Gym, avant sa destruction.

Lire notre article New York rend hommage à la légende Mohammed Ali

De Hilary Swank à Justin Trudeau

« En tout, 67 nationalités différentes s’entraînent là, souligne le boss de la boxe. C’est notre réputation qui fait ce melting pot. » Peut-on parler d’une Mecque de la boxe made in Brooklyn ? « Sans doute, mais c’est d’abord ma maison. C’est sans doute pour ça que je n’apprécie pas tout cela autant que je le devrais », concède-t-il modestement. En effet, pour lui, « la boxe est une niche, ce n’est pas pour tout le monde. Sur plusieurs dizaines de millions d’habitants aux alentours, nous n’avons que quelques milliers de pratiquants. Mais si vous voulez vous entraîner, tout le monde est bienvenu. J’ai 88 entraîneurs qui vous attendent ! » Il faut dire que la boxe est devenue, dans certains milieux, le sport à la mode. « On a eu beaucoup d’acteurs, de politiques à venir dans la salle, confirme-t-il. L’autre jour, Justin Trudeau est venu boxer lors de son passage à New York. » Une image qui a fait le tour du monde…

« On doit travailler avec la peur »

Aujourd’hui, un demi-siècle après Ali, « les businessmen viennent boxer, mais ne veulent pas se blesser. Pourtant, contrairement à ce que l’on voit au cinéma, il n’ y a pas de blessés. En 41 ans, je n’ai pas vu un seul accident ! C’est un environnement sûr, un bon sport qui aide beaucoup de monde. Et c’est aussi bon pour la santé, la pression sanguine, le coeur… » À condition d’accepter de se battre, bien sûr. « La boxe, c’est d’abord 50 % de mental et 40 % de conditionnement. Il faut se concentrer, ne pas entendre les moqueries des autres. On doit travailler avec la peur, être capable de la surmonter. Il faut être en parfaite condition physique et mentale, dans les mêmes conditions de forme au premier comme au dernier round. Ici, on vous apprend ce qu’il faut faire sur le ring, mais aussi en dehors. Si vous devez courir 3 kilomètres et que vous n’en faites que deux et demi, alors vous ouvrez la porte à la défaite. La boxe, c’est vous contre une autre personne, comme l’attraction entre un homme et une femme ! »

De plus en plus de femmes

Quel avenir celui qui a passé un demi-siècle autour des rings voit-il pour la boxe ? « Le MMA n’affecte la boxe que si la boxe ne donne pas aux gens ce qu’ils veulent : un beau combat, résume-t-il en souriant. Le dernier match Pacquiao vs Mayweather a battu tous les records d’audience et rapporté 240 millions de dollars en une heure. Il n’y a que la boxe qui peut faire cela. Alors je ne pense pas qu’elle puisse disparaître. On ressent un véritable intérêt aujourd’hui. Bien sûr, dans le temps, le champion du monde poids lourds, c’était le roi. Aujourd’hui, ce n’est plus pareil. La faute à l’argent. La télévision s’en est mêlée, les fédérations sont nées. De 8 divisions, on est passé à 17, pour proposer toujours plus de champions…. Mais je crois que tout fonctionne par cycle. Nombreux sont les gens mécontents de voir comment ça se passe. Et il y a de plus en plus de femmes à pratiquer la boxe. D’ailleurs, elles s’entraînent plus et mieux que bien des hommes ! » La femme est, aussi, l’avenir de la boxe.

Le message du pape François à Laurent Wauquiez

En politique, il y a l’image que l’on projette et celle que l’on veut se donner. Laurent Wauquiez, président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, ne manque jamais une occasion de rappeler ses racines chrétiennes, au risque, parfois, de tordre un peu la réalité. En 2015, dans un portrait sévère, Le Monde avait ainsi souligné que personne ne se souvenait de son « amitié » avec sœur Emmanuelle, des liens que Laurent Wauquiez ne manque pourtant jamais de rappeler à la presse : « Quand sœur Emmanuelle me voyait, elle me regardait droit dans les yeux et me disait : Mon petit Laurent, qu’as-tu fait de bon depuis que je t’ai vu ?« , raconte-t-il.

Mercredi 30 novembre au Vatican, Laurent Wauquiez était assis au premier rang lors d’une audience spéciale de 45 minutes accordée par le pape. Une délégation de 256 élus de la région Rhône-Alpes, dont le maire PS de Lyon Gérard Collomb, a été invitée par le cardinal Barbarin dans le cadre d’un pélerinage à Rome. Laurent Wauquiez a chaleureusement applaudi le pape François, lequel a affirmé que « la société française [était] riche de potentialités, de diversités qui sont appelées à devenir des chances, à la condition que les valeurs républicaines de liberté, égalité, fraternité ne soient pas seulement brandies de manière incantatoire, mais soient approfondies et comprises en référence à leur vrai fondement ».

Mais le pape est allé plus loin dans ses propos, précisant que la « recherche du bien commun » imposait aux politiques d’écouter tout le monde, en particulier les « personnes en précarité », sans oublier les migrants qui ont fui leurs pays à cause de la guerre, de la misère, de la violence ». Une remarque qui, comme le note La Vie, était peut-être adressée à Laurent Wauquiez, lui qui avait refusé d’accueillir des migrants dans sa région après le démantèlement de Calais…

Le « patrimoine universel », nouvelle utopie électorale de François Hollande?

Le président de la République préfèrerait à la mise en place d’un revenu universel la création d’un « patrimoine de départ » pour tous, sous la forme d’un prêt garanti par l’Etat. Nouveau cadeau électoral, projet sérieux, ou songe creux?

Un ballon d’essai, avant d’annoncer sa candidature à un second quinquennat? Selon L’Obs, François Hollande a confié à un proche qu’il songeait à une réforme pour doter chaque Français d’un prêt garanti par l’Etat, un « patrimoine de départ », destiné à contrer les inégalités. Sous la forme d’un cadeau de bienvenue dans la société, à un âge qui n’est pas précisé. Contrairement au revenu universel, ce système ne susciterait pas « sarcasme ou ironie », selon les propos rapportés. Car un prêt, lui, se rembourse.

Contacté par L’Express, l’entourage du président ne confirme pas cette piste de réflexion. A l’heure où les déroutes d’Hillary Clinton aux Etats-Unis et des partisans du Remain au Royaume-Uni sont attribuées au ressentiment des classes populaires contre une mondialisation inéquitable, il n’y aurait rien d’étonnant à ce qu’un président en exercice se penche sur la question des inégalités. D’autant que son Premier ministre, et potentiel rival, Manuel Valls a pris position pour un revenu garanti.

« Ce n’est pas forcément une mauvaise idée »

« Ce prêt, qui permettra d’acquérir un logement ou autre chose, sera pour beaucoup la condition pour s’en sortir », est censé avoir confié le chef de l’Etat. Acheter son logement, avec des prix immobiliers toujours aussi élevés? C’est dire si le projet, qui semble tomber des nues, est généreux. « Cela me rappelle la proposition de l’économiste Tony Atkinson, mais lui parle d’un don financé par l’impôt », relève pour L’Express Michael Förster, spécialiste des inégalités à l’OCDE. Le revenu universel impliquant déjà des problèmes de coût, le financement d’un patrimoine universel est-il envisageable?

« Ce n’est pas forcément une mauvaise idée. Elle se rapproche des prêts à remboursement contingent qui se pratiquent dans les pays scandinaves », décrypte pour L’Express Guillaume Allègre, à l’OFCE. « Il s’agit de prêts garantis par l’Etat pour financer ses études. Ils ne sont à rembourser qu’en cas d’obtention de revenus suffisants. Mais les sommes ne sont pas aussi importantes que celles qui permettent d’acheter un logement. » Quant à Tony Atkinson, il plaide pour « un héritage minimum universel, distribué à tous, à l’âge de 18 ans », explique L’Obs dans un article d’analyse.

« A-t-on a besoin d’une usine à gaz pareille? »

Le problème du financement se repose, à moins de faire une réforme fiscale révolutionnaire. Les prêts contingents scandinaves sont remboursés à 90%, ce qui limite leur impact budgétaire. Prêter de quoi s’acheter une maison à des personnes qui vont s’avérer insolvables, n’est-ce pas reproduire le risque d’une crise des subprime, cette fois à l’initiative de l’Etat? « Prêter pour l’achat du logement sans prendre les revenus en compte, c’est une fausse bonne idée », reconnaît Guillaume Allègre. « Il faudrait réserver ce type de financement pour les études, ou pour la création d’entreprise. »

« A-t-on besoin d’une usine à gaz pareille? L’argent public manque! Le scandale du logement, c’est que les 55-70 ans exploitent les jeunes avec des loyers hyper-élevés. Ce gouvernement a fait voter des dispositions qui permettent de défiscaliser pour ses propres enfants, elle est où sa boussole? », s’insurge pour L’Express Louis Maurin, directeur de l’Observatoire des inégalités. Il dénonce avec tout autant de force les projets de revenu universel: « Il faut arrêter avec ça, il suffit de prendre une calculatrice pour comprendre que ça ne peut pas fonctionner. C’est un leurre politique. »

« Aucune solution ne se détache »

Différentes expériences de dotations des jeunes en capital ont été menées au Royaume-Uni, en Hongrie ou à Singapour, selon un rapport du centre d’analyse stratégique rendu en 2007 au Premier ministre de l’époque, Dominique de Villepin. En 2001, Tony Blair a créé le Child Trust Fund, qui dote les enfants des familles modestes de la somme de 500 livres (près de 600 euros au cours actuel), les plus aisés touchant deux fois moins. La somme reste bloquée jusqu’aux 18 ans du titulaire. Mais c’est aux parents d’abonder le compte. D’après les simulations, les enfants de riches toucheront quinze fois plus que les enfants de pauvres à leur majorité.

« Dans La Justice agraire, court essai publié en 1797, Thomas Paine proposait de verser une somme de 15 livres à tous les jeunes adultes arrivant à l’âge de vingt-et-un ans, afin de faciliter leur ‘commencement dans le monde' », écrit le centre d’analyse stratégique. Ce pécule devait permettre d’acheter une vache et des outils agricoles. Plus question de rembourser, sinon en devenant un citoyen responsable et productif. Voilà pour l’idéal de ce philosophe, un des pères fondateurs des Etats-Unis.

Mais un Etat moderne ne devrait-il pas être en mesure d’offrir aux citoyens ce « commencement dans le monde », notamment grâce aux infrastructures et à l’éducation financés par l’impôt? « La fonction publique, c’est le patrimoine de ceux qui n’en ont pas », vient de déclarer la ministre Annick Girardin. En France, « aucune solution ne se détache de l’ensemble des possibles », prévenaient les auteurs du rapport en 2007. C’est toujours le cas.

Monsieur Cadet, un nouvel hôtel à Paris

Au cœur du bouillonnant 9e arrondissement, tout près de l’Opéra Garnier et du pittoresque quartier Saint-Georges, Monsieur Cadet vient d’élire domicile. À la place de l’ancien hôtel Meyerhold, cette charmante pension de famille, qui prend le nom de la rue qui l’abrite, invite touristes et Parisiens à s’installer sur ses banquettes de velours, un cocktail en main.

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Des accords de cognac et d’absinthe au radis et à la betterave au mélange d’aquavit, de whisky Single Malt, céleri et fenouil sauvage…, la carte de Monsieur Cadet, œuvre du mixologue Kevin Ligot, s’inspire de la gastronomie.

Dès le hall d’entrée, Marion Collard, la décoratrice qui monte, plante le décor. Chic, sans être tape-à-l’œil, le quatre-étoiles a le charme de ces boutiques-hôtels qui fleurissent sur les sentiers populaires de la capitale. Miroirs vieillis, tablettes Art déco, parquet Versailles…, une atmosphère unique se dégage.

Un peu plus loin, un bar baigné de lumière s’ouvre sous une verrière cousue de treillage. La nuit tombée, un mixologiste y sert des cocktails aux accents gastronomiques : savant mélange de cognac et d’absinthe au radis et à la betterave… Surprenant ! Une carte de tapas variant selon les saisons est également au menu.

Hôtel Monsieur Cadet, Paris © DRHôtel Monsieur Cadet, Paris © DR
Chambre « Monsieur » d’inspiration Art déco. © DR

Pour ceux qui auront la chance de jouer les prolongations, 29 chambres, dont 2 suites, mêlent la simplicité efficace des lignes Bauhaus aux volutes chaleureuses du mobilier Art déco. Au dernier étage, on loge sous les toits dans des chambres mansardées. On peut également se délasser dans une vaste baignoire ourlée de carrelages métro avec vue sur le ciel parisien.

Clou du spectacle : le premier spa estampillé Le Tigre Yoga Club propose des soins de haute voltige. Massage signature énergétique ou apaisant, réflexologie plantaire, soins future maman ou lissage facial japonais… De quoi se ressourcer sans quitter la ville.

Hôtel Monsieur Cadet, Paris © DRHôtel Monsieur Cadet, Paris © DR
Une terrasse, un piano-bar et des chambres cossues, l’hôtel Monsieur Cadet plaît autant aux touristes qu’aux Parisiens.  © DR

Hôtel Monsieur Cadet

4, rue Cadet

75009 Paris

Tél. : 01 76 76 69 26

À partir de 170 euros la nuit.

 4 Rue Cadet, 75009 Paris -Chambre à partir de 134 euros01 76 76 69 26

Pour Accoyer, Fillon a réussi à rassembler le parti

Nouveau numéro 2 des Républicains, Bernard Accoyer a affirmé mardi sur LCI que François Fillon, candidat de la droite à la présidentielle, avait « rassemblé tout le monde » au sein du parti, ce qui est « une première réussite ». L’ex-Premier ministre a annoncé ce mardi la réorganisation de l’organigramme de LR.

Un comité politique a également été créé, dirigé par Gérard Larcher, président du Sénat (filloniste), et comprenant sept autres membres issus des différentes sensibilités de LR (fillonistes, sarkozystes, juppéistes). Laurent Wauquiez (sarkozyste) et Isabelle Le Callennec (filloniste) ont été nommés vice-présidents.

En accord avec le programme de Fillon

Après la primaire, « il n’y a plus aucun problème à l’intérieur des Républicains, aucun état d’âme, tout le monde est en marche. Il n’y a pas de rancune », a assuré Bernard Accoyer, nouveau secrétaire général du parti. « Cette primaire a été une réussite parfaite et a été impeccable » et son « succès va marquer la vie politique », a-t-il assuré.

Interrogé sur le programme « libéral » de François Fillon, le numéro 2 de LR a affirmé : « Sans un changement important, nous n’y arriverons pas. » « Il est hors de question que les familles moyennes soient confrontées à une baisse des remboursements », a-t-il notamment affirmé alors que la gauche critique sévèrement le projet du candidat concernant la Sécurité sociale. « Au contraire », le programme de Fillon va « consolider » la solidarité nationale, car, pour cela, « il faut d’abord consolider notre économie, faire revenir les investisseurs, français tout d’abord, développer avec ces investissements de l’emploi, de la création d’entreprises. » Selon Bernard Accoyer, « si on ne bouge rien, la France va continuer à aller de plus en plus mal : chômage, insécurité, décrochage du système éducatif… ».

Pas de hausse pour le Smic en 2017, préconise un comité d’experts

Le comité d’experts, dont l’avis est généralement suivi par l’exécutif, se serait, selon Les Echos, prononcé contre une hausse du Smic au 1er janvier 2017. Pour ne pas freiner la reprise.

Trop généreux, le Smic français? Il l’est assez, en tous cas, pour le groupe d’experts économiques chargé chaque année de donner son avis au gouvernement. D’après Les Echos, qui ont eu accès à ses conclusions, il préconise pour la cinquième année consécutive de ne pas le revaloriser au-delà du minimum légal, calculé d’après l’inflation et les indices salariaux.

Dans cet avis que les partenaires sociaux recevront d’ici à la mi-décembre, les experts estiment que la conjoncture et l’emploi ne sont pas suffisamment bien orientés cette année pour préconiser une hausse du salaire minimum. Ils citent notamment le taux de chômage des jeunes, encore trop élevé. Une revalorisation trop forte représente « un risque de déstabilisation » qui dissuaderait leur embauche, selon eux.

Un Smic plus élevé que chez nos voisins

La logique est la même que dans leur avis précédent, en 2015, quand la croissance attendue était de 1%. « Ce n’est pas le moment d’ajouter à l’incertitude en cherchant à accélérer dès à présent la hausse des salaires », estimaient les experts, qui visaient un retour de l’emploi marchand à son niveau d’avant crise. « Dans ces conditions, s’en tenir à l’indexation légale du SMIC sur l’inflation et les indices salariaux semble le plus raisonnable », concluaient-ils. Avec une prévision très optimiste de 1,5% pour 2017, le contexte n’a guère changé.

Par ailleurs, le Smic français est égal à 62,8% du salaire médian, notaient-ils également en 2015. Soit légèrement au dessus de l’objectif de 60% que se donnent les pays de l’OCDE. Même si les allègements de charge sur les bas salaires le rende moins coûteux pour les employeurs.

Le gouvernement prendra sa décision le 19 décembre

Si l’avis des experts est suivi par l’exécutif, ce qui est généralement le cas, le Smic ne bénéficierait donc que de la revalorisation légale et automatique au 1er janvier, comme c’est le cas depuis les quatre dernières années. Début 2016, la hausse avait été de 0,6%, plaçant le Smic brut mensuel à 1466,52 euros.

Le gouvernement doit se prononcer le 19 décembre. Sur sa gauche, on le somme de donner un coup de pouce plus volontariste. « Ce serait bien la première fois dans l’histoire qu’un gouvernement de gauche n’aurait engagé durant tout un mandat aucune hausse des bas salaires et du salaire minimum, entretenant la fausse idée que la rémunération des salariés serait un handicap pour notre développement économique », dénonce la sénatrice socialiste Marie-Noëlle Lienemann. Un futur enjeu pour la primaire à gauche?

Des hôtels pas comme les autres

Dans un contexte touristique morose, la 13e édition des prix Villégiature récompensant les plus beaux hôtels dans le monde a apporté un brin de légèreté sous les cieux parisiens. Depuis les nouveaux salons du Bristol, les jurés – 21 journalistes et correspondants étrangers spécialisés dans le voyage et l’hôtellerie – ont ainsi couronné vingt établissements dans des domaines aussi divers et déterminants que le service, l’innovation, l’atmosphère, l’architecture d’intérieur, le petit-déjeuner, le spa, le restaurant, le bar ou encore la communication interactive. Sur les vingt trophées décernés, la moitié est allée à des hôtels français, pour la plupart installés en province. Un bel hommage aux équipes et aux directeurs d’hôtels qui, malgré la conjoncture, s’emploient à cultiver et à renouveler l’excellence à la française. La preuve par six.

www.prix-villegiature.com


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Hôtel Belles Rives

Grand prix du meilleur hôtel de charme en Europe

Où ? Juan-les-Pins, Antibes (Alpes-Maritimes).

La signature : Art déco, sans cesse réinventée depuis son ouverture en 1929.

L’esprit : 100 % années folles. Et pour cause : avant d’être un hôtel, la villa Saint-Louis fut le lieu de villégiature favori de F. Scott Fitzgerald.

www.bellesrives.com


© DR

Hôtel Royal

Grand prix du meilleur resort en Europe

Où ? Sur les hauteurs d’Évian et donc en surplomb du lac Léman (Haute-Savoie).

La signature : François Champsaur, bien connu pour son travail à l’hôtel Vernet, l’hôtel du Ministère et l’hôtel Maison FL, à Paris.

L’esprit : très villégiature. La rénovation de l’établissement, achevée l’an dernier, confère à l’ensemble un souffle nouveau entre design et références Belle Époque, période à laquelle l’hôtel vit le jour.

www.evianresort.com


© David ANDRE David ANDRE

Hameau des Baux

Meilleur espoir et créativité d’hôtel en Europe

Où ? Paradou, au pied des Baux-de-Provence (Bouches-du-Rhône).

La signature : E&E Esprit XXe, spécialiste dans le mobilier de collection années 1950 à 1990, qui a fait du Hameau son showroom. Ici, toutes les pièces exposées « sont à vivre et à vendre ».

L’esprit : hétéroclite et totalement décomplexé. L’établissement s’amuse à bousculer les codes hôteliers tout en combinant services, expériences insolites, résidence d’artistes, corner littéraire et arts de la scène.

www.hameaudesbaux.com


© DR

Château Saint-Martin

Meilleure terrasse extérieure d’hôtel en Europe

Où ? Sur les hauteurs de Vence (Alpes-Maritimes).

La signature : Maja Oetker, épouse de Rudolf August Oetker, fondateur de la collection d’hôtels éponyme dans laquelle on compte notamment Le Bristol à Paris et l’Eden Roc à Antibes.

L’esprit : châtelain, version 2.0. Savamment restaurée, cette ancienne commanderie des Templiers (XIIe) plantée au coeur des oliviers et des cyprès est un véritable balcon sur la Riviera.

www.chateau-st-martin.com


Domaine Fontenille by Serge Chapuis © Serge chapuis Serge chapuis / Serge Chapuis

Domaine de Fontenille

Meilleure atmosphère d’hôtel en Europe

Où ? Lauris, à 5 kilomètres de Lourmarin (Vaucluse).

La signature : Frédéric Biousse et Guillaume Foucher, les propriétaires, qui ont imaginé toute l’architecture intérieure.

L’esprit : champêtre-chic, ou comment une ancienne bastide construite entre le XVIe et le XVIIIe siècle se réinvente dans l’art, le design et le raffinement.

www.domainedefontenille.com


© ChristopheDUGIED ChristopheDUGIED

Intercontinental Marseille

Meilleure terrasse de centre-ville d’hôtel en Europe

Où ?Marseille, en surplomb du port (Bouches-du-Rhône).

La signature : Jean-Philippe Nuel, à qui l’on doit déjà de nombreux établissements en France tels l’hôtel Molitor à Paris et Les Cures Marines de Trouville.

L’esprit : historique forcément – l’établissement occupe l’ancien Hôtel-Dieu, figure de l’architecture hospitalière du XVIIIe siècle – avec un twist contemporain, justement dosé.

www.ihg.com

Valls exclut une « confrontation politique » avec Hollande

Manuel Valls se veut rassurant. Lundi 28 novembre, il a assuré de Tunis (Tunisie) qu’il ne pouvait y avoir « aucune confrontation au sein d’une primaire entre le président de la République et le Premier ministre », au lendemain d’un weekend tendu dans le couple exécutif. « Il est hors de question qu’il y ait la moindre crise constitutionnelle », a expliqué le chef du gouvernement en réponse à une question sur son renoncement à concourir à la primaire de la gauche, lors d’un point presse commun avec son homologue tunisien Youssef Chahed. « Il ne peut y avoir aucune confrontation politique au sein d’une primaire entre le Président de la République et le Premier ministre », a-t-il poursuivi, tout en disant comprendre « tout à fait ces débats ».

« Un climat serein »

En visite en Tunisie notamment pour ouvrir la conférence des investisseurs inaugurée mardi, Manuel Valls a déjeuné avec le président François Hollande juste avant de prendre l’avion. La tension entre les deux hommes étaient à son comble après un week end d’offensive de la part du Premier ministre qui n’excluait plus de se présenter contre le chef de l’Etat. « J’ai rencontré le Président de la République dans un climat qui est toujours le même, il ne peut pas en être autrement, c’est un climat serein, de confiance, où nous abordons d’abord les questions de l’Etat », a détaillé Manuel Valls, citant l’attentat déjoué cette semaine ou encore la lutte contre le chômage.

« Nous avons aussi abordé la situation politique: ne faites aucune déduction de ce qu’il en sort sinon quelque chose qui est extrêmement simple: j’ai le sens de l’intérêt général, le sens de l’Etat me semble-t-il, le respect des institutions », a-t-il argumenté.

Alors qu’il est accompagné en Tunisie par le président de l’Assemblée nationaleClaude Bartolone, qui avait suggéré samedi que les deux têtes de l’exécutif participent à la primaire, Manuel Valls a ajouté que « personne ne peut avoir le moindre doute sur le fait que le président de la Répulique et moi partageons le même objectif: d’abord la France et bien sûr celui de la gauche réformiste ».