Face à la crise agricole, les réponses évasives du monde politique

Soyez-en certain : les agriculteurs, les politiques les ont compris. A la question «Comprenez-vous cette colère ?», c’est l’unanimité. Florilège : «Oui, je comprends cette colère, je comprends ce qu’il se passe» (Jean-Vincent Placé, nouveau secrétaire d’Etat, lundi, sur France 2) ; «La colère agricole, on ne peut que la comprendre» (Florian Philippot, interrogé par Public Sénat) ; «Mais comment ne pas la comprendre ?» (David Cormand, secrétaire national intérimaire d’Europe Ecologie-les Verts) ; le député LR Christian Jacob évoque une crise «qui dure et d’une violence inouïe pour les producteurs».

Multipliant les pistes de recherche, les représentants politiques présents ce matin dans les médias ont pourtant peiné à avancer des propositions consistantes et détaillées pour tirer le secteur agricole d’une crise profonde.

Alors que les agriculteurs, «débordés par la paperasse», dénoncent notamment des «contraintes administratives insupportables», le néo-secrétaire d’Etat en charge de la Réforme de l’Etat et de la Simplification, Jean-Vincent Placé, fait partie des mieux placés pour aider les agriculteurs.

Pour l’ancien président du groupe écologiste au Sénat, «le cœur du débat» se situe dans «la crise de production, de surproduction, et donc la baisse de prix des cours mondiaux».

S’il n’explique pas comment la France pourrait faire entendre sa voix sur le sujet, Jean-Vincent Placé semble convaincu que les progrès viendront des réformes déjà initiées par le gouvernement : «Il y a des solutions nationales ; elles ont été mises en place par le Premier ministre et par Stéphane Le Foll [ministre de l’Agriculture]. C’est la question des aides d’urgence – 700 millions [d’euros, à l’été 2015, ndlr], c’est la question de la baisse des cotisations sociales et c’est aussi l’accélération du paiement des aides. […] La réalité, c’est la parole politique, ce sont les actes et dans quels délais on peut essayer d’aider ceux qui sont en difficulté.» Une interprétation visiblement à rebours de celle des agriculteurs qui, après François Hollande samedi, ont réservé un accueil glacial à Manuel Valls lundi.

«Traité transatlantique»

Prompt à fustiger «les responsables politiques de droite et de gauche [qui] arpentent ce salon pour ne rien annoncer de nouveau», Florian Philippot n’a pour autant, lui non plus, pas apporté davantage de réponses précises à la crise actuelle.

Au cours de neuf minutes d’interview consacrées à la seule question agricole, le vice-président du Front national a largement pointé du doigt – outre l’action des gouvernements successifs – le rôle de «Bruxelles», «la suppression des quotas laitiers» et le «traité transatlantique». Mais, en panne de solutions, il n’oppose qu’un hypothétique «coup de pouce à la production française» via la «mise en place d’un patriotisme agricole» dont il ne précise pas les modalités.

(à partir de 0’40 » sur la vidéo)


Pour sa part, David Cormand reconnaît que son parti, Europe Ecologie-les Verts, peine à se faire entendre du monde paysan : «Il y a parfois une incompréhension entre le projet écologiste et celles et ceux qu’il pourrait aider. Pourquoi ? Parce qu’il y a des inerties dans la société […] et, pour des gens qui sont déjà prisonniers d’un système et qui le vivent mal, leur dire en plus de changer, c’est très dur à entendre.»

Au micro de France Info, David Cormand a appelé à «un deal gagnant-gagnant avec les agriculteurs», qui permettrait la transition «d’une agriculture industrielle à une agriculture paysanne», sans davantage de précisions. Et de répéter : «Le salut n’est que dans le changement.»

(à partir de 2’15 » sur la vidéo)

Plusieurs fronts

Pour penser le renouveau de l’agriculture française, y aurait-il finalement mieux placé que Christian Jacob ? Le président du groupe Les Républicains à l’Assemblée nationale, lui-même ancien exploitant agricole, était l’invité de France Inter ce matin.

S’il a parfaitement résumé la situation à travers son cas personnel (le lait se vendait plus cher dans les années 80 qu’actuellement, alors que les charges se sont depuis multipliées pour les producteurs), noté le manque de réactivité du gouvernement face à la crise, le député de Seine-et-Marne est pourtant resté aussi flou que ses homologues.

Peut-être parce qu’il n’y a, dans l’immédiat, pas de solution claire et simple à apporter aux agriculteurs ? «Il n’y a pas la réponse clé qui va permettre de tout résoudre, et donc il y a plusieurs fronts. Il faut effectivement agir sur le plan national, sur le plan européen, sur la préparation des accords internationaux… Et tout ça justifie effectivement une explosion des agriculteurs et un sentiment de détresse affreux.»

Sylvain Moreau

Zone euro: brutal déclin de 0,2% des prix à la consommation

Bruxelles – Le spectre de la déflation est revenu dans la zone euro, dont les prix à la consommation ont brutalement décliné de 0,2% en février, augmentant la pression sur la Banque centrale européenne (BCE) pour qu’elle soutienne davantage l’économie.

Cette baisse des prix, annoncée lundi par Eurostat, l’Office des statistiques de l’UE, dans une première estimation, fait suite à une hausse de 0,3% en janvier.

C’est la première fois depuis septembre 2015 que les prix à la consommation reculent: ils avaient alors baissé de 0,1%. Le chiffre de lundi est en deçà du consensus des analystes donné par le fournisseur de services financiers Factset, qui tablaient sur une inflation nulle.

« Ce retour en territoire négatif accroît la pression sur la BCE pour qu’elle annonce des mesures supplémentaires décisives de soutien à l’économie après sa réunion » le 10 mars, a estimé Jennifer McKeown, analyste de Capital Economics.

« Il est inutile de dire que c’est une mauvaise nouvelle pour la BCE. Ce taux d’inflation est très loin de son objectif d’un peu moins de 2% dans l’union monétaire« , a renchéri Johannes Gareis, économiste de Natixis.

L’institut de Francfort s’échine depuis des mois à relancer l’économie et l’inflation, sans grand succès jusqu’ici. Il fournit entre autres des prêts géants quasi-gratuits aux banques et inonde le circuit financier de liquidités.

Le risque d’une faible inflation est de voir les entreprises intégrer les prix bas dans leurs prévisions et cesser d’augmenter les salaires. Ce qui pèse sur la demande et par ricochet sur les profits et l’investissement des entreprises. Si la situation dure, cela peut déclencher une spirale déflationniste, où l’on anticipe une baisse des prix et reporte ses achats.

– Allemagne, France et Italie en territoire négatif –

Le 15 février, le président de la BCE, Mario Draghi, avait déclaré que son institution « n’hésitera pas » à agir lors de la prochaine réunion de son conseil des gouverneurs, le 10 mars, en cas d’augmentation des risques pour la stabilité des prix. Il n’avait pas précisé sous quelle forme la BCE agirait.

Début décembre, la BCE avait déjà décidé de prolonger de six mois son programme de rachat de dettes lancé en mars 2015, le « QE« , et d’abaisser l’un de ses taux directeurs.

Dans un entretien ce week-end dans la presse allemande, François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, avait estimé qu’un rachat d’actifs plus massif que les 60 milliards d’euros par mois du programme actuel, « était une possibilité, parmi d’autres » pour la BCE.

« Nous sommes prêts à agir, mais nous devrons d’abord regarder les données économiques« , avait ajouté le gouverneur de la Banque de France, qui participera à la réunion du conseil des gouverneurs de la BCE le 10 mars.

En février, l’Allemagne, la France et l’Italie ont rejoint le club des pays en passe de « déflation« , a pointé Horward Archer, analyste de IHS economics. Dans la première économie de la zone euro, l’indice des prix à la consommation harmonisé (IPHC) a viré en territoire négatif, avec un recul de 0,2% sur un an, dans la seconde et la troisième, les prix à la consommation ont reculé de respectivement 0,2% et 0,3% sur un an.

En l’Espagne, ils ont poursuivi leur baisse de 0,9% sur un an.

Sans surprise, ce sont les prix de l’énergie qui ont tiré vers le bas en février cet indicateur très attendu pour les 19 pays de la zone euro: ils se sont affichés en recul de 8% sur un an, après -5,4% en janvier.

L’inflation sous-jacente (hors énergie, produits alimentaires, boissons alcoolisées et tabac), plus révélatrice de la tendance, est tombée à +0,7% contre 1% en janvier. Depuis juillet, elle évoluait dans une fourchette comprise entre 0,9 et 1,1%.

My Secret NY : le maître du sushi

Le sushi bar Kura est niché à côté de Tompkins Square Park dans East Village. © Anne Caillet My Secret NY

Ne cherchez plus. On a procédé méthodiquement et après avoir listé toutes les cantines nippones de Manhattan et testé une bonne partie d’entre elles, on a (enfin !) trouvé le meilleur bar à sushi de NY. Il s’appelle Kura et est niché à côté de Tompkins Square Park dans East Village.

Au Japon, quand on dit « Omakase » (お任せ) au chef, cela signifie « je m’en remets à vous ». Il a alors carte blanche pour préparer le menu de son choix et surprendre ses hôtes. Alors si vous vous sentez d’humeur aventureuse, précipitez-vous dans ce petit restaurant caché derrière des pans de tissus japonais sur St Marks Place. Il y règne beaucoup de sérénité : décor épuré et minimaliste avec seulement 12 places au bar et une table unique qui peut accueillir 4 personnes.

Précision chirurgicale

Avec le chef Ishizuka, le moins que l’on puisse dire, c’est que l’on est entre de bonnes mains. À 70 ans, Norihiro Ishizuka vous accueille avec bonhomie en habit traditionnel. Il vous invite d’un large sourire à prendre place devant lui. Tous les soirs, au comptoir de ce bar à sushi intimiste, il anime le spectacle. Sous votre regard médusé, il émince avec une précision chirurgicale un filet de turbo mariné, caresse de son couteau-rasoir la chair nacrée d’un bar de ligne, découpe avec finesse une anguille de mer, tranche une noix de Saint-Jacques caramélisée. Norihiro Ishizuka est un artiste et ses sushis des pièces d’orfèvrerie. Les puristes vont se régaler.

Vous avez le choix entre trois formules Omakase : 12, 15 ou 18 pièces. Sushi au sévereau, un duo de nigiri à la sériole et au flet… Dîner chez Kura, c’est aussi plonger dans l’encyclopédie de la faune marine. Chaque bouchée préparée par les soins du chef est une ode au raffinement et à la gastronomie japonaise. Et quand on sort de chez Kura, on se dit qu’avant, on ne savait pas ce que c’était, les sushis.

KuraMenu Omakase 12 pièces à 85 dollars130 St. Mark’s Place, East Village+1-212-228-1010Plus d’adresses sur le site de My Secret NY.

Désintox du «vrai-faux» du gouvernement, la suite

La bataille de la com fait rage autour du projet de loi du gouvernement réformant le code du travail. Le 26 février, ce dernier a complété son «vrai-faux» sur son projet de texte. Libération, qui l’avait déjà largement «désintoxiqué», analyse cette mise à jour de l’exécutif.

Indemnités pour licenciement économique

Ce que dit le gouvernement

L’analyse de Libération

Le gouvernement joue sur les mots. Oui, la nullité du licenciement n’est pas concernée par le plafonnement des indemnités prud’homales prévu dans la future loi. Mais pour une raison simple : le juge ne peut pas annuler un licenciement pour absence de motif économique. Il ne peut annuler un licenciement économique que si le plan social – si plan social il y a – a été annulé en amont, essentiellement pour des questions de procédure ou insuffisance des mesures de reclassement.

Si le juge considère que le licenciement est dépourvu de motif économique, il ne peut que le déclarer injustifié, ce qui constitue une sanction un cran en dessous de l’annulation. Et dans ce cas-là alors, les indemnités qu’il pourra accorder au salarié seront bien plafonnées, comme le prévoit le projet.

Par ailleurs, en cas d’annulation du licenciement économique pour raison d’invalidation du plan social, l’indemnité minimale ne correspondra plus aux douze derniers mois de salaire, mais aux six.

Modulation du temps de travail

Ce que dit le gouvernement

L’analyse de Libération

Certes, il faudra un accord majoritaire pour que l’employeur puisse moduler le temps de travail, sur plusieurs années et dans la limite de trois ans, afin de neutraliser le paiement des heures supplémentaires. Jusqu’à maintenant, il ne pouvait le faire que sur l’année. Mais rien n’indique, dans le projet de loi, que cela ne concernera que des « cas très spécifiques ». Par ailleurs, les employeurs pourront continuer à moduler le temps de travail sur quatre semaines sans accord, une possibilité étendue à 16 semaines dans le projet de loi pour les PME de moins de 50 salariés.

Enfin, quand le gouvernement dit que les heures supplémentaires continueront d’être rémunérées, c’est vrai. Mais seulement si, en moyenne, le temps de travail a dépassé la durée légale sur la période de référence. Pour la durée de trois ans par exemple, c’est seulement au bout de cette période que l’on regardera les compteurs du salarié pour voir si oui ou non il a fait des heures sup.

 

Consultation des syndicats

Ce que dit le gouvernement

L’analyse de Libération

Les partenaires sociaux (organisations patronales et syndicales) ont été effectivement consultés par le gouvernement dans le cadre de la préparation de cet avant-projet de loi. Mais parler « d’étroite concertation » semble abusif. En effet, plusieurs confédérations syndicales reprochent précisément à l’exécutif de ne pas avoir été suffisamment associées. Certains l’accusent même d’avoir rajouté l’article 30 bis sur le licenciement économique au dernier moment, dans la version finale du texte non présentée aux syndicats. Par ailleurs, si «étroite concertation» il y avait eu, il n’y aurait peut-être pas unanimité des confédérations syndicales contre le texte.

 

Rôle des syndicats

Ce que dit le gouvernement

L’analyse de Libération

Non, «toutes les souplesses introduites pour les entreprises» ne seront pas conditionnées à un accord avec les syndicats. C’est justement ce que la CFDT reproche à ce texte, c’est-à-dire d’élargir le pouvoir unilatéral de l’employeur en l’absence d’accord. Il en est ainsi, par exemple, de la modulation jusqu’à 16 semaines dans les PME ou encore, toujours dans les PME, de la possibilité pour l’employeur de mettre en place des forfaits jours. Plus largement, le rôle des syndicats est plutôt écorné.

Certes, le champ de la négociation est considérablement élargi, mais le processus de validation d’un accord est modifié. Le gouvernement a raison de dire qu’il faudra la signature d’un ou des syndicats représentant 50% des voix aux élections professionnelles pour valider un accord, contre 30% aujourd’hui. Mais il oublie de mentionner qu’aujourd’hui, si les organisations majoritaires s’opposent aux signataires minoritaires représentant 30%, l’accord ne peut être validé. Or le nouveau texte supprime ce droit d’opposition. A la place, il prévoit le déclenchement d’un référendum des salariés par les minoritaires pour valider le texte. Et le résultat de cette consultation s’imposera aux syndicats majoritaires, même s’ils pèsent 70% des voix dans l’entreprise.

Luc Peillon

Aller voir ailleurs avec un ticket retour: peu de salariés font le saut

Paris – Aller travailler dans une autre entreprise avec l’assurance de pouvoir revenir… la mobilité volontaire sécurisée, distincte du congé sabbatique, est encore très peu utilisée. « Inutile » ou voie d' »avenir » ‘ Du côté des salariés comme des entreprises, les avis sont partagés et les réticences fortes.

« Que ma DRH ait accepté ou non ma demande, j’aurais démissionné mais cela m’a sécurisé dans le passage à l’acte« , témoigne Sébastien (prénom modifié), conscient du fort « risque d’exposition au chômage » dans son métier, le recrutement.

Pour franchir le pas, ce cadre de 38 ans parti en septembre 2015 pour une agence de conseil à la culture « web » et « entrepreneuriale » a négocié avec son entreprise d’origine une protection de 6 mois couvrant « a minima (sa) période d’essai« .

Un « sacré défi » personnel après sept années passées dans une structure très institutionnelle, qui « ne lui offrait pas de perspectives d’évolutions internes » en raison d’un « faible turnover« .

Depuis la loi de sécurisation de l’emploi de juin 2013, tout salarié d’une entreprise de plus de 300 personnes ayant au moins deux ans d’ancienneté peut partir « exercer une activité dans une autre entreprise« , à condition d’avoir l’accord de son employeur. Pour inciter les entreprises à accepter, le salarié a droit à un congé individuel de formation si l’employeur refuse deux fois.

Alors que le congé sabbatique ne peut excéder 11 mois, la période de mobilité est librement définie par l’employeur et le salarié. Pendant ce temps, le contrat est suspendu. A l’issue, le salarié a le choix: démission ou retour.

La « mobilité volontaire sécurisée » est « dans l’intérêt de l’entreprise » qui laisse partir ses salariés vers d’autres horizons, car elle permet de « libérer des postes pour des ascensions en interne » à ceux qui restent, estime Martine Le Boulaire, du cercle Entreprise&Personnel. « C’est l’avenir« , dit-elle.

C’est une « bonne idée » qui offre aux salariés la sécurité d’un « élastique » pour « avoir moins peur de lâcher la proie pour l’ombre« , estime Sophie Pélicier, avocate chez Fromont Briens.

En cas de retour, le salarié a en effet la garantie de retrouver son poste ou un emploi similaire. S’il décide de rester dans l’entreprise d’accueil mais perd ultérieurement son emploi, il est couvert par l’assurance chômage.

Et pour l’employeur, ce peut être le moyen de supprimer des postes devenus vacants sans licencier. Cela « participe d’une bonne gestion anticipée de l’emploi et des compétences« , souligne l’avocate d’entreprise.

– ‘Il faudrait être un peu maso’ –

Pourtant, les « réticences » sont fortes « de chaque côté« , observe-t-elle.

Parmi les professionnels, beaucoup restent à convaincre. « Dans un fonctionnement normal, je ne vois pas pourquoi une entreprise ferait cela. Il faudrait être un peu maso, c’est contre-nature« , estime Jean-Paul Charlez, président de l’Association nationale des DRH (Andrh), pour qui cette disposition « relève de l’anecdote« .

Pour l’entreprise, c’est « un outil contraignant » car « qui va à la chasse perd sa place et gérer un retour n’est pas évident« , reconnaît Sophie Pélicier.

L’ancien patron de Sébastien, très ouvert au dispositif, raconte avoir été quelque peu échaudé par le précédent départ – puis le retour – d’un responsable régional: « lui retrouver le même poste dans la même région était infaisable car j’ai un seul manager par région« , explique-t-il. Désormais, « quand je le peux, je remplace par un CDD » la personne partie pour une autre entreprise, le temps de la période de mobilité, dit-il.

Les entreprises redoutent aussi parfois de perdre leurs meilleurs éléments ou que des salariés aillent chez leurs concurrents.

Fondamentalement, « ce n’est pas dans la culture française« , observe Ivan Béraud, secrétaire général de la fédération Communication, Conseil, Culture de la CFDT. « En dehors des groupes, c’est très compliqué que l’employeur accepte, le patron considère en général que son employé doit démissionner et qu’il n’a pas à lui apporter de sécurisation« .

Gérer ces départs semble plus facile dans les grandes entreprises, aux services RH développés. Chez PSA, où la période de mobilité a été fixée à 24 mois, la direction visait 400 départs en 2015, et en annonce davantage en 2016.

Précurseur, Renault a négocié il y a quatre ans un dispositif autorisant une suspension du contrat de maximum 18 mois. En 2014, environ 200 salariés ont saisi ce ticket (trois fois plus que de congés sabbatiques accordés).

– Le retour vécu comme un échec –

En moyenne, depuis 2011, seuls 8% des salariés de Renault sont revenus. L’immense majorité a démissionné, empochant au passage une indemnité représentant entre 6 et 12 mois de salaire. « On a rajouté une sécurisation financière pour rassurer le salarié qui peut hésiter en raison d’un différentiel de salaire » avec son nouvel employeur, explique à l’AFP Didier Réthoré, chef du service emploi à la DRH France.

Pour limiter les risques et « ne pas mettre en péril des projets« , Renault a exclu les salariés sur des « métiers stratégiques » (10 à 15% des effectifs), précise-t-il. Et la crainte que les meilleurs partent était « une idée préconçue« , qui s’est avérée non fondée.

Dans l’entreprise de services informatiques Capgemini, un dispositif maison a été négocié dès septembre 2013. La cible: les plus de 45 ans souhaitant bouger vers une PME. Pourtant, malgré la garantie d’un retour possible au bout d’un an et une aide à la formation conséquente (jusqu’à 25.000 euros), François David, délégué CFDT, ne connaît qu’un seul salarié ayant saisi la « passerelle senior« .

Les salariés craignent sans doute « d’être identifiés comme une personne qui n’est plus motivée » et pour cette raison redoutent un retour, « faute de mieux« , avance-t-il.

Revenir serait « psychologiquement » difficile, « je le vivrais comme un échec de mon projet« , avoue Sébastien, le recruteur de talents digitaux.

Chez STMicroelectronics, en Isère, un dispositif est proposé aux seniors, en s’appuyant sur un partenariat régional d’entreprises. Mais là encore, le succès n’est pas au rendez-vous. Les salariés « mettent dans la balance leur confort, leur salaire et les avantages d’un grand groupe. Ils ont peur d’aller travailler dans une PME qu’ils imaginent fragile« , regrette Maurice Glatigny (CFE-CGC) pour qui « la loi de 2013 n’a rien changé« .

Si les salariés ne se bousculent pas au portillon, c’est aussi parce que les indemnités pour un licenciement économique sont en général plus intéressantes.

« Les gens ont pris l’habitude d’un chèque pour partir, donc ceux qui ont des projets attendent, en espérant qu’il y aura un plan (social), admet M. Glatigny, cela tue un peu la dynamique« .

Mais « quand une entreprise va bien« , insiste son collègue de la CFDT André Granier, « c’est un outil intéressant pour aider les salariés qui veulent changer d’orientation à rebondir« .

Pourquoi Patek Philippe rend-elle fous les collectionneurs ?

Les collectionneurs de Patek Philippe ne sont pas des collectionneurs comme les autres. Capables de dépenser des centaines de milliers d’euros, voire des millions, pour une pièce rare, ils livrent des batailles acharnées, parfois sur plusieurs années, pour acquérir les raretés de la manufacture suisse. Un Graal qui confère un respect unique dans le sérail horloger. Pas besoin d’acheter un modèle tape-à-l’oeil ou plusieurs garde-temps, la discrète élégance des montres Patek Philippe témoigne du trésor que le collectionneur porte au poignet. Quiconque en possède une a conscience d’être habillé de ce qui se fait probablement de mieux en matière de travail manufacturé, héritage historique et design.

Voici quatre raisons pour lesquelles les collectionneurs de Patek Philippe apprécient tant leurs montres, au point de parfois perdre la raison.

  • La rareté

On raconte que moins d’un million de Patek Philippe ont été fabriquées depuis 1839, date de création de la maison. C’est moins que ce que peuvent produire en une année certaines des plus prestigieuses manufactures suisses aujourd’hui. La production des montres Patek Philippe est si méticuleuse et si contrôlée que les modèles les plus basiques nécessitent près de neuf mois de réalisation. Une attente aussi excitante qu’insoutenable pour l’acheteur, qui patiente parfois deux ans avant de voir sortir des ateliers certaines montres à complications. D’ailleurs, la demande, grandissante, de garde-temps Patek Philippe est tellement plus importante que le nombre de pièces produites par la manufacture que la marque a mis en place un système de liste d’attente et de candidature pour déterminer et prouver que l’acheteur est suffisamment connaisseur d’horlogerie pour « mériter » d’acquérir l’une de ses montres.

© DR

Le caractère exclusif de Patek Philippe réside également dans l’adage « l’exception qui confirme la règle ». Ses pièces étant déjà rares en raison de leur production, imaginez lorsqu’une « exception » vient se glisser dans la chaîne…, comme lorsqu’on découvre que la marque a fabriqué une poignée de modèles en acier dans une référence connue pour n’exister qu’en or. Un phénomène qui fait grimper de manière exponentielle la cote d’une montre.

  • Le design

Souvent associé aux termes « classique » et « raffiné », Patek Philippe sait pourtant jongler entre détails et designs inattendus pour surprendre et créer la passion des collectionneurs. Parmi les modèles notables qui sont ainsi sortis des sentiers battus, on peut relever la très asymétrique référence 3422 conçue dans les années 60 par Gilbert Albert ; la cultissime Nautilus dans les années 70 ; l’Aquanaut dans les années 90 ou encore la Calatrava Pilot Travel Time inspirée des montres d’aviateur du début du XXe siècle. En matière de pièces plus traditionnelles, la manufacture tire son épingle du jeu dans le soin qu’elle apporte aux finitions. En écho aux cadrans habillés d’index bâton facettés, aiguilles polies et autres subtils détails qui révèlent qu’une Patek Philippe est bien une Patek Philippe, chacun des composants du mouvement est fini et décoré à la main avec une obsession déconcertante. Le plus souvent, on ne se rend pas compte visuellement de ces petits éléments, mais, associés ensemble, ils confèrent à la montre ce petit quelque chose qui fait que son allure est harmonieuse et juste au poignet.

© DR

  • Un investissement sûr

C’est un fait (presque) incontestable. La revente d’une Patek Philippe rapporte de l’argent. Aucune autre marque – si ce n’est Rolex dans certains cas – ne peut se vanter de voir la cote de ses garde-temps grimper de manière significative année après année, sur le marché aussi bien du vintage que du neuf. Sauf rares exceptions, dès l’instant où une montre sort du magasin, elle perd d’office 20 % de sa valeur en raison de la TVA, avant de perdre encore près de 30 % correspondant à la marge du revendeur. Ce produit de spéculation ou de capitalisation que l’on cache soigneusement au coffre aura donc perdu près de la moitié de sa valeur au cours de son trajet entre la boutique et votre domicile… Patek Philippe incarne parfaitement ces rares exceptions à la règle. Ainsi, pour célébrer son 175e anniversaire, la manufacture a lancé une collection spéciale dont les pièces se sont retrouvées sur le second marché à des prix extraordinaires, seulement quelques mois après leur mise en vente. Ultra-limités, prestigieux, techniques, ces garde-temps étaient prisés par de nombreux collectionneurs qui n’ont pas hésité à les racheter à des prix nettement supérieurs aux sommes déboursées par les premiers acheteurs. C’est le cas de la référence 5131 Émail cloisonné, à peine sortie de boutique et qui a immédiatement vu sa valeur doubler aux enchères.

© DR

Dans une perspective plus historique, d’une certaine manière, on pouvait acquérir une Calatrava pour l’équivalent, en euros constants, de 300 euros dans les années 50, alors qu’aujourd’hui il faut compter environ 20 000 euros pour en acquérir une. De même que les quantièmes perpétuels chronographes – telles les séries 2499/100 – valaient près de 20 000 euros dans les années 80 et s’arrachent aujourd’hui aux alentours de 400 000 euros. Sans oublier bien évidemment les modèles originaux de la Nautilus, qui se vendaient 3 000 euros dans les années 70 et qui désormais s’échangent pour 50 000 euros.

© DR

  • Un patrimoine inestimable

Pour n’importe quel collectionneur ou acheteur, la traçabilité d’un objet est primordiale. Malheureusement, dans le milieu de l’horlogerie, les archives sont des assurances précieuses qui se trouvent très difficilement. Entre les différentes crises, fermetures, rachats, guerres et autres mouvements, de nombreuses manufactures ont perdu une grande partie de leur patrimoine historique et plus particulièrement leurs archives. Chez Patek Philippe, chaque montre, sans aucune exception, possède un extrait attestant sa fabrication. De 1839 à nos jours, la manufacture genevoise est en mesure de retracer la production, la vente et la « véracité » de toutes les pièces qu’elle a fabriquées. Un extrait des archives est à la fois un morceau d’histoire et de confiance. En effet, en plus de conférer un caractère historique et spécial à la montre, il rassure l’acheteur et augmente parfois de son tiers la valeur d’une pièce.

© DR

Acheter une Patek Philippe, c’est également transmettre l’héritage d’une vie. Si la marque joue énormément sur le côté transmission familiale dans ses publicités, la plupart de ses collectionneurs ont en effet vécu d’importants événements avec l’une de ses montres au poignet. On ne compte plus les membres de famille royale, les politiciens, les acteurs, les hommes d’affaires, les soldats, ayant célébré la fin d’une guerre, un mariage, une naissance, ou révolutionné un domaine, avec comme seul point commun la marque de leur montre. Il suffit d’assister à n’importe quelle vente aux enchères pour constater la passion des collectionneurs devant une Patek Philippe au destin lié à l’histoire exceptionnelle d’une personne. Présenté lors de la vente Sotheby’s du 14 juin 2012 à New York, un garde-temps Patek Philippe était venu mitrailler les prévisions des experts. Le choix du verbe n’est pas anodin ! Cette montre possédait un boîtier dans un platine très lourd qui servait dans la fabrication des munitions durant la Seconde Guerre mondiale. Ce métal considéré comme stratégique était devenu si rare qu’il fut interdit pour la production de bijoux et de montres. Estimée dans une fourchette entre 25 000 euros et 40 000 euros, elle a finalement trouvé un acquéreur pour la somme de 286 950 euros.

© DR

Hollande candidat à la primaire? Aubry finalement pour, Le Foll toujours contre

Elle avait surpris et même déçu nombre de ses proches. Mercredi soir, en marge d’un déplacement et quelques heures après avoir publié dans le Monde une tribune-réquisitoire contre la politique menée depuis deux ans par l’exécutif et en premier lieu contre la réforme du code du travail, Martine Aubry avait jugé que François Hollande, en tant que Président sortant, n’avait pas «besoin» de se soumettre à une primaire pour candidater à sa succession. Dans la bouche de la finaliste de la primaire citoyenne de 2011 et alors que plusieurs initiateurs de l’appel publié par Libération en faveur d’une primaire des gauches et de l’écologie – notamment Daniel Cohn-Bendit et Michel Wieviorka – ont cosigné son texte dans le Monde, la sortie n’est pas passée inaperçue.

Mais vingt-quatre heures plus tard, alors qu’elle passait une tête dans l’étape lilloise de Notre Primaire, la maire de la ville, qui n’a pas l’air de s’imaginer recandidater à un tel scrutin, a reconnu avoir eu la veille une «réaction un peu institutionnelle»«Si maintenant, ça a l’air d’être le chemin, que François Hollande est candidat et qu’il est prêt à venir dans cette primaire, c’est formidable, a-t-elle ajouté. Aujourd’hui, je vois que ça bouge.» Référence au fait que Jean-Christophe Cambadélis, le premier secrétaire du PS, s’est lui-même dit plutôt favorable à une primaire de toute la gauche. «Eh, bien, allons-y, dans ces conditions ! Et, comme le président de la République a l’air de dire que s’il était candidat il n’y serait pas opposé, alors voilà, il faut pousser pour que chacun, y compris ceux qui ne veulent pas venir, accepte de venir dans ce grand mouvement démocratique». Ça, c’est pour Jean-Luc Mélenchon, présent lui aussi à Lille jeudi soir et farouche opposant d’une quelconque prédésignation avant le premier tour de la présidentielle.

«Est-ce que ce serait chouette ?»

Dans le premier cercle hollandais, le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, s’est, lui, de nouveau montré hostile à voir son champion, fort occupé à l’Elysée mais aussi fort peu populaire à gauche, se prêter à l’exercice d’une primaire. Ce vendredi sur France Info, il a déclaré : «Dans un contexte où on a affaire à une crise agricole […], mais aussi une crise de lutte contre le terrorisme, une situation sur l’Europe qui […] est un sujet majeur, nous on serait là en train de débattre pour savoir si à la fin de l’année tout le monde participe à une primaire, est-ce que ça serait chouette, est-ce que ça serait pas chouette ?» Et d’ajouter, avec une certaine morgue : «Cette histoire, je vais la laisser à ceux qui veulent s’en occuper. Et je rappellerai à tous ceux qui au gouvernement ont une responsabilité, c’est que nous, c’est la France et les Français, et le reste ne compte pas.» A ce compte là…

Jonathan Bouchet-Petersen

Wall Street finit en hausse, face au pétrole et de bons chiffres

New York – Wall Street a nettement monté jeudi, non seulement en suivant les cours pétroliers comme depuis le début de la semaine, mais aussi aidée par de bons chiffres sur l’économie américaine: le Dow Jones a pris 1,29% et le Nasdaq 0,87%.

Selon des résultats définitifs, l’indice vedette Dow Jones Industrial Average a gagné 212,30 points à 16.697,29 points et le Nasdaq, à dominante technologique, 39,60 points à 4.582,20 points.

L’indice élargi S&P 500, jugé le plus représentatif par de nombreux investisseurs, a avancé de 21,90 points, soit 1,13%, à 1.951,70 points.

Comme la veille, Wall Street a connu une séance hésitante, baissant immédiatement après l’ouverture pour peu à peu se redresser et finir en hausse, et elle a profité du fait que « les cours du pétrole se sont un peu renforcés« , comme l’a noté Sam Stovall, de Standard and Poor’s Global Intelligence.

Eux aussi incertains, les cours du pétrole, que Wall Street et les autres Bourses suivent de façon particulièrement étroite depuis le début de la semaine, ont fini par monter jeudi dans un marché toujours partagé entre pessimistes et optimistes devant la possibilité d’un prochain rééquilibrage de l’offre et de la demande.

Finalement favorable, l’influence du marché pétrolier s’est ajoutée aux « effets positifs d’indicateurs qui témoignent d’une lueur d’espoir pour l’économie » aux Etats-Unis, selon les termes d’Art Hogan, de Wunderlich Securities.

Les chiffres américains du jour se sont en effet révélés positifs, en premier lieu un rebond plus important que prévu des commandes de biens durables en janvier, auquel s’ajoute l’annonce d’inscriptions hebdomadaires au chômage un peu plus élevées que prévu mais toujours nettement sous la barre des 300.000.

Néanmoins, certains observateurs restent prudents face à la hausse de Wall Street et, plus largement, face au net rebond qu’elle enregistre depuis deux semaines après un début d’année difficile avec un recul au plus bas depuis deux ans pour le Dow Jones.

« Je pense que l’on est en train d’enregistrer un rebond technique car le marché était allé trop bas« , a conclu M. Stovall. « Certains investisseurs pensent que ce n’est qu’un sursaut et que l’on pourrait retomber au plus bas. »

– Fiat Chrysler avance –

Comme depuis le début de la semaine, le secteur de la distribution était sur le devant de la scène avec une série de résultats trimestriels, dont plusieurs ont d’abord été accueillis avec scepticisme en début de séance avant que les titres concernés rebondissent.

Dans les vêtements, L Brands, notamment propriétaire de la marque de lingerie Victoria’s Secret, qui a annoncé une hausse de ses ventes et bénéfices trimestriels mais fait état de prévisions jugées timides pour 2016, a ainsi ouvert dans le rouge pour se redresser et finir en hausse de 2,98% à 85,67 dollars.

De même les grands magasins Kohl’s ont entamé la séance en baisse mais ont fini en progression de 2,66% à 46,67 dollars après l’annonce d’une petite avancée de leurs ventes à périmètre comparable, même si leur bénéfice net a nettement baissé.

Best Buy, chaîne spécialiste de l’électronique, s’est elle aussi redressé en séance pour finir sur une hausse de 2,45% à 32,24 dollars, malgré une baisse de ses ventes et de ses bénéfices, après avoir nettement relevé le dividente versé à ses actionnaires.

Dans l’ameublement, rien n’a en revanche sauvé le groupe Restoration Hardware, qui a fait état de résultats jugés très décevants et s’est écroulé de 25,87% à 38,49 dollars.

En dehors des résultats du jour, le géant des sodas Coca-Cola a gagné 0,57% à 44,16 dollars sans souffrir de la baisse de sa note par Standard and Poor’s qui estime que ses projets de désengagement des activités d’embouteillage ne suffiront pas à réduire sa dette.

Le constructeur automobile Fiat Chrysler (FCA) a pris 3,06% à 6,40 dollars sur fond de spéculations en Italie sur les avantages d’un éventuel rapprochement avec le français PSA.

Le marché obligataire avançait. Vers 21H30 GMT, le rendement des bons du Trésor à dix ans baissait à 1,700% contre 1,746% mercredi soir, et celui des bons à 30 ans à 2,582%, contre 2,609% précédemment.

NasdaqNyse

Aston Martin, montre Omega… James Bond bat des records aux enchères

« À quoi sert-elle ? » « À donner l’heure. Il paraît que vous avez un petit problème de ponctualité », répond Q à Bond dans Spectre, au moment de lui donner sa nouvelle montre… La magie James Bond a encore frappé lors de la vente consacrée aux objets de Spectre, chez Christie’s, à Londres. Les fans du plus célèbre espion qui soit pouvaient aussi bien s’offrir les boutons de manchettes ou le noeud papillon de 007 que l’ordinateur portable de Q, ou le nécessaire à Martini utilisé par Daniel Craig et Lea Seydoux… Autant de souvenirs de tournage de luxe, que le fait d’avoir servi dans Spectre transforme en collector. D’autant plus que les lots ont été offerts par Daniel Craig, Sam Mendes, Michael G. Wilson, Barbara Broccoli, Jesper Christensen, ainsi que Sam Smith, interprète de la bande originale du film (lire notre article ici).

Tout ce que Ja mes Bond touche dans un film se transforme en collector.

120 000 euros pour l’Omega de 007

Le petit plus de cette vente organisée moitié à Londres moitié en ligne par la maison Christie’s, à l’occasion de la sortie de Spectre en DVD et Blu-ray ? Les bénéfices en étaient reversés à la célèbre ONG Médecins sans Frontières. De tous ces lots proposés aux enchères, deux devaient nécessairement se faire remarquer. D’abord la montre de 007, car la particularité des montres utilisées par 007 est de sortir des ateliers de Q, et de se transformer en armes entre ses mains. Depuis deux décennies, c’est une Omega que James Bond porte au poignet, l’horloger suisse étant partenaire des aventures de l’espion depuis maintenant 20 ans. Et cette fois, l’Omega Seamaster 300 à l’élégant bracelet Nato qu’il porte ne se contente en fait pas de donner l’heure : elle lui sauvera la vie en se transformant en bombe à retardement lancée par Lea Seydoux aux pieds du méchant. Le « prototype one » de cette montre , portée par Daniel Craig dans Spectre, gravée et offerte par l’acteur Jesper Christensen, s’est littéralement envolée à 92 500 Livres sterling, soit 120 000 euros ! Elégante avec son boitier en acier et son cadran noi, sa lunette bidirectionnelle noire en céramique polie et son bracelet NATO, aux cinq rayures grises et noires, elle embarque un calibre OMEGA Master Co-Axial 8400.

Le prototype de l’Omega Seamaster 300 de James Bond a décollé à 120 000 euros. © DR

3,1 millions d’euros pour la seule DB10

Mais c’est bien sur  l’Aston Martin DB10 conduite par Daniel Craig, alias 007, sur les quais de Rome qui était le clou de cette vente. Un modèle d’autant plus rare que dix exemplaires avaient été produits par la marque, et que seuls deux bolides ont survécu au tournage et à la mythique course-poursuite dans les rues de Rome. L’un sera conservé par la production, l’autre, vendu aux enchères et dont la plaque a été signée par Daniel Craig, est donc la seule en circulation. Au terme d’une enchère de légende, elle a finalement été adjugée à 2,434 millions de livres, soir 3,1 millions d’euros. De quoi faire le bonheur de Médecins sans frontières ! « La DB10 est l’une des voitures les plus rares jamais créées. Seulement dix exemplaires ont été conçus et c’est l’unique modèle disponible à la vente. C’est bien de voir la DB10 lever des fonds pour Médecins Sans Frontières, c’est une association fantastique que nous sommes heureux de soutenir. », a d’ailleurs déclaré Andy Palmer, CEO d’Aston Martin.

Si vous n’êtiez de toutes façons pas assez riche pour vous offrir cette Omega Seamaster 300 ou l’Aston Martin DB 10, Christie’s propose également en ligne d’autres objets issus du films,  tels le smartphone Sony de Moneypenny, un chronographe automatique Rado D-Star porté dans le film (2 500 euros) ou la Longines Conquest Heritage en or rose 18 carats portée par Ralph Fiennes, alias M (estimé à 9 000 euros).

La pétition contre le projet de loi El Khomri cartonne

«Ulcérés», «choqués», «trahis», ils sont nombreux à faire éclater leur colère sous la pétition en ligne «Loi Travail : non, merci !» Lancée il y a trois jours par des militants associatifs et syndicalistes, elle comptabilisait, dimanche après-midi, près de 156 000 signatures. Celles de salariés, retraités et même indépendants, craignant que le projet de loi de la ministre du Travail, Myriam El Khomri, qui sera présenté le 9 mars en Conseil des ministres, n’entraîne un retour «cent ans en arrière», «au temps de l’Assommoir et de Germinal». A l’instar de ce signataire qui «n’accepte pas qu’un gouvernement qui se dit de gauche mène une politique que la droite n’aurait même pas osé tenter». Ou encore de ce petit patron trouvant «inadmissible» ce texte qui, dit-il, «servira uniquement les grosses entreprises».

«Rassembler rapidement pour agir avec l’ensemble des syndicats»

La pétition s’accompagne d’une plateforme proposant un décryptage du projet de loi. En treize boîtes de couleurs, la page dénonce les principaux points contestés du projet de loi : «En cas de licenciement illégal, l’indemnité prud’homale est plafonnée à 15 mois de salaire», «il suffit d’un accord d’entreprise pour que les heures supplémentaires soient 5 fois moins majorées», «les apprentis mineurs pourront travailler 10 heures par jour et 40 heures par semaine»

«Nous avons voulu créer un site citoyen d’information permettant de comprendre et d’agir contre ce texte dangereux», explique Sophie Binet, secrétaire générale adjointe de l’UGICT-CGT (cadres), à l’initiative de la mobilisation avec une poignée d’autres militants, «dont plusieurs anciens de la lutte contre le contrat première embauche (CPE) de 2006». Et d’ajouter : «Nous ne voulions pas faire un site uniquement CGT.»

Loi travail : non merci ! Découvrez le projet de @MyriamElKhomri et participez à la mobilisation #loitravailnonmercihttps://t.co/mSzLl9Shgb

Loi travail : non merci ! Découvrez le projet de @MyriamElKhomri et participez à la mobilisation #loitravailnonmercihttps://t.co/mSzLl9Shgb

— Caroline De Haas (@carolinedehaas) 19 Février 2016

 

De quoi irriter le gouvernement qui s’est empressé, dès samedi, de publier un vrai-faux sur l’ensemble des attaques dirigées contre son projet de loi. Un exercice de «mauvaise foi, pointe Sophie Binet. D’ailleurs, c’est un grand classique, chaque fois qu’il y a de la contestation, on nous répond par de la soi-disant pédagogie». Sauf que les questions-réponses du gouvernement sont parfois assez étonnantes. Exemple avec la question de la durée de travail des apprentis. Dans son vrai-faux, l’exécutif précise que les apprentis ne vont pas«tous devoir travailler plus». «Mais nous n’avons jamais dit cela !» s’agace Binet. Quant aux autres précisions apportées par le gouvernement pour rassurer les troupes, certaines sont un peu tirées par les cheveux, voire erronées.

Du côté des contestataires, quelques raccourcis ou imprécisions sont aussi à relever (1). Ainsi, quand les pétitionnaires déclarent que «les 11 heures de repos obligatoires par tranche de 24 heures peuvent être fractionnées» avec le projet de loi, ils oublient de préciser que cette mesure ne concernera que les salariés au forfait. Même chose quand ils expliquent que «par simple accord, [le projet de loi permet] de passer de 10h à 12h de travail maximum par jour». Une disposition qui existe déjà aujourd’hui, depuis un décret de 2008, mais qui ne figure pas dans la loi et reste peu connue. Ou lorsqu’ils affirment que «le plancher de 24 heures hebdomadaires pour un contrat à temps partiel n’est plus la règle dans la loi», alors que des dérogations sont d’ores et déjà possibles. «De manière plus générale, c’est le danger de l’inversion de la hiérarchie des normes que nous dénonçons», conclut Binet.

(1) Mise à jour, lundi à 12h45: Suite à la publication de cet article, les militants à l’initiative de la pétition ont apporté quelques corrections au décryptage du projet de loi disponible sur leur plateforme. De même d’autres éléments ont été ajoutés, portant à 16 le nombre de mesures contestées.

Amandine Cailhol